Célébration de mariage : Pas de frénésie pendant le Ramadan

La célébration de l’union sacrée entre deux personnes de sexes différents pendant le mois béni n’est pas interdite par le Saint Coran, encore moins par la loi civile. C’est une pratique instaurée par la société, juste pour des raisons diverses, notamment permettre aux familles concernées d’éviter des dépenses excessives et d’encourager les gens a se […]

Célébration de mariage : Pas de frénésie pendant le Ramadan
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La célébration de l’union sacrée entre deux personnes de sexes différents pendant le mois béni n’est pas interdite par le Saint Coran, encore moins par la loi civile. C’est une pratique instaurée par la société, juste pour des raisons diverses, notamment permettre aux familles concernées d’éviter des dépenses excessives et d’encourager les gens a se focaliser sur la religion, notamment l’adoration de Dieu «J’avais voulu célébrer mon mariage le 24 mars 2025, mais quand nous avons vérifié le calendrier, nous avons découvert que cette date coïncidait avec le mois de Ramadan. C’est pour cette raison que nous l’avons reporté au 2è dimanche du mois d’avril prochain, car ce n’est pas joli de célébrer un mariage pendant le mois de Ramadan». Cette argumentation avancée par ce futur marié, qui n’a pas souhaité décliner son identité, illustre bien la diminution du nombre de cérémonies de mariage pendant le mois de Ramadan. Même si aucune loi islamique encore non moins civile n’interdit la célébration de noces de deux personnes pendant ce mois béni, marqué par l’adoration et beaucoup de prières, selon des spécialistes. Cette pratique courante est presque devenue une tradition pour la population de la capitale malienne ainsi que d’autres localités du pays. «L’union de deux âmes est une très bonne chose. Sur plusieurs plans sociaux, le mariage est sollicité pour le développement d’une société. Sa célébration ne doit jamais poser un problème pendant le mois sacré de Ramadan», a dit Bani Touré, le représentant du patriarche de la grande famille Touré de Bamako nous a accueilli en sa demeure. «La célébration des mariages est modérée dans la ville pendant le mois de Ramadan et cela ne date pas d’aujourd’hui. C’est une pratique qui existe depuis longtemps. C’est la société elle-même qui s’impose certaines choses, sinon la religion musulmane n’est pas contre », avance-t-il. Et de préciser que c’est ce qui explique l’affluence dans les mosquées pour célébrer les unions le 27e jour du Ramadan». Pendant le mois du Ramadan, la Nuit du Destin est l’unique moment propice pour la célébration des mariages chez les musulmans. LOGIQUE – «Il y a une diminution drastique du nombre de célébrations de mariage au cours de cette période. Cela pourrait s’expliquer d’abord par le fait que notre pays a une population majoritairement musulmane. Donc, quand les musulmans ne célèbrent pas de mariages pendant cette période, la répercussion est vite sentie sur les statistiques», analyse Alassane Sanogo, journaliste qui s’intéresse à des questions sociales. Et de poursuivre : «à mon avis, aucun texte musulman n’interdit le mariage pendant la période de jeûne. Mais, comme dans notre société, mariage rime beaucoup avec consommation et évènements folkloriques, il est parfois difficile de mener tout cela faire pendant le Ramadan qui est une période d’abstinence.» «On s’abstient de manger pendant la journée, on s’abstient de tenir certains événements, surtout, folkloriques qui pourraient, éventuellement, porter préjudice aux mérites du jeûne», estime-t-il. Autre chose qui pourrait expliquer la diminution drastique du nombre de mariages pendant cette période, ce sont ces nombreuses célébrations pendant le mois de Chaabane (mois précédant celui le Ramadan). Il est connu de tous qu’au Mali, le mois de Chaabane est mis à profit par beaucoup de personnes pour célébrer leur union. Chacun y allant de son argumentation. Donc, généralement, tous les mariages qui devaient être logiquement programmés pour le Ramadan ont été, quelque part, anticipés. Une dernière explication, même si elle peut passer inaperçue, porte sur les mariages (même si parfois, ce sont uniquement des célébrations religieuses) sont programmés pour la soirée du 27eme jour de Ramadan, qui coïncide, selon plusieurs théories islamiques, avec la Nuit du Destin. «C’est un moment choisi aussi par beaucoup de couples du fait de sa symbolique. Selon plusieurs thèses islamiques, c’est durant cette nuit que les destins des êtres sont scellés par le Souverain. Vous voyez comment l’on pourrait être tenté de débuter sa vie à deux en cette grande nuit», dit notre interlocuteur. Quant à Abdramane Coulibaly, professeur de philosophie, il dit que le Ramadan est un mois sacré pour les musulmans. «Étant marqué par le jeûne au cours duquel les musulmans sont presque épuisés, tout ce qui est regroupement de personnes et qui n’est pas directement un acte d’adoration de Dieu et/ou une manifestation qui peut attendre, alors les musulmans préfèrent l’après Ramadan», dit-il. Ajoutant que le mariage est aussi une manifestation sociale sanctionnée par le repas et le rafraîchissement collectifs». Or, pendant le Ramadan, cette manière de manifester a des limites. En outre, ce qui est une lapalissade, la plupart de nos mariages respectent de moins en moins les principes islamiques. On sait bien, comment les uns les autres s’habillent, dansent, se rencontrent, bref des comportements parfois extravagants qui sapent les fondements de l’Islam. FREINER LES DÉPENSES- Nematou Coulibaly, femme au foyer, rencontrée de passage à Yirimadio, dans la Commune VI du District de Bamako, pense que pendant le mois de Ramadan, les dépenses se multiplient. «S’il faut en ajouter avec la célébration des mariages, la situation sera plus compliquée. Il faut faire face aux uniformes et autres aides financières, ce qui peut être à la base de la diminution des mariages», dit-elle. «Je pense que c’est pour alléger les dépenses que nous célébrons rarement des mariages pendant le mois de Ramadan», explique-t-elle. Durant toute l’année, le Coran autorise la célébration de l’union de deux personnes, avec leur consentement bien-sûr. En tout cas, c’est ce qui nous fait savoir, un islamologue. «Le mariage est célébré pendant le mois de Ramadan, il n’y a aucun problème en cela. L’union des deux personnes pourrait même être bénie. D’ailleurs, c’est pour cette raison que plusieurs croyants célèbrent leur mariage au 27e jour du Ramadan, dont la nuit est sacrée. Ce n’est pas interdit par le Coran, seulement c’est une pratique instaurée par les fidèles eux-mêmes», précise-t-il. Tout comme sur le plan religieux, aucun texte de loi ne va à l’encontre des célébrations de mariage pendant le mois de Ramadan. Il suffit aux deux personnes, qui souhaitent se marier, de remplir les formalités qui se concluent par l’obtention du certificat de mariage. «Dans les mairies, le mariage est célébré durant les 12 mois de l’année. Tout ce que nous demandons aux mariés, c’est de remplir toutes les conditions qui favorisent leur union sacrée devant une autorité communale», explique le chef du secrétariat de la mairie de Sogoninko, Boureima Sissoko. Et d’ajouter qu’il devrait même célébrer cinq mariages à partir du jeudi 20 mars 2025. Moussa DEMBÉLÉ