La présidente de la Fondation ConnectinGroup International, Nouzha Bouchareb, a appelé vendredi à une mobilisation urgente et ciblée des Fonds pour les pertes et dommages au profit des femmes les plus vulnérables.
Intervenant lors d'un webinaire sur le thème "Comment la science peut-elle contribuer aux débats sur le financement des pertes et dommages", Mme Bouchareb a souligné la nécessité d'intégrer une approche de genre dans les politiques climatiques, de renforcer l'égalité d'accès aux ressources financières et d'assurer la participation des femmes dans le processus de prise de décision, ajoutant que ceci contribuerait à renforcer la résilience des sociétés face aux impacts du changement climatique. L'experte en climat a indiqué que "la situation préoccupante des femmes face aux pertes et dommages dus au changement climatique est liée à leur vulnérabilité accrue en raison de leur rôle dans l'agriculture, la gestion des ressources naturelles et les tâches domestiques". Cette situation est exacerbée par un accès limité aux ressources financières et technologiques, ce qui entrave leur capacité à faire face aux catastrophes et à surmonter les pertes, a-t-elle fait savoir. Elle a expliqué que cette vulnérabilité est également corrélée à un risque accru de violence basée sur le genre et à l'exclusion des femmes de la prise de décision. Les femmes sont souvent sous-représentées dans les instances de prise de décision concernant la gestion des risques climatiques, avec une capacité limitée à influencer les politiques qui les concernent, réduisant ainsi leur pouvoir face aux pertes et dommages, a-t-elle enchaîné. Les femmes migrantes sont confrontées à d’autres défis tels que l'exploitation et la violence dans leur quête de sécurité, a fait savoir Mme Bouchareb, évoquant la possibilité que 140 millions de personnes soient déplacées en raison du changement climatique d'ici 2050, dont une proportion significative de femmes qui sont exposées à des risques accrus de violence et d'exploitation. Le manque d’initiatives d'adaptation et de reconstruction après les pertes rend indispensable la prise en compte des besoins spécifiques des femmes pour garantir l'efficacité des actions, a-t-elle fait observer, insistant sur la nécessité de faire également appel à des formations, à un accès au financement et à la création de réseaux de soutien. L’experte a précisé qu'environ 60% des femmes dans les pays en développement travaillent dans le secteur agricole, et que les rendements des cultures devraient diminuer de 10 à 20 % d'ici 2050 en raison des impacts du changement climatique, affectant directement leur sécurité alimentaire. Concernant les ressources en eau, Mme Bouchareb a souligné que les femmes passent en moyenne 200 millions d'heures par jour à collecter de l'eau, une tâche rendue plus difficile à cause de la rareté de cette ressource due à la sécheresse. S’agissant de la violence basée sur le genre, elle a mis en évidence qu'"après des catastrophes naturelles, les cas de violence à l'égard des femmes peuvent augmenter de 20 à 50 %, en raison de l'aggravation des conditions d'insécurité et d'anxiété". Elle a, à cet égard, noté que les inégalités d'accès aux soins de santé touchent de manière disproportionnée les femmes et les enfants, qui représentent environ 75 % des victimes des catastrophes climatiques, en raison de leur vulnérabilité et de l'inégalité d'accès aux soins.