Boualem Sansal dans la forge des combats nécessaires

Que dire de Boualem Sansal, sinon qu’il est un frère d’âme, un compagnon d’idées et de luttes, un veilleur infatigable dans la nuit de l’Histoire ? Nous avons marché côte à côte sur les sentiers escarpés de la pensée libre, défiant les dogmes, refusant les abdications. Nos voix, parfois seules dans le tumulte, se sont portées ensemble vers un même horizon : celui de l’universalisme, de la vérité nue, de cette humanité que l’on voudrait morceler et soumettre aux vents mauvais du repli et de l’aveuglement.

Boualem est de ces êtres que l’on ne peut réduire à l’inertie du monde. Il est une parole qui brûle, un souffle que nul joug ne saurait étouffer. Son écriture, ciselée à même la pierre de la liberté et de la révolte, dérange ceux qui préfèrent le confort des illusions. Il ne pactise ni avec les mirages de la bien-pensance ni avec les fausses audaces des postures. Il dit. Il nomme. Il éclaire. Et dans cette lumière, je me tiens à ses côtés, solidaire et fraternel, lié à lui par cette amitié trempée dans la forge des combats nécessaires.

Nous avons parlé, tant de fois, de cette liberté qu’il faut sans cesse reconquérir, de cette vérité qui ne se donne qu’à ceux qui osent la chercher. Boualem a cru qu’écrire suffisait, que la sincérité d’un regard protégeait des ombres. Il a cru, comme moi, qu’il existait encore une place pour les sentinelles droites dans un monde qui vacille. Mais l’époque ne pardonne rien aux veilleurs, et la main de l’obscurantisme, du pouvoir arbitraire et de la lâcheté s’est refermée sur lui.

Pourtant, ni l’isolement ni les murs ne peuvent l’atteindre véritablement. Je le sais, nous le savons. Son esprit est un vent insaisissable qui traverse les prisons et les frontières, qui refuse l’injonction au silence, qui brise les chaînes invisibles que l’on voudrait nous voir accepter. Et nous, de ce côté de la mer, que faisons-nous ? Nous devons être sa voix, son écho, son relais. Défendre Boualem, c’est défendre cette part essentielle de nous-mêmes, c’est refuser l’épuisement d’une humanité qui se recroqueville sur ses peurs.

L’universalisme n’est pas un rêve éteint, il est la seule voie qui nous tienne debout. Il est ce fil fragile, mais inébranlable qui relie les hommes au-delà des frontières, des appartenances, des enfermements. Boualem le sait, je le sais, et nous le disons ensemble : il n’y a pas de combat plus juste que celui de la liberté et de la dignité humaine. Ceux qui doutent, ceux qui hésitent, qu’ils écoutent, qu’ils lisent. L’heure n’est pas à la prudence, mais à l’affirmation. Nous ne laisserons pas s’effacer la voix d’un homme qui, depuis toujours, veille pour nous tous.

Soutenir Boualem Sansal, c’est refuser de baisser les bras, c’est refuser de voir s’épuiser le souffle de la pensée libre. C’est affirmer, haut et fort, que l’universalisme n’est pas un vestige, mais un feu sacré que nous devons entretenir, coûte que coûte. Alors, oui, je le dis sans trembler une seule fois : je suis aux côtés de mon ami Boualem Sansal, et tant que ma voix portera, elle portera son nom.

Dernier ouvrage paru : L’islamisme ou la crucifixion de l’Occident, éditions Frantz Fanon, 2024.