Naufrage atlantiste
Le 9 septembre 2011, à l’ambassade des États-Unis à Paris, au cours d’une cérémonie d’hommage aux victimes des attentats du 11 septembre 2001, Nicolas Sarkozy se disait « très fier d’avoir été le président qui a fait revenir la France dans le commandement intégré de l’Otan, pour le plus grand bénéfice de l’Otan et pour le plus grand bénéfice de la France ». Annoncée en 2007 devant le Congrès à Washington, cette réintégration, au terme de houleux débats, est devenue effective deux ans plus tard. Elle marquait une rupture historique avec la voie choisie en 1966 par le général de Gaulle : indépendance, autonomie stratégique, refus de toute inféodation à Washington. Cette décision, lourde de conséquences politiques, diplomatiques et sécuritaires, a conforté à Paris les relais des néoconservateurs américains, jusqu’à la désastreuse expédition libyenne dans laquelle la France, poussée par l’administration Obama, s’est engagée en première ligne sous le drapeau de l’Otan.
La France, l’Europe se sont habituées, pour leur défense, à dépendre des États-Unis. Leur alignement sur la politique étrangère de Washington les a rendues inaudibles sur la scène internationale ; il a anéanti leur faculté à bâtir, au Sud, des coalitions avec les pays émergents, c’est-à-dire avec les grandes puissances de demain. Le renversement d’alliances orchestré par Donald Trump, le scénario plausible d’un désengagement américain laissent aujourd’hui sans voix les atlantistes qui se faisaient hier les avocats zélés de périlleux abandons de souveraineté et se satisfaisaient d’une relation totalement asymétrique.
En quittant le commandement intégré de l’Otan, de Gaulle avait invoqué « la volonté qu’a la France de disposer d’elle-même, volonté sans laquelle elle cesserait bientôt de croire en son propre rôle et de pouvoir être utile aux autres ». Le nouvel ordre mondial qui prend corps sous nos yeux voit se dégager trois centres de gravité : Washington, Moscou, Pékin. La France, l’Europe ne sortiront pas de l’effacement où elles ont sombré en jouant la carte d’une vaine surenchère belliciste. Elles doivent au contraire nouer de nouvelles alliances pour offrir des alternatives au déchaînement impérialiste qui plonge le monde dans le chaos. Pour défendre, loin de tout alignement, le multilatéralisme contre le « deal » et la transaction, le droit international contre la loi de la jungle, la diplomatie et la résolution pacifique des conflits contre les aventures militaires.
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