La Coalition Génération Genre Maroc, composée de l’Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM), l’Association Médias et Cultures (AMC) et la Fédération des Ligues des Droits de la Femmes (FLDF), a organisé à Rabat, le 19 décembre 2024, un séminaire d'envergure sur le « féminisme intergénérationnel », rassemblant des militants de tous bords pour un partage d’expériences, tout en présentant des résultats préliminaires d'une étude exploratoire sur la thématique.
L'étude, menée par la Coalition, met en lumière les spécificités de chaque génération de féministes, depuis les pionnières qui ont structuré le mouvement jusqu'à la génération connectée qui utilise le web et les réseaux sociaux comme principal espace de mobilisation. L’analyse met en évidence leurs points de convergence, notamment la lutte contre le patriarcat, mais aussi leurs divergences sur la conception du féminisme, l’intégration des jeunes et l’usage des nouvelles technologies, apprend-on d’Amina Lotfi, représentante de l’ADFM, qui estime que c’est la collaboration et le dialogue intergénérationnels qui permettront la construction d’un mouvement féministe solidaire, inclusif disposant des capacités et outils requis pour conjuguer les énergies et expertises des différentes générations. L’étude, selon Yousra El Barrad, représentante de la Fédération des Ligues des Droits des Femmes (FLDF), capitalise quatre années de travail acharné dans une optique participative visant à créer des espaces intergénérationnels inclusifs. Si le référentiel commun et se focalise sur l’effectivité des droits des femmes et la justice de genre, les moyens d’action évoluent, pour leur part, d’une génération à l’autre. «Ce qui ressort de manière forte, c’est que la sororité et l’adelphité entre ces générations sont indispensables pour amplifier les voix féministes et activer un véritable changement », précise la responsable. L’étude insiste, ainsi, sur l’importance de la diversité générationnelle comme un levier incontournable pour le mouvement. Elle plaide, par ailleurs, pour une meilleure documentation des luttes passées, considérées comme un héritage à transmettre aux jeunes générations. En ligne de mire : bâtir un dialogue continu et une collaboration fructueuse entre toutes les générations afin d’insuffler une dynamique intergénérationnelle porteuse de transformation sociale. Action unie et audacieuse Les discussions et ateliers tenus lors du séminaire ont permis de dégager des recommandations clés pour renforcer l’avenir du mouvement féministe marocain. Les participantes ont mis en exergue l’impératif de documenter et d’archiver les luttes et les savoirs des pionnières pour les transmettre aux générations futures, garantissant ainsi la continuité du combat féministe. Le mouvement doit également s’attacher à garantir une représentation inclusive de toutes les générations et à encourager la participation des jeunes femmes dans les espaces décisionnels. En outre, l’étude précise que les luttes féministes doivent intégrer les différentes formes d’oppression et de discrimination en adoptant une approche prenant en compte les réalités multiples des femmes. Exploiter les technologies et les réseaux sociaux constitue un autre enjeu central pour élargir l’impact des actions féministes et sensibiliser un public plus large. La Coalition insiste, finalement, sur le renforcement des liens intergénérationnels, en valorisant les expériences et expertises de chaque génération pour une action féministe plus unie et efficace. La Coalition explique que les défis que le mouvement féministe doit relever sont multiples et complexes, citant la résistance sociale et culturelle. Malgré des avancées importantes au cours des dernières décennies, les normes patriarcales restent profondément ancrées dans la société marocaine, alimentant des violences systémiques et freinant l’égalité. Les récents débats autour de la réforme du code de la famille où les discours conservateurs ont révélé l’ampleur des résistances, en sont la preuve. Le manque de représentativité des femmes dans les institutions clés, est d’ailleurs l’un des points, qui selon la Coalition, complique l’adoption de réformes structurelles et durables.