La plupart des affaires de meurtre examinées par la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca ont des mobiles futiles, liés parfois à la drogue ou à une soirée bien arrosée comme c’est le cas dans cette affaire.
Dès le début de son interrogatoire, ce jeune homme, âgé de vingt-six ans, exprime son regret devant le président de la Cour, à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Seulement, celui-ci lui explique que les magistrats n’ont pas besoin d’entendre ses regrets, mais d’avoir tous les détails concernant les circonstances et le mobile du crime tout en lui rappelant qu’il est poursuivi pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner.
«Je n’avais pas l’intention de le tuer», répond-il à la Cour pour que le président lui explique une fois encore qu’il n’est pas accusé d’homicide volontaire ou involontaire, mais de coups et blessures, mais qui ont causé la mort du défunt.
En effet, le défunt était un jeune homme, âgé de vingt-quatre ans, employé de son état, qui a convolé en justes noces il y a à peine six mois. Son épouse, une jeune femme, âgée de dix-neuf ans, se tient aux sièges réservés à l’assistance, à côté de sa mère, sa belle-mère et ses belles-sœurs. Pourquoi y assistent-elles alors qu’elles ne se sont pas constituées parties civiles ainsi qu’elles n’ont pas été convoquées par la Cour ? Sans aucune doute pour qu’elles entendent de leurs propres oreilles le verdict qui va être rendu par la Cour et soient consolées même relativement.
«Nous étions des ouled derb, des amis, même sa mère était comme la mienne et sa femme comme ma sœur», affirme-t-il à la Cour.
Certes, ils ont grandi au même quartier Moulay Rachid, à Casablanca. Ils y ont joué du football et s’y sont bagarrés lors de leur adolescence. Et ils y ont appris à fumer de cigarettes, puis du haschich ainsi qu’à s’enivrer. Et c’était un malentendu portant sur les boissons alcoolisées qui était derrière leur bagarre et qui a fini dans le sang.
«Je ne croyais pas qu’on allait finir ainsi. Sinon, je me serais calmé dès le début du malentendu», précise le mis en cause tout en demandant, à chaque fois, pardon à l’épouse et à la mère du défunt.
En effet, le défunt et l’auteur du crime s’enivraient dans un coin du quartier lorsque la sœur du premier venait de descendre d’un grand taxi.
«Je n’étais pas sûr qu’il s’agissait de sa sœur… Je lui ai dit qu’elle avait une belle taille», déclare-t-il devant la Cour tout en confirmant qu’il n’avait pas focalisé sur son visage.
La victime s’est énervée et elle lui a donné un coup de poing avant de s’armer d’un bâton avec lequel il lui a asséné un coup à la tête. Perdant tout contrôle de ses nerfs, le mis en cause a pris un couteau qu’il dissimulait sous ses vêtements et lui a donné un seul coup au cœur pour que la victime pousse un cri strident avant de tomber par terre.
A mi-chemin de l’hôpital, la victime a rendu l’âme.
La Cour s’est retirée pour les délibérations après avoir écouté le réquisitoire du représentant du ministère public et la plaidoirie de l’avocat de la défense.
Verdict : Dix ans de réclusion criminelle.