Acheter une voiture, c’est parfois bien plus qu’acheter une voiture. La preuve par Tesla.

L’image du fabricant américain de véhicules électriques est intimement liée à celle de son patron et principal actionnaire, Elon Musk. C’est pourquoi “le virage à droite de Musk soulève bien des interrogations sur le positionnement de la marque”, constate Forbes, précisant que la “clientèle cible” de l’entreprise “est historiquement préoccupée par les questions environnementales, ce qui la situe plutôt à gauche qu’à droite”.

Le milliardaire, qui se voulait autrefois “super-proclimat” et appelait, en 2016, “à un ‘soulèvement populaire’ contre l’industrie des énergies fossiles”, comme nous le rappelle The Guardian, s’acharne aujourd’hui à démanteler l’État américain pour le compte de Donald Trump et se pose en ardent zélateur de l’extrême droite européenne.

“L’entrepreneur, désormais aussi idéologue, a mis sa fortune au service d’un projet politique planétaire. Pas n’importe lequel. Sa vision du monde est transphobe, suprémaciste, complotiste, antisociale, inégalitaire. Il milite pour un capitalisme sauvage et antidémocratique qui sert ses propres intérêts, résume Dominique Botti dans un éditorial au vitriol publié par la Tribune de Genève. Dissocier l’œuvre de l’auteur. L’entreprise de son patron. Dans le cas de Tesla et Elon Musk, l’exercice est impossible.”

Ses opposants l’ont bien compris, qui, aux États-Unis, transforment les showrooms de la marque en vitrines pour leurs manifs anti-Musk. En France, des militants du mouvement Action justice climat ont accroché une banderole “Le fascisme passe la seconde” sur la façade du siège social de l’entreprise, à Saint-Ouen, et barbouillé la devanture de peinture couleur, disent-ils, “brun nazi”. En Allemagne, des activistes ont projeté sur le mur d’une usine Tesla l’image géante de Musk faisant le salut fasciste, le jour de l’investiture de Donald Trump. Leur slogan : “Achetez une Tesla, soutenez le fascisme !”

Est-ce d’ailleurs une coïncidence si les ventes diminuent ? L’an dernier, elles ont, pour la première fois, reculé – certes modestement (−1 %) – alors que le marché mondial des véhicules électriques progressait de 25 %. En Californie, patrie d’un acheteur de voiture électrique sur trois aux États-Unis, le retrait était de 12 %. En Europe, où les ingérences d’Elon Musk dans la vie politique locale sont stupéfiantes, les chiffres sont spectaculaires. En janvier, la chute atteint 12 % au Royaume-Uni, 38 % en Norvège, 42 % aux Pays-Bas, 44 % en Suède, 45 % en Belgique, 59 % en Allemagne, 63 % en France, et même 75 % en Espagne !

Nul ne sait si cette désaffection sera durable. Et l’on ignore les motivations de tous ceux qui ne veulent plus s’acheter une Tesla, même s’il est raisonnable d’envisager qu’une partie d’entre eux soit simplement dégoûtée par Elon Musk.

Après le salut fasciste du milliardaire, Tae Helton, un passionné de voitures, en Californie, a ainsi renoncé à remplacer son ancienne Tesla par une nouvelle. “Je me suis toujours dit que si mon bulletin n’avait pas l’effet que j’espérais, je pouvais toujours voter avec mon portefeuille”, explique-t-il dans Bloomberg.

Ne pas choisir une Tesla, aujourd’hui, c’est bien un acte politique.

En bref

Les glaciers fondent plus vite que jamais

Une étude de grande ampleur montre que, entre 2000 et 2023, les quelque 275 000 glaciers de la planète ont perdu en moyenne 5 % de leur volume. Soit un total de plus de 6 500 milliards de tonnes de glace. “C’est l’équivalent de la consommation [d’eau douce] de l’ensemble de la population mondiale pendant trente ans”, indique à la BBC Michael Zemp, directeur du World Glacier Monitoring Service. Et le rythme s’accélère : entre 2012 et 2023, la perte de glace a été de 36 % supérieure à la fonte survenue entre 2000 et 2011. Pour en savoir plus, c’est ici.

Citoyenneté à vendre pour sauver Nauru des eaux

Pour financer la relocalisation de ses 11 000 habitants face à la montée des eaux, l’île-État de Nauru, en Micronésie, monnaie sa citoyenneté. Annoncé à la COP29, son passeport à 105 000 dollars permettant de voyager dans 89 pays a “reçu ses premières demandes”, selon les autorités locales, de quoi “rapporter des dizaines de millions de dollars à l’île cette année”, explique le site de Radio New Zealand. Mais ce “moyen innovant de financer” l’adaptation de la “plus petite république indépendante du monde” n’est pas sans risque – il peut favoriser la criminalité. “Pour Nauru, il ne s’agit pas vraiment de vendre la citoyenneté. Il s’agit de mobiliser des investissements étrangers directs pour aider le pays”, défend son responsable.

Les tortues vertes s’adaptent en pondant plus tôt

Les tortues marines nidifient plus tôt, signe que cette espèce s’adapte au changement climatique. C’est ce qui ressort d’une étude portant sur trente et un ans de données et quelque 600 tortues vertes, qui nidifient sur la plage d’Alagadi, à Chypre. Pour chaque degré d’augmentation de la température de la mer, la nidification avance de 6,47 jours. “C’est plutôt une bonne nouvelle, explique à Cosmos Magazine l’écologue Annette Broderick, qui a piloté ces travaux. Nous voyons que les tortues réagissent à la hausse des températures provoquée par le réchauffement climatique en décalant leur nidification vers des mois plus frais.” Pour en savoir plus, c’est ici.

Le Giec sans les États-Unis ?

Cette semaine se tient la 62réunion plénière du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), à Hangzhou, en Chine. Mais, pour la première fois, cela se fera sans les États-Unis. Donald Trump a refusé aux responsables l’autorisation de se rendre à la réunion. “Cela s’inscrit dans la politique du gouvernement Trump, qui réduit les financements alloués à la recherche et renonce à toute diplomatie climatique. Sans les États-Unis comme contributeur majeur, à quoi ressemblera le Giec ? se demande Bloomberg. Les rapports du groupe sont la source d’information la plus suivie et reconnue du monde en matière de changement climatique.”


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