La chronique de Maryse Dumas

Chaque semaine

La liberté : un combat syndical

Le 27 mars, l’Institut de recherche de la FSU et l’Institut CGT d’histoire sociale tenaient un séminaire intitulé Syndicalisme et liberté. Parallèlement, après une saisine de la CGT datant de 2021, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) rendait public un rapport sur les coursiers à vélo. Il confirme que ces travailleurs vivent des conditions de travail désastreuses, aggravées par des cadences insupportables et une protection sociale quasi nulle. L’Anses préconise l’application aux coursiers, actuellement sous statut d’autoentrepreneur, de conditions identiques à celles qui concernent l’ensemble des salariés.

La CGT appuie ces préconisations et affirme la nécessité de « mettre en place une présomption légale de salariat pour requalifier massivement et protéger au mieux tous les travailleur·euses des plateformes numériques ». Fort bien, mais quel rapport me direz-vous avec le séminaire syndical ? Le rapport c’est l’aspiration à la liberté. « Être son propre maître », « organiser son temps comme on en a envie », « être libre d’accepter ou pas telle ou telle tâche sans avoir à rendre de comptes à une hiérarchie »… toutes ces idées sont avancées pour expliquer pourquoi des travailleurs (plus rarement des travailleuses) se lancent dans des formes d’activités qui échappent aux contraintes mais aussi aux protections liées au salariat.

L’aspiration à la Liberté traverse l’histoire et reste bien présente aujourd’hui.

Bien sûr, tous ne font pas ce choix de gaieté de cœur : difficultés à trouver un emploi salarié, discriminations à l’embauche, absence de papiers pour des personnes venues de l’étranger contraignent souvent à accepter ces formes d’emplois, faute de mieux. Mais, pour beaucoup, l’argument de la liberté est celui qui entraîne le choix, au moins au début. Cela nous ramène au contenu du séminaire syndical. Au XIXe siècle, en effet, c’est cette même revendication de liberté qui conduisait nombre d’ouvriers de métiers à redouter le salariat, d’autant plus que celui-ci ne disposait pas encore des droits sociaux et syndicaux conquis tout au long du XXe siècle.

Le blason historique de la CGT (qui fête cette année ses 130 ans) montre deux mains qui se croisent, signe de solidarité, devant une mappemonde symbolisant l’internationalisme. Deux mots entourent le tout : « Bien-être et Liberté ». Un troisième viendra plus tard s’y adjoindre : « Solidarité ». L’aspiration à la Liberté traverse donc l’histoire et reste bien présente aujourd’hui. Autonomie ouvrière, autogestion, des formes diverses ont sans cesse été recherchées pour parvenir à allier deux dimensions contradictoires : la liberté créative du travail d’un côté, le lien de subordination qui résulte du contrat de travail de l’autre. Le salariat est même souvent présenté comme un échange entre renoncement à l’autonomie d’une part et meilleure protection d’autre part.

En ces heures de fragilisation du salariat et des conquêtes sociales qui l’ont structuré, la démonstration inverse peut être faite : l’affaiblissement des protections ne conduit pas à plus d’autonomie. Au contraire, elle rend plus malléable et plus dépendant. Agir pour un statut salarial rénové comme le veut la CGT implique donc de porter dans un même mouvement l’exigence de liberté dans le travail et vis-à-vis de celui-ci et celle de garanties collectives étendues, permettant par exemple d’intervenir sur les choix de gestion des entreprises, les choix de production ainsi que sur l’organisation du travail, trois enjeux dont le patronat a fait sa chasse gardée.

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