Faute de pouvoir lever des fonds plus importants sur les marchés occidentaux, le Sénégal sollicite de plus en plus le marché de l’Uemoa. Peu de temps après avoir voulu lever 35 milliards, Cheikh Diba va y retourner pour placer des bons du Trésor d’une valeur de 150 milliards de Cfa.

Faute de pouvoir se rendre à Paris, Londres ou New York, le ministre Diba et son acolyte Sarr se rendront à Abidjan, pour trouver de l’argent. Il semble que ce n’est que sur le marché obligataire de l’Uemoa que les dirigeants sénégalais sont assurés de récolter de l’argent à des taux non usuraires, même si c’est à des échéances très rapprochées. Ainsi, quelques jours à peine après avoir passé des Bons et des Obligations assimilables du Trésor (Bat et Oat), pour un montant soumissionné de 35 milliards de francs Cfa, le Sénégal récidive, cette fois en visant plus gros.

Le ministre des Finances et du budget vient de lancer sa première émission d’obligations du Trésor pour cette année sur le marché de l’Uemoa. M. Cheikh Diba sollicite du public ouest-africain, la somme de 150 milliards de francs Cfa. Les soumissions se font en quatre tranches : une première à un an de maturité, avec un taux d’intérêt de 6, 4% et une échéance de 3 ans, une seconde tranche placée à un taux de 6, 6%, pour 5 ans et un différé d’un an, une troisième tranche à 6, 75% et une dernière à 6, 95%, pour 10 ans et 2 ans de différé.

Ce montant ainsi sollicité est destiné, selon les informations émanant du gouvernement, à financer différents programmes d’infrastructures prévus dans le budget de l’Etat. Néanmoins, on ne sait pas si les autorités sénégalaises sont conscientes des difficultés qu’elles éprouvent à lever des fonds sur le marché public sous-régional.

Outre le fait que les sollicitations sont de plus en plus nombreuses, il y a aussi le fait que le Sénégal, depuis le 26 septembre 2024, parvient difficilement à convaincre ses partenaires de sa fiabilité et de la crédibilité de sa signature.
A preuve, pour revenir sur les Obligations et les Bons du Trésor émis sur le marché sous-régional les 14 et 15 mars derniers, et pour lesquels le pays sollicitait 35 milliards de Cfa, pour des taux ne dépassant pas 6, 4% d’intérêt, le Sénégal n’a pu obtenir qu’un peu plus de 29 milliards, à 6, 8%, le rendement moyen pondéré étant estimé à 7, 3%. Donc, si ces bons et obligations peuvent être de bonnes affaires pour leurs acquérants, on peut se demander quelle rentabilité pourrait en tirer un Etat du Sénégal, contraint et sans marge de manœuvre budgétaire, à devoir payer pour une longue durée, des montants aussi importants. Mais il faut sans doute croire que pour notre pays, comme pour les autres de la sous-région, le marché de l’Uemoa constitue une véritable bouffée d’oxygène, un bon moyen de déshabiller Modou pour habiller Alassane.
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