UNE FUGUEUSE TOMBE DANS LE FILET D’UNE PROXÉNÈTE

EN DISCORDANCE AVEC SES PARENTS, UNE ADOLESCENTE A QUITTÉ SON FOYER POUR SE RETROUVER ENTRE LES GRIFFES D’UNE PROXÉNÈTE.

Elle a à peine seize ans et a osé quitter son foyer parental situé à Salé. Peu importe la raison, en principe, elle ne devait pas le quitter. Mais voilà qu’elle ne veut plus être reprochée par ses parents pour une sottise qu’elle a commise. Et dès qu’ils l’ont blâmée, il y a sept mois, elle a fait semblant qu’elle est sortie juste pour prendre un peu d’air. Ses parents l’ont attendue le soir puis tard la nuit. En vain. Ils ont frappé aux portes de toutes ses copines et amies. Ils l’ont recherchée dans les hôpitaux, la morgue, les commissariats de police et à travers les quatre coins de la ville de Salé. Sans résultat.

Sept jours plus tard, le téléphone portable de sa mère sonne. A l’autre bout de l’appareil, sa fille. La mère pousse un ouf de soulagement, sa fille étant encore en vie. «Où es-tu ?», une question normale que la mère lui pose, elle lui répond qu’elle est au centre-ville à Rabat, juste à la station des grands taxis. Rapidement, elle la sollicite de l’attendre. De Salé, elle prend un taxi, en compagnie de son mari, pour la rejoindre. Ils la ramènent à la maison. Ce n’est qu’à ce moment-là que son père lui demande où elle était pendant tout ce temps-là. Et l’adolescente commence à relater ce qui lui est arrivé durant la semaine qu’elle a passée loin de chez elle.

Lorsqu’elle a quitté son foyer parental, elle a pris un grand taxi qui devait aller à Rabat. Pourquoi faire ? Elle ne savait pas au juste. Mais, elle a décidé de s’éloigner de Salé pour rester loin de ses parents parce qu’elle savait qu’ils allaient la chercher. En fait, à bord du taxi il y avait une jeune femme qui lui a demandé, par curiosité, sa destination exacte. Elle lui a répondu qu’elle n’en avait pas la moindre idée. Et une conversation s’est engagée entre elles pour que la jeune femme lui propose de l’accompagner chez elle. Sans trop réfléchir, l’adolescente a accepté. En descendant du grand taxi, elle l’a accompagnée vers une demeure située au quartier Yaâcoub El Mansour qui ne lui appartient pas, mais à son amant, un père de famille qui la rejoint de temps en temps. Le premier jour est passé, le deuxième puis le troisième. Le soir du quatrième jour, la jeune femme est sortie en début d’aprèsmidi et est retournée à la maison en compagnie d’un autre homme, un quinquagénaire. Elle l’a obligée à lui céder. Le cinquième jour, elle était accompagnée d’un autre client. Il s’agit du frère du premier, un quadragénaire. Le sixième jour s’est passé sans problème. Et lors du septième jour l’adolescente a demandé à la jeune femme de la laisser rentrer chez elle.

Elle lui a donné un billet de vingt dirhams et l’a laissée partir. C’est le moment lors duquel l’adolescente a téléphoné à sa mère. Après qu’elle a fini, son père lui a demandé le numéro de téléphone de la jeune femme qui l’a gardée chez elle. Il lui a téléphoné pour lui demander de la rencontrer et la remercier d’avoir accueilli chez elle sa fille tout en prenant soin d’elle durant une semaine. La proxénète lui a répondu qu’elle allait les rejoindre dans une trentaine de minutes. Entre-temps, le père a alerté la police qui s’est dépêchée sur les lieux. Une fois la jeune femme est arrivée, la police l’a arrêtée. L’enquête a été diligentée pour que son amant et les deux clients qui ont abusé sexuellement de l’adolescente soient également arrêtés. Ils ont comparu, vendredi 14 février 2025, devant la chambre criminelle près la Cour d’appel de Rabat qui a rendu son verdict en condamnant la proxénète à cinq ans de réclusion criminelle. Chacun des deux «clients» a écopé de deux ans de prison et l’amant de la jeune femme, jugé coupable uniquement pour adultère, a été condamné à un an de prison dont six mois ferme et le reste avec sursis.