
Gérard Le Puill
Accompagné d’André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme, de Yannick Monnet, député de l’Allier et de plusieurs élus régionaux, Fabien Roussel s’est longuement entretenu hier au Parc des Expositions de la Porte de Versailles à Paris avec des éleveurs et d’autres agriculteurs. Le secrétaire national du PCF a insisté sur la nécessité de mieux rémunérer le travail des paysans afin de préserver notre souveraineté alimentaire.
Dans les échanges avec la délégation que conduisait Fabien Roussel sur le Salon de l’Agriculture, les sujets d’inquiétude des producteurs de lait de vache – dont nous avons rendu compte dans notre article publié hier- étaient également présents dans les autres filières de production, qu’elles soient animales ou végétales (1). La visite avait commencé dans le Hall 1 par de longs échanges sur la grande diversité des races bovines en France et les qualités particulières de chacune d’entre-elles. Portant le nom d’un bourg touristique du Cantal, la Salers est également très présente dans le Puy-de-Dôme, terre d’élection d’André Chassaigne. Cette race aux belles cornes attire toujours beaucoup de visiteurs. C’est aussi le cas pour la charolaise dont le nom renvoie à Charolles en Saône-et-Loire, mais elle est très présente dans le département de l’Allier, dont Yannick Monnet est l’un des députés. La curiosité la curiosité du secrétaire national du PCF, qui a succédé depuis peu à Alain Bocquet comme maire de Saint-Amand-les-Eaux, se portait aussi sur la race à viande « Blanc-Bleu » du nord de la France dont les effectifs sont beaucoup plus réduits .
Durant cette déambulation, la délégation fut doublée par une grande vache blanche et noire de la race prim‘hostein qui se rendait à la traite du matin. Son pis énorme et sa maigreur avaient quelque chose d’impressionnant. Comme nous l’avons écrit récemment, il s’agit là du résultat de la sélection génétique monodirectionnelle visant à faire croître la production de lait jusqu’à atteindre 12.000 litres par an et par vache en moyenne dans les exploitations les plus intensives. Mais cette forte productivité demande une alimentation très riche en protéines végétales. Comme ce n’est pas toujours le cas, cela débouche souvent sur une décalcification des os et de la souffrance sous forme de boiterie, tandis la pression du lait dans le pis introduit d’autres souffrances. En général, ces vaches très productives vont à l’abattoir après avoir fait naître deux ou trois veaux alors que certaines races rustiques en font naître une dizaine, voire plus. Avec la prim‘holstein venue des Pays Bas , il faut avoir autant de génisses en cours d’élevage que l’on a de bêtes en production, si on veut continuer à produire le même volume de lait année après année. Voilà qui fait décroître l’intérêt économique du productivisme agricole, mais ce sujet n’est guère analysé alors que 70% des vaches laitières sont de race prim‘holstein France.
Des prix agricoles garantis tenant compte des coûts de production
Très à l’écoute des exposants, Fabien Roussel, André Chassaigne et Yannick Monnet ont insisté sur la nécessité de mieux rémunéré les paysans et constaté que la loi Egalim ne rempli toujours pas le rôle dont elle devait être porteuse. Malgré le vote de trois versions successives de cette loi depuis 2018, les enseignes de la grande distribution continuent de la contourner en créant des centrales d’achat de produits agricoles hors de France. Elles font ainsi croître les importations afin d’obtenir des baisse de prix dans les salles de cotation pour les viandes bovines et porcines, comme pour les fruits et légumes. Lors d’un échange « à micro tendu » avec la presse sur le stand des brasseurs, le secrétaire national du PCF a notamment déclaré :
« Accompagné des élus de plusieurs régions, je suis venu ici apporter mon soutien au monde agricole. Il faut des prix agricoles garantis, tenant compte des coûts de production pour rémunérer le travail de nos paysans et donner aux jeunes l’envie d’entrer dans ce métier, faciliter l’accès au foncier agricole, accorder aux jeunes des emprunts à taux zéro garantis par l’Etat. C’est aussi une condition pour mieux produire en freinant le réchauffement climatique. D’année en année, la production recule en France dans des filières comme les fruits et légumes, la volaille, le porc et même la viande bovine. Il ne faut donc pas ratifier l’accord de libre-échange avec le Mercosur. Je suis également défavorable à l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne. Cela poserait beaucoup de problèmes en raison de la manière dont s’effectue la production agricole dans ce pays ». Répondant alors à une question sur un possible «cesser le feu» en Ukraine, Fabien Roussel a déclaré «espérer que cette paix soit durable. Il faut donc pousser la Russie et l’Ukraine à se mettre autour de la table et ne pas faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN ».
Baisse de la consommation de fruits et légumes en 2024
Hier, au moment ou la délégation conduite par Fabien Roussel s’entretenait sur le stand de producteurs de pommes, l’Interprofession des fruits et légumes (INTERFEL) indiquait que la consommation de fruits et légumes frais a baissé en France de -1,5% en 2024 par rapport à 2023. La baisse a été de -2% en volume et de -1% en valeur. Les ménages qui ont le moins acheté de fruits et légumes sont les plus jeunes tandis que les achats de ces mêmes produits provenant de l’agriculture biologique ont baissé de 6,7% en volume et de 7,9% en valeur. Là encore, le recul du pouvoir d’achat des ménages nous montre qu’il est vain de pousser les producteurs à se convertir à l’agriculture biologique si les clients potentiels n’ont plus les moyens de les acheter.
Depuis 2017 et l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée , les gouvernement successifs ont souvent plaidé pour la montée en gamme de la production agricole française afin , disaient-ils, de mieux rémunérer les paysans qui produiraient de la qualité . D’où les incitations à accélérer les conversions en agriculture biologique. Mais comme les politiques de compression des salaires et des pensions de retraite réduisent le pouvoir d’achat de nombreux ménages, les arbitrages de ces derniers au moment de faire les courses se traduisent aussi par une réduction des dépenses au détriment des volumes d’achats et de la qualité !
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