Carlos Tavares, DG de Stellantis, a critiqué la bureaucratie européenne et le poids excessif de sa réglementation sur l'industrie automobile. Il a appelé les européens à s'inspirer du Maroc dont il a loué le climat des affaires.
Dans une interview accordée à El Mundo, le PDJ de Stellantis, a vivement critiqué la lourdeur bureaucratique qui freine, selon lui, le développement industriel en Europe, appelant à s’inspirer de la flexibilité et de l’efficacité observées au Maroc. Il a mis en garde contre les conséquences des incertitudes réglementaires en Europe, notamment sur les objectifs de réduction des émissions de CO₂ pour 2025. Pour M. Tavares, l’Europe se perd dans un "labo de bureaucratie", où la multiplication des réglementations et des lenteurs administratives entrave l’innovation et l’investissement industriel. En revanche, il cite le Maroc comme exemple d’un cadre réglementaire stable et agile, qui a su attirer des investisseurs majeurs dans l’automobile grâce à des infrastructures modernes, une fiscalité avantageuse, et des délais de traitement rapides. En effet, selon la Banque mondiale, le Maroc se classe mieux que plusieurs pays européens en termes de facilité de faire des affaires (53e au classement Doing Business 2020), tandis que l’Espagne, souvent perçue comme un modèle économique régional, se retrouve à la 30e place, mais avec des critiques croissantes sur ses délais administratifs. Les entreprises y mettent en moyenne 24 jours pour obtenir les permis nécessaires à un projet industriel, contre moins de 10 jours au Maroc. Tavares a également souligné les risques des changements fréquents dans les objectifs de l’Union européenne concernant les émissions de CO₂. Ces incertitudes, dit-il, pourraient dissuader les consommateurs d’opter pour les véhicules électriques, menaçant ainsi l’ensemble du secteur. Contrairement à certains acteurs européens qui prônent des révisions moins contraignantes, il appelle à maintenir les objectifs de 2025 pour donner une vision claire et stable au marché. Face à la montée en puissance des constructeurs chinois sur le marché européen, Tavares plaide pour une collaboration stratégique plutôt qu’une confrontation. "Au lieu de craindre les Chinois, pourquoi ne pas s’allier avec eux ?" s’interroge-t-il, arguant que leur expertise et leur capacité à produire à des coûts compétitifs pourraient renforcer l’industrie européenne. Le Maroc, un modèle à suivre Depuis l’ouverture des usines de Stellantis à Kénitra, le Maroc a prouvé sa capacité à répondre aux exigences des géants de l’industrie automobile. Avec une production annuelle dépassant les 700 000 véhicules en 2023 et des ambitions portées à un million d’ici 2030, le Royaume consolide son rôle de hub industriel en Afrique et au-delà. Tavares conclut que pour rester compétitive face aux États-Unis et à la Chine, l’Europe doit "simplifier ses processus, clarifier ses objectifs et s’inspirer des modèles réussis comme le Maroc". Une invitation à la réflexion pour une région souvent freinée par ses propres règles.