Le 4 avril marque la Journée internationale de sensibilisation aux mines, pour rappeler les ravages de ces armes « barbares », frappent sans distinction civils et militaires. Le Traité d’Ottawa, qui interdit ces mines depuis 1997, est aujourd’hui en péril en raison des récentes annonces de plusieurs pays européens.

© Moawia Atrash/ZUMA-REA
Le 1er avril, la Finlande a officialisé son « retrait » du Traité d’Ottawa, intensifiant ainsi la pression sur l’avenir de l’accord. Deux semaines plus tôt, le 18 mars, la Pologne et les pays baltes avaient déjà exprimé leur « intention » de se retirer, en réponse à l’invasion russe en Ukraine.
Ces nations justifient leur décision par la nécessité de protéger leurs frontières à l’aide de moyens de défense tels que les mines antipersonnel. Cette série de décisions pourrait ouvrir la voie à une nouvelle production de mines en Europe, un développement alarmant après des années de progrès.
L’argument avancé par ces pays, afin d’utiliser les mines pour protéger leurs frontières d’une potentielle « menace russe », est vivement contesté par Handicap International et d’autres organisations humanitaires. « Les inquiétudes de ces pays pour leur sécurité nationale sont légitimes mais recourir à ces armes comme moyen de défense revient à sacrifier sa propre population », avertit Elliot de Faramond, responsable de plaidoyer à Handicap international.
Les conséquences des mines
Ce raisonnement est qualifié de « fallacieux » car les mines ne distinguent pas entre civils et militaires, et elles entraînent des souffrances humaines sans précédent. « Les ravages des mines ne se limitent pas à la mutilation physique, elles laissent une empreinte psychologique pendant des décennies », alerte-t-il.
Les mines antipersonnel continuent de tuer et de mutiler des milliers de personnes chaque année, 85 % des victimes sont des civils, dont une grande proportion d’enfants. Depuis la ratification du Traité d’Ottawa par 160 États, des progrès notables ont été réalisés : « Le nombre de victimes de mines a chuté de 25 000 par an en 1999 à moins de 5 000 en 2023. Cependant, ces avancées sont aujourd’hui menacées », constate Elliot de Faramond.
« Abandonner ce traité serait un échec historique »
Le retrait de ces pays du Traité d’Ottawa met en lumière un danger majeur : l’apparition d’une nouvelle course à la production de mines. Le responsable du plaidoyer Handicap International appelle à une mobilisation internationale pour contrer cette dérive : « Nous devons agir pour empêcher le retour de ces armes barbares. Les États parties au traité d’interdiction des mines, dont la France, doivent prendre des mesures résolues pour empêcher le retrait de ces États et défendre l’intégrité du Traité d’Ottawa. »
Depuis le tournant diplomatique amorcé par Donald Trump, le risque d’un affaiblissement du traité s’est accéléré. Si d’autres pays suivent l’exemple de la Finlande et de la Pologne, la production, l’utilisation et le stockage des mines antipersonnel pourraient se généraliser en Europe.
Le 4 avril représente une journée à la fois symbolique et de mobilisation. « Grâce au Traité d’Ottawa, des millions de vies ont été sauvées, et des milliers de victimes ont pu bénéficier d’une assistance », rappelle Elliot De Faramond. « Abandonner ce traité serait un échec historique », ajoute-t-il. L’urgence est là. Il incombe maintenant à la communauté internationale de prendre des mesures pour assurer un avenir sans ces « armes lâches ».
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