L’écrivain et romancier plaide pour que la gauche retrouve le chemin de l’unité pour empêcher que l’extrême droite parvienne au pouvoir et que la nuit s’abatte sur nos libertés et nos droits sociaux.

L’un dit de l’autre ce que l’autre dit de l’un : s’il est de l’alliance, je n’en suis plus, je n’en serai pas. L’un ne se préoccupe pas de gouverner, ne veut qu’être le premier des opposants. L’autre veut pouvoir gouverner avec la droite, c’est-à-dire : à droite. L’un et l’autre, si nous les laissions faire, nous livreraient à Marine, à Jordan, à tous ceux qui, derrière, piaffent de pouvoir plonger notre pays dans la nuit de la démocratie qui s’étend ailleurs, de Washington à Ankara, de Caracas à Jérusalem, depuis Moscou jusqu’aux bancs de notre assemblée nationale. Nous ne pourrons barrer la route à Marine, Jordan etceterats, qu’avec l’un et l’autre, l’autre et l’un, et tous ceux de l’alliance qui, malgré les successifs et concordants coups de boutoir de l’un et de l’autre, essaient de maintenir debout la maison commune. Que cela leur plaise ou non, nous plaise ou non.
Sans l’un-et-l’autre, nous ne pourrons rien construire, nous ne pourrons que tenter de sauver les meubles. Ce sera éventuellement héroïque, vain à coup sûr. Les meubles, nous les voyons passer par les fenêtres de Harvard, éparpillés, démantelés, carbonisés dans les ruines de Gaza et de Marioupol.
Sans l’un-et-l’autre, sans l’union de toutes les forces de vie, nous verrons les droits se rétrécir. Tous les droits. À commencer bien sûr par ceux des migrants. Mais ce n’est jamais que le hors-d’œuvre, nous le savons et le vérifions déjà. Viendront, viennent ensuite ceux des chômeurs, ceux des assurés sociaux, ceux des salariés de toutes sortes, privées et publiques. Ceux des électeurs et ceux des parlementaires. Ceux des associations et ceux des collectivités locales. Dans la purge ne seront pas oubliés ceux des détenus, n’ayons crainte.
Nous verrons étrangler les moyens de la recherche et ceux de la création, étouffer plus encore qu’aujourd’hui la diversité des expressions, jusqu’à leur liberté. Etceterats. Nous verrons prospérer les Après nous, le déluge ! ce qui ne nous épargnera bien entendu, dès ce soir ou demain matin, ni les déluges ni les incendies ni les tsunamis, ni la fonte des glaces et ni l’avancée des déserts.
L’un-et-l’autre ont cela entre leurs mains. Il n’est que temps qu’ils reviennent à la maison -c’est-à-dire à la raison.
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