Émile : les proches du garçonnet remis en liberté, la piste criminelle se précise

Les nombreuses expertises réalisées au cours de l’enquête laissent penser que le garçon a été possiblement tué. Malgré la remise en liberté des grands-parents, de l’oncle et de la tante, le procureur de la République n’exclut pas la piste familiale.
Passer la publicité Passer la publicitéQuand il entre dans la salle d’audience du tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon est attendu. Le procureur de la République le sait très bien. Dans la petite salle bondée qui accueille habituellement les procès, les journalistes se tiennent même debout sur les bancs pour tenter de l’apercevoir. Depuis le placement en garde à vue des grands-parents, d’un oncle et d’une tante du petit Émile, 48 heures plus tôt, le magistrat n’a laissé filtrer aucune information, dans un exercice de communication aussi verrouillé que contrôlé. L’invitation à la conférence de presse, initialement prévue à midi, puis avancée à 10 h 30, peu après la levée des gardes à vue, a été envoyée à une centaine de journalistes. Une heure et demie avant, une majorité d’entre eux était déjà là, attendant impatiemment cette prise de parole.
Quand Jean-Luc Blachon s’assoit, le silence est de cathédrale. Il s’apprête à dévoiler des éléments clés dans cette enquête à tiroirs, teintée d’un mystère qui s’épaissit depuis la disparition du garçonnet en juillet 2023. Le procureur s’exprime pour la seconde fois, presque un an jour pour jour après sa première conférence de presse sur le sujet, au lendemain de la découverte du crâne du petit garçon et de quelques-uns de ses effets personnels dans un bois près de son lieu de disparition.
Dans ce laps de temps, la quinzaine d’enquêteurs qui composent la cellule d’enquête spécialement consacrée à cette affaire au sein de la gendarmerie nationale a continué à travailler, à l’abri des regards. Ils ont auditionné 287 témoins, saisi 27 véhicules, ratissé près de 285 hectares et réalisé pas moins de 50 perquisitions. Accident ? Homicide involontaire ? Devant les journalistes, Jean-Luc Blachon, prudent, prend soin de ne fermer aucune porte, se bornant à répéter que «rien n’est écarté à ce jour.»
Intervention d’un tiers
Au cours de ce travail de fourmi surgissent cependant des éléments troublants qui conduisent à une hypothèse glaçante. Au terme de «soixante missions d’expertise dans des domaines aussi divers que ceux de la physico-chimie, l’entomologie funéraire, l’anthropologie et l’anatomie crânio-faciale, la pédopsychiatrie, la génétique, la biologie, l’écologie médico-légale et l’analyse médico-légale», la piste criminelle se précise dans l’enquête sur la mort du garçonnet.
«Les vêtements et les ossements retrouvés ont été transportés et déposés peu de temps avant leur découverte», liste le procureur de la République d’Aix-en-Provence. «Le corps de l’enfant ne s’est pas décomposé dans les
vêtements retrouvés dans la forêt», poursuit-il. «Le corps n’est pas demeuré au même endroit et dans le même biotope au cours du processus de décomposition et il n’a pas été enfoui». Enfin, les experts ont noté «la présence sur le crâne découvert de stigmates anatomiques évocateurs d’un traumatisme facial violent.»
«Les expertises introduisent la probabilité de l’intervention d’un tiers dans la disparition et la mort d’Émile Soleil, conclut Jean-Luc Blachon. Elles ont convaincu le parquet de saisir les juges d’instruction le 19 mars dernier de réquisitions supplétives des chefs d’homicide volontaire et recel de cadavre.»
Piste familiale
Fort de ces conclusions, les enquêteurs ont tourné leur regard vers la famille d’Émile Soleil, dernières personnes connues avec lesquelles le petit garçon a été en contact avant sa disparition. Ses grands-parents, chez qui il logeait, ont été longuement entendus, tout comme l’oncle et la tante du petit garçon, présents comme le reste de la famille dans la résidence secondaire du Haut-Vernet. Toutefois, au terme de deux jours de garde à vue, soit la durée maximale légale prévue, tous ont été remis en liberté, sans aucune poursuite à leur encontre.
«Cette piste n’est pas fermée, tempère Jean-Luc Blachon. Les personnes ont été remises en liberté à l’issue de leurs gardes à vue à la lumière de l’ensemble des éléments réunis, car les charges n’étaient pas suffisantes pour conduire à leurs mises en examen.» «Il peut y avoir, maintenant ou beaucoup plus tard, des éléments nouveaux qui permettront à nouveau d’aller sur cette piste, abonde le colonel Christophe Berthelin, commandant de la section de recherches de la gendarmerie de Provence-Alpes-Côte d’Azur. La cellule d’enquête continue à travailler à la fois sur cette piste mais aussi forcément sur d’autres, puisque, à ce stade, les charges sont insuffisantes pour dire que c’est un membre de la famille d’Émile qui est responsable de sa mort.»
«Pour moi, la théorie qui conduit les enquêteurs à croire à la piste intrafamiliale n’est pas suffisamment solide», estime de son côté l’avocat de la grand-mère d’Émile, Me Julien Pinelli, qui affirme avoir eu l’impression lors de la garde à vue «d’assister plutôt une partie civile». «Les gardés à vue ont répondu à l’ensemble des questions qui leur ont été posées», reconnaît Jean-Luc Blachon. «Il reste désormais à confronter les propos de ma cliente aux éléments du dossier, ce qui prend du temps», souffle Me Pinelli. Du propre aveu du colonel Berthelin, qui a confirmé devant les journalistes que ses hommes allaient «continuer à travailler sur le dossier», les investigations sur cette mystérieuse affaire sont loin d’être terminées.
3570561 (profil non modéré)
le
Est ce que la mairie après le drame de la disparition dans des circonstances troubles du petit Émile a fait installer des caméras de surveillance ?
anonyme
le
Beaucoup d hypothèses dans ces commentaires, mais chacune avec ses limites voire incohérences. On oublie quand même le point de départ : Émile vu seul sur un chemin…donc j ai du mal à croire à l acte criminel de la famille, du curé, d autrui. Pourquoi réfuter quasiment d office la mauvaise chute, avec trauma facial ? Et éventuellement le corps déplacé lors de grosses crues hivernales comme il s en produit dans cette région et/ou intervention animale…
anonyme
le
Ca va etre sympa la réunion de famille a Noël.