Arriver à Aurillac par le train de nuit, c’est s’offrir un voyage hors du temps, entre les monts majestueux du Cantal et un riche patrimoine historique. De la découverte du puy Mary aux ruelles chargées d’histoire, en passant par la renommée manufacture Piganiol, symbole d’un savoir-faire artisanal unique, cette escapade promet émerveillement et authenticité.

© DEA / ALBERT CEOLAN
Il est 7 h 30. « Aurillac, Aurillac, deux minutes d’arrêt. » Nous avons choisi le train de 19 h 27 en gare de Paris-Austerlitz la veille. Rétablis l’an passé, les trains de nuit vers le Massif central présentent l’énorme avantage de vous donner la douce impression d’être partis très loin alors qu’en fait la distance entre la capitale et le chef-lieu du Cantal n’excède pas les 550 km par la route. Mais après une bonne nuit en couchette (à 39 euros), nous sommes frais et dispos pour prendre le petit déjeuner face aux monts du Cantal. Un spectacle grandeur nature. C’est dans le parc naturel régional des Volcans d’Auvergne que voilà donc ce puy Mary, à près de 2 000 mètres d’altitude, un des plus beaux paysages d’Auvergne.
Une fois évoqués les innombrables projets estivaux de randonnées pédestres ou en VTT, nous nous dirigeons via l’avenue du Général-Milhaud vers la rue Paul-Doumer, autrefois rue des Tanneurs en témoignage de la forte présence de tanneries dans le secteur. Nous nous arrêtons un instant devant une bâtisse toute simple, dotée d’un long balcon. Il s’agit de la maison de naissance de Joseph Athanase Doumer dit Paul Doumer, né à Aurillac en 1857, fils d’un employé du chemin de fer local, homme politique de la IIIe République devenu président en 1931 et assassiné à Paris un an plus tard.
Une des dernières usines de parapluies haut de gamme de France
Nous remontons les berges de la Jordanne, sous-affluent de la Dordogne, qui traverse la ville vers son centre historique, descendant de l’une de ces vallées glaciaires aujourd’hui verdoyante propice aux sports nautiques. Voici l’ancien lavoir qui a perdu ses lavandières et un peu plus loin, à droite, le Pont-Rouge et ses vieilles maisons construites après la destruction du mur d’enceinte. Elles sont aujourd’hui des incontournables de l’iconographie locale, avec raison.
Au loin, si le temps le permet, on aperçoit le château médiéval Saint-Étienne, berceau historique de la ville et ancienne demeure de son fondateur au IXe siècle, un certain Géraud d’Aurillac qui défendit sa ville et son château maintes fois détruit et toujours reconstruit. Il fut, jusque dans les années 1940, le siège de l’école normale d’instituteurs pour abriter ensuite, à l’initiative du président Pompidou, natif de la région, la Maison des volcans, 3e centre permanent d’initiatives pour l’environnement.
À propos de météo, Aurillac est également réputée pour être le siège d’une des dernières usines de parapluies haut de gamme de France. Et la visite de la manufacture Piganiol, labellisée Entreprise du patrimoine vivant, une marque de sa grande qualité et de sa durabilité, vaut effectivement le détour. Elle se déroule uniquement sur réservation et dure une heure. Créée en 1884, l’entreprise vu défiler rien de moins que cinq générations d’artisans, de père en fils, perpétuant un savoir-faire unique : la création de parapluies français de grande qualité, de ceux qui ne vous lâcheront pas à la moindre bourrasque. Créée par un certain Poignet, la maison Piganiol ne prend son nom actuel qu’en 1931.
Nous nous dirigeons donc à présent vers ses ateliers, au 9 de la rue Ampère. On peut y découvrir les secrets de fabrication d’un bon parapluie et surtout le savoir-faire mis en œuvre par les différents métiers dans cette fabrication, de carcassier à coupeuse, piqueuse, aiguilletière, assembleuse ou encore patronnier, dont peut-être vous ne soupçonniez même pas l’existence. Chaque étape est réalisée à la main à l’aide de matériaux d’excellente qualité. Les ouvriers partagent très volontiers leur savoir, et l’on sent en chacun d’eux l’amour du beau geste et l’attachement qu’ils portent à leur travail d’expertise, autant de compétences techniques qui montrent que, quoi qu’on en dise, l’artisanat français mérite bien d’être défendu.
Trente personnes travaillent aujourd’hui sur le site auvergnat et fabriquent plus de 50 000 parapluies par an, aux couleurs sobres et élégantes, avec des manches en hêtre aux finitions laiton, de quoi voir venir les orages avec sérénité. Une activité haut de gamme alignant aujourd’hui près de 200 références pour chaque saison et deux collections par an, mais aussi des parapluies publicitaires et sur-mesure pour événement spécial et même deux « modèles spécifiques Piganiol », le parapluie de berger avec ses brins en jonc ou l’Aurillac, aux finitions particulièrement soignées et au service après-vente… à vie !
Entreprise Piganiol, 9, rue Ampère. L’entrée est payante mais le prix de la visite déduit de tout achat en boutique – Visite sur réservation uniquement (www.piganiol.fr). La Boutique, 28, rue des Forgerons, 04 71 43 05 51.
Office de tourisme 7, rue des Carmes 15000 Aurillac. Tél. : 04 71 48 46 58 site Internet : www.iaurillac.com
Le Cantal, l’autre pays du fromage
La ville d’Aurillac offre un cadre parfait pour se ressourcer ou renouer avec la nature. Randonnée, golf, nautisme, escalade, les alentours proposent de multiples activités plus ou moins sportives. Mais cet environnement d’exception est aussi l’écrin d’un patrimoine bâti où vivent les hommes : de la lauze à la tuile, de la ferme bloc au château en passant par l’étape aurillacoise des chemins de Compostelle, votre route croisera immanquablement aussi les vaches de Salers à la belle robe rouge. N’oubliez pas de goûter leur fromage emblématique, le fameux cantal de Salers, un fromage au lait cru et à pâte pressée protégé par les labels AOC et AOP. Truffade, potée auvergnate, chou farci ou pounti aux pruneaux, il serait étonnant que vous repartiez d’ici le ventre creux.
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