Ce matin, zoom sur le mot changement, un terme récurrent dans les discours et les écrits.
Un sens à la vie
Par changement, entendons tout simplement les « […] mutations affectant tout ou partie des structures sociales et des comportements sociaux ». Barmayyan en Songhay et Yelema en Bambara, le changement se mesure par le niveau d’autonomie d’un citoyen pour agir sur son quotidien : éducation, justice, logement, santé, travail… Pour les 22 millions de Maliens, le changement signifiera l’amélioration de la qualité de vie au travail et de la gouvernance, l’accès égalitaire à l’alimentation, à l’emploi, à la santé, à la justice, à l’eau potable et à l’énergie, la sécurisation des biens et des personnes.
Qu’il soit culturel, social, économique, juridique ou politique, le changement renseigne sur les marges de progression, opérées par une nation. Tout est sujet à changement dès l’instant qu’il produit une transformation sociale, politique, culturelle, économique, impliquant le citoyen. Tout est changement lorsqu’il donne un sens à la vie du citoyen, voire même un sentiment d’appartenance à l’État.
L’esprit républicain
Le 64e anniversaire de l’indépendance du Mali est fêté dans un climat de cheminement vers une nouvelle ère. « Ensemble, nous devons œuvrer pour que les prochaines élections soient une véritable réussite afin de permettre à notre pays de continuer sereinement et souverainement sur la voie du renouveau », a déclaré le président de la transition, Assimi Goïta, à l’occasion du 22 septembre 2024. Un discours sur le renouveau, qui suscite un sentiment de satisfaction chez une partie des Maliens.
Goïta comprend mieux les urgences du moment telle que l’organisation de scrutins libres et démocratiques. L’esprit républicain émerge. Tant mieux ! Assimi Goïta renoue avec la consolidation des acquis démocratiques, comme le rappelle l’article 30 de la constitution du 18 juin 2023 : « Le Mali est une République indépendante, souveraine, unitaire, indivisible, démocratique, laïque et sociale. Son principe est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Un des plus puissants principes constitutionnels que nous devons embrasser pour rassembler les Maliens.
L’esprit de changement
De nouveau, brillent les silhouettes des républicains tels que Modibo Keïta, Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré, etc. Un sentiment d’espoir renaît. Place à un Mali démocratiquement ancré. Les républicains s’inclinent. Évidemment, Goïta est dans son rôle, celui du président de la transition malienne, tentant de se réconcilier avec la classe politique. Mais, comment ne pas se rappeler que des responsables politiques, associatifs, croupissent en prison ? Comment oublier que l’esprit démocratique s’apprécie dans le contradictoire ?
Et surtout, comment ne pas reconnaître qu’une partie de la population tente de précipiter l’esprit démocratique dans le cimetière de Niaréla alors même que là dorment les martyrs de la saison noire du régime de Traoré. La réponse à ces questions aidera à amplifier l’esprit de changement, loué dans le discours du 22 septembre 2024.
Visions Keïtaïste-Konaréiste
Sur les bancs du Conseil national de transition (CNT), le projet de loi de finances 2025 consacre une ligne budgétaire pour les dépenses électorales. Nul doute qu’aucune date précise n’est donnée pour la tenue des élections ; ce qui entretient une certaine incertitude. Évidemment, cela ne va pas être simple. Mais, le fait d’avoir un budget pour les scrutins exprime un possible retour à l’ordre constitutionnel en 2025 pour lequel certains se montrent actuellement désintéressés.
Le sens du changement déplait. D’autres se satisfont du retour des valeurs régaliennes dans l’esprit de décision. Le rêve d’un progrès socioéconomique est permis. Au firmament de la recherche du renouveau, notre pays se placerait dans le sillon de la marche du Monde, qui rappelle ce mélange des visions Keïtaïste-Konaréiste du Mali. À chacun ses chantres.
Incontestablement, une autre urgence, c’est de changer le Mali en résistant contre les réseaux stakhanovistes. Le bon sens oblige !
La question de ce matin :
q Qu’attendons-nous des autorités de la transition ?
La tenue des élections générales en 2025
Un dialogue avec le CSP-PSD
Un règlement définitif de la crise sécuritaire
La libération des détenus politiques.
Mohamed Amara
Sociologue