Moralisation du secteur de la santé
Ouardirhi Abdelaziz
L’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC) a lancé un appel d’offres pour la réalisation d’une étude nationale sur la corruption dans le secteur de la santé. Cette étude se fixe entre autres objectifs, celui de mieux cerner le phénomène de la corruption dans le secteur de la santé et son impact sur la qualité, la transparence et l’équité d’accès aux soins.
Soulever le problème de la fraude, des falsifications, des manœuvres, des tromperies, de l’immoralité et de la perversion qui malheureusement souillent l’image et la réputation de certains établissements publics n’est pas nouveau. Les tribunaux croulent sous le poids des dossiers en relation avec les affaires de fraudes, de malversations, de corruption. Beaucoup restent en instance de jugement pendant des mois, voire même des années.
Mais dès lors que c’est le secteur de la santé qui est concerné, il se retrouve immédiatement sous les projecteurs, sous les feux de la rampe, car on ne peut mettre en jeu la santé des citoyens.
Celles et ceux qui sont coupables doivent être arrêtés, jugés, condamnés et purger leurs peines respectives.
Dévouement, Compassion, et Altruisme
Le secteur de la santé compte plus de 50.000 personnes entre
Médecins, infirmiers, infirmières, sages-femmes, techniciens, administratifs et d’autres agents …
S’agissant des professionnels de santé qui assurent la prise en charge des malades, qui prodiguent des soins en milieu hospitalier et dans les centres de santé, il nous faut reconnaitre que les clichés que renvoient ces professionnels de santé auprès de la population sont en général positifs et évoquent assez généralement le dévouement, la compassion, l’altruisme.
S’il ne fallait citer qu’un seul exemple pour schématiser nos propos, c’est celui de la reconnaissance de nos citoyens ayant ont reconnu toutes ces qualités lors de l’épidémie de la Covid.
En effet, la pandémie à coronavirus a démontré sans laisser de doute que les médecins, les infirmiers du secteur de la santé au Maroc ont œuvré avec abnégation, sans relâche, avec amour et humanisme et sacrifice.
Bien plus, ces professionnels de santé toutes catégories confondues, ont travaillé 24 H / 24 H, de jour comme de nuit, les week-ends et les jours fériés, sans bénéficier de leur congé administratif, en laissant leurs familles, leurs enfants, pour assurer la garde aux différentes structures de soins chargées de la prise en charge des patients présentant le Covid-19.
Séparer le bon grain de l’ivraie
En procédant au lancement d’une étude nationale sur la corruption dans le secteur de la santé, l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC), doit agir avec tact, doigté, délicatesse et diplomatie.
Il ne s’agit pas de mettre tous les professionnels dans le même panier, car la plupart d’entre eux sont honnêtes et mobilisés pour rendre services aux citoyens, tout n’est pas mauvais.
Il est certes vrai que la corruption qui existe dans certaines structures est entretenue par des brebis galeuses, des médecins qui usent et abusent des certificats médicaux, le chirurgien qui opère certains malades non programmés, des infirmiers qui marchandent leurs services.
Tous ces égarements existent, et les responsables des établissements sanitaires font tout leur possible pour combattre et éradiquer ce fléau.
Mais pour combattre de tels agissants, de tels comportements nuisibles, qui portent atteinte à l’image de marque de la santé, il faut certes rester constamment vigilent, prévenir le mal à sa racine, et donner l’exemple.
Pour cela, il faut confier la gestion de nos établissements hospitaliers, de nos structures sanitaires aux professionnels de santé qui le méritent.
La gouvernance des établissements sanitaires, des directions, des divisions, des instituts, doit être entre de bonnes mains, des personnels de santé compétents, honnêtes, sages, intègres, qui pourront donner l’exemple et veiller quotidiennement pour asseoir sur des bases saines et pérennes la moralisation des établissements sanitaires, ce qui contribuera de concilier le service public avec les citoyens, chose qui demande du temps, une réelle volonté, des décisions politiques courageuses.
Haro sur la grande corruption
Dans le même ordre d’idées, il faut en finir avec les nominations partisans, d’ouvrir les portes à certains et d’exclure d’autres. De laisser certains occuper les mêmes responsabilités pendant 6 ans ou 10 ans, c’est la porte ouverte à tous les égarements.
Je ne vais pas soulever la grande corruption dans le secteur de la santé, tout au plus, c’est un survol. Quoiqu’il en soit, celle-ci est traumatisante, choquante, surtout pour notre pays qui entreprend d’énormes efforts pour garantir le droit à la santé pour toute notre population. Ces agissements criminels font très mal aux citoyens lambada. Surtout quand les coupables sont des individus occupant de hautes fonctions au sein du secteur de la santé (directeur d’hôpital, responsable direction, ingénieur …), qui magouillent, qui fricotent, qui manigancent avec des entreprises de matériels, ou de médicaments pour détournent délibérément l’argent de l’état à leur profit, au détriment de l’intérêt général.
Des responsables reconnus coupables de fraude dans l’exécution et la passation de marchés publics dans le secteur de la santé ces dernières années, en contrepartie d’importants pots-de-vin, ou ceux coupables d’avoir vendu du matériel médical à des cliniques privées…
Il reste beaucoup à faire dans ce domaine car la vermine à la peau dure et la corruption est une maladie très contagieuse qui nécessite un traitement de longue haleine.
Il faut espérer qu’à travers la réalisation de cette étude nationale sur la corruption dans le secteur de la santé, qui est initiée par l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC), que nous pourrons avoir de nouveaux résultats, grâce au travail qui sera entrepris, et qui ne manquera pas d’apporter une analyse détaillée des manifestations, de la fréquence et de l’intensité ainsi que des causes et des implications de ce fléau. L’étude se fixe aussi comme objectif d’apporter des orientations qui seront élaborées assorties d’un plan d’actions pertinent permettant d’endiguer ce phénomène qui entrave le développement du secteur.
Il faut être optimiste et espérer des jours meilleurs et plus transparents.
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