Le Centre d’Excellence Horticole, installé au sein du Complexe Horticole d’Agadir, se dresse aujourd’hui comme un modèle ambitieux pour transformer l’horticulture marocaine en s’appuyant sur des technologies de pointe, des pratiques durables et un engagement résolu pour la formation des futures générations. Fruit d’une collaboration entre des experts marocains et néerlandais, ce projet incarne la volonté de créer une horticulture moderne, hautement performante et respectueuse de l’environnement.
Un dispositif à la pointe de l’innovation
Au cœur de ce centre se trouve une serre expérimentale en verre, inaugurée en 2023 et dédiée à la culture de tomates. Conçue avec une technologie avancée, cette serre représente un véritable laboratoire pour tester et affiner des pratiques agricoles innovantes. L’un des éléments clés est son système de culture hors-sol en circuit fermé, une technologie qui permet de recycler l’eau utilisée pour l’irrigation. Grâce à ce système, la consommation d’eau pour produire un kilogramme de tomates peut être réduite à seulement 5 litres, contre une moyenne de 70 litres dans les modes conventionnels de production utilisés dans la région.
Cette serre est également équipée de capteurs sophistiqués collectant des données en temps réel sur la température, l’humidité, la luminosité et d’autres paramètres environnementaux. Ces données sont ensuite analysées pour ajuster automatiquement les niveaux d’irrigation, de ventilation et de brumisation afin d’assurer un environnement optimal pour la croissance des plants. L’utilisation d’un double système de brumisation, combiné à des écrans d’ombrage, permet de réguler efficacement la température et l’humidité, même en période de forte chaleur. Ces innovations technologiques offrent ainsi des conditions de croissance idéales tout en limitant l’impact environnemental.
En outre, la serre utilise un système d’injection de CO₂, une technique éprouvée pour stimuler la photosynthèse et augmenter significativement les rendements. Très prochainement, un générateur de CO₂ sera installé sur place pour renforcer cette pratique.
Grâce à ces équipements, la production dans cette serre peut atteindre des niveaux impressionnants de 1000 tonnes par hectare, un chiffre qui surpasse largement les 140 tonnes par hectare, en moyenne, observés dans les exploitations traditionnelles de la région.
Une agriculture compétitive et durable
Le projet ne se limite pas à des objectifs de rendement. Il vise également à répondre à des enjeux globaux tels que la gestion des ressources naturelles, la durabilité et la compétitivité de l’agriculture marocaine. Il s’inscrit dans une stratégie nationale pour moderniser le secteur agricole et renforcer sa résilience face aux défis environnementaux et économiques.
La question de la gestion de l’eau est au cœur des préoccupations du centre. Dans un contexte de rareté croissante des ressources hydriques, l’adoption de systèmes économes comme le circuit fermé représente une avancée majeure pour assurer la viabilité à long terme des exploitations agricoles. La capacité à produire plus avec moins d’eau ouvre des perspectives prometteuses pour l’agriculture dans les régions arides et semi-arides du Maroc. L’utilisation de dispositifs de filtration et de stérilisation par rayons ultraviolets permet de garantir la qualité de l’eau recyclée.
Une autre priorité est l’amélioration de la qualité et de la régularité des productions agricoles. En intégrant des technologies de contrôle rigoureux des conditions de croissance, le centre permet de réduire considérablement les écarts de qualité entre les récoltes, estimés à 50% dans les exploitations ordinaires. Cela se traduit par une production homogène et régulière, répondant aux exigences des marchés international et local.
Par ailleurs, cette structure ambitionne de réduire la dépendance aux intrants chimiques, notamment les pesticides. Grâce aux avancées technologiques testées dans cette serre, l’objectif à long terme est d’éliminer totalement l’usage de produits chimiques pour privilégier des approches biologiques et intégrées. Cette démarche s’inscrit dans une perspective de protection des consommateurs et de préservation de l’environnement.
Recherche, innovation et formation
Outre son rôle dans la production agricole, le centre se positionne comme un pôle de recherche et de formation. Son objectif est de former pas moins de 50 docteurs en sciences agricoles d’ici 2033, en collaboration avec des universités et instituts de recherche marocains et étrangers. Cette initiative vise à doter les futures générations d’agriculteurs, d’ingénieurs et de chercheurs des compétences nécessaires pour relever les défis de l’agriculture moderne.
La recherche menée dans le cadre du centre se concentre sur plusieurs axes stratégiques. Il s’agit notamment de développer des variétés plus adaptées aux spécificités agronomiques et climatiques locales, d’améliorer l’efficacité des systèmes d’irrigation et d’explorer de nouvelles technologies telles que l’éclairage artificiel pour prolonger la durée d’activité des plantes à 18 heures par jour ainsi que les cycles de production. Ces travaux visent à maximiser la productivité tout en limitant l’impact écologique des pratiques agricoles.
Le centre met également un accent particulier sur le transfert de savoir-faire. Des formations pratiques et des ateliers sont organisés pour les agriculteurs locaux, leur permettant de se familiariser avec les nouvelles technologies et d’adopter des pratiques plus efficientes et durables dans leurs exploitations. Ces initiatives ont pour objectif de contribuer à renforcer la compétitivité des producteurs marocains sur les marchés nationaux et internationaux.
Un impact régional, national et continental
Fort du succès de cette première phase, les responsables du projet prévoient une expansion significative. L’objectif est d’élargir la surface dédiée aux cultures maraîchères tout en intégrant davantage de modules de recherche. En combinant recherche, innovation et formation, ce centre incarne une approche intégrée pour relever les défis complexes auxquels l’agriculture marocaine fait face.
Sur le plan national, le centre aspire à devenir un modèle reproductible dans d’autres régions du Maroc. Les avancées et réussites qu’il enregistre pourraient inspirer la création de structures similaires dans d’autres zones agricoles stratégiques. Cette démarche contribuerait à une transformation en profondeur du secteur agricole marocain, en renforçant sa compétitivité et sa durabilité.
Cependant, l’impact attendu dépasse largement le cadre agricole. En effet, le projet devrait générer des retombées économiques substantielles en créant de nouveaux emplois dans la région et en attirant des investissements dans des technologies de pointe.
Cette dynamique, alliant développement économique et innovation, pourrait positionner le Maroc comme un leader régional dans l’agriculture moderne et durable.
Plus qu’une simple structure expérimentale, cette serre est une plateforme d’apprentissage, d’innovation et de collaboration, symbolisant la capacité du Maroc à s’adapter aux exigences du XXIe siècle tout en préservant ses ressources et son environnement.
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