Après la colère de Macron à Mayotte, l’opposition ulcérée par son attitude face aux Mahorais sinistrés

Le président de la République a perdu son sang-froid lors d’un échange avec les Mahorais et tenu des propos qui pour certains, témoigne d’une « mentalité de colon ». POLITIQUE – Emmanuel Macron est « énervé », et il n’est pas le seul. Pris à partie jeudi 19 décembre dans la soirée par une Mahoraise […]

Après la colère de Macron à Mayotte, l’opposition ulcérée par son attitude face aux Mahorais sinistrés
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Le président de la République a perdu son sang-froid lors d’un échange avec les Mahorais et tenu des propos qui pour certains, témoigne d’une « mentalité de colon ». POLITIQUE – Emmanuel Macron est « énervé », et il n’est pas le seul. Pris à partie jeudi 19 décembre dans la soirée par une Mahoraise en colère, réclamant des « moyens » et reprochant au chef de l’État de « dire qu’ici tout va bien », le président n’a pas caché son agacement. Mais sa réponse aux critiques et son attitude ont ulcéré une partie de l’opposition de gauche et d’extrême droite. « Si vous opposez les gens, on est foutu, parce que vous êtes contents d’être en France. Parce que si c’était pas la France vous seriez 10 000 fois plus dans la merde ! », s’est époumoné le président au milieu de la foule dans la soirée du 19 décembre. « Il n’y a pas un endroit de l’océan Indien où on aide autant les gens », a-t-il ajouté. Pour rappel, Mayotte est le dernier territoire à avoir obtenu le statut de département français il y a seulement 13 ans. Ce rattachement s’est fait après deux référendums – dont un contesté auprès de l’ONU par une centaine de pays – où les Mahorais ont exprimé leur souhait de rester attaché à la France, alors que les autres îles des Comores choisissaient l’indépendance et mettaient ainsi fin au protectorat français. Mais depuis 2011, le 101e département français peine à atteindre le niveau de vie moyen du territoire national et reste le plus pauvre de France, sous doté en infrastructures, avec des difficultés d’accès à l’eau, d’insalubrité des logements… De quoi créer un sentiment d’abandon qui explique pourquoi, dans ce contexte de catastrophe naturelle, la réponse du président a provoqué une vague d’indignation. « Pas à la hauteur » et « mentalité de colon » « Où sont le sang froid, le respect et l’empathie que les Mahorais sont en droit d’attendre du Président de la République ? », réclame le sénateur communiste Ian Brossat. « Attitude arrogante et donneuse de leçons. (…) Moi je l’ai vu en chemise dire ’mais vous êtes fiers d’être français ?’ (…) Ce n’est pas le sujet en fait », a réagi de son côté la députée écologiste Sandrine Rousseau sur France 2. « On a la plus grande catastrophe humaine depuis la Seconde Guerre mondiale et on est en train de faire un show de Macron. Ce n’est pas à la hauteur », a-t-elle déploré. « Voilà les mots du Président à Mayotte. Face à des gens qui ont tout perdu, dans le département le plus pauvre de France, abandonné par les gouvernements successifs », abonde la députée insoumise Claire Lejeune, qui en profite pour réclamer la démission du chef de l’État. Ses collègues LFI Sarah Legrain et Hadrien Clouet voient dans le comportement du chef de l’État la résurgence d’un passé peu glorieux : « mentalité de colon » pour la première, « un administrateur colonial » pour le second. Les agents de l’Etat, les secours, les élus locaux sont à pied d’œuvre depuis des jours pour agir face à la catastrophe. Où sont le sang froid, le respect et l’empathie que les Mahorais sont en droit d’attendre du Président de la République ? pic.twitter.com/UN1IhCv6A4 — Ian Brossat (@IanBrossat) December 20, 2024 Ce n'est pas un président mais un administrateur colonial. Il a liquidé la délégation interministérielle aux risques majeurs en Outre-Mer, le choléra est revenu en mai, 30% des gens ne sont pas raccordés à l'eau… et Tintin veut se faire applaudir à #Mayotte ! Destitution. pic.twitter.com/YuBilcfIdt — Hadrien Clouet (@HadrienClouet) December 20, 2024 Même indignation à l’extrême droite. Le parti lepéniste concentre depuis des années ses efforts sur Mayotte, confrontée à une forte immigration clandestine venue des Comores et du continent africain. Avec succès : aux législatives 2024, le RN a obtenu sa première députée dans l’archipel, deux ans après l’élection présidentielle où Marine Le Pen était arrivée en tête, avec près de 60 % des suffrages. Sans surprise, plusieurs élus RN en ont donc profité pour vanter la popularité de Marine Le Pen sur place et réassurer les Mahorais de leur « soutien indéfectible », à l’image de Frédéric Falcon, député de l’Aude. « Emmanuel Macron, totalement dépassé par les événements à Mayotte, montre son vrai visage : un président arrogant et méprisant qui réprimande les sinistrés sur place », cingle l’élu. Le député et vice-président de l’Assemblée Sébastien Chenu a estimé sur RTL que ces mots n’étaient pas de nature à « réconforter nos compatriotes mahorais qui, à travers ce genre d’expression, ont toujours le sentiment d’être traités à part ». Voilà la différence fondamentale : @MLP_officiel aime les français. https://t.co/SyEJOwS2Uk pic.twitter.com/JlMSISKyYC — Bryan Masson (@MassonBryan) December 20, 2024 Réunion de crise avant de repartir Après avoir prolongé sa visite – « une marque de respect, de considération » assure-t-il, Emmanuel Macron va présider ce vendredi 20 décembre à la mi-journée une réunion de crise pour dicter au gouvernement les « actions utiles » pour venir en aide aux habitants et sur le plus long terme, reconstruire Mayotte. Il a notamment promis une « loi spéciale » pour accélérer et faciliter les procédures de reconstruction et « mettre fin » aux bidonvilles. Le Premier ministre François Bayrou a fixé un délai potentiel de deux ans pour cette reconstruction. À moyen terme, le président a aussi dit vouloir « renforcer la lutte contre l’immigration clandestine » en augmentant, jusqu’à presque doubler, le nombre de reconduites à la frontière, qui était de 22 000 en 2023. Une journée de deuil national a été décrétée le 23 décembre, alors que le bilan de 31 morts reste encore très provisoire. Source : https://www.huffingtonpost.fr/