Pour Dounia la romancière et Sylia son personnage, tout commence par une déflagration. L’une publie son premier roman, l’autre est le double fictionnel qu’elle s’est inventé pour raconter cette histoire. Souvent, il faut en parler comme s’il s’agissait d’une même personne. “Mais ce n’est pas totalement moi. Il y a une distance, ne serait-ce que parce que l’acte d’écrire y oblige”, prévient Dounia Hadni.
Vu du Maroc, on pourrait se méfier du titre du roman, La hchouma. De prime abord, le sujet semble éculé. Pourtant, une fois cette appréhension dépassée, on découvre la plume d’une jeune autrice de 35 ans, qui s’est inspirée de sa vie pour essayer de comprendre, à travers la littérature, ce que les sociétés font de nos vulnérabilités, en assumant sa position sociale et ses contradictions.
Anatomie d’une déflagration
Alors qu’elle est journaliste au sein du quotidien français Libération à Paris, Dounia Hadni est confrontée à un épisode de “décompensation psychique”. Comprendre, une rupture de l’équilibre psychologique, qui nécessite une prise en charge médicale urgente.
Après un passage dans un centre médical parisien, elle est transférée à l’hôpital psychiatrique de Sainte-Anne, où elle passera plusieurs semaines. “En sortant de l’hôpital, j’ai eu envie d’écrire quelque chose. Je sentais que ça devait partir de ce lieu-là”, confie Dounia Hadni. Nous sommes alors en 2019, et un projet de roman se dessine dans la tête de celle qui, bien que passionnée de théâtre et de lecture, a longtemps pensé qu’elle ne pourrait jamais se tourner vers la littérature. Par peur, nous dit-elle, “de se mesurer aux grands”.