Pour aider à la décrispation du climat sociopolitique, les autorités judiciaires devraient se prononcer en faveur de la liberté provisoire en faveur des 11 cadres politiques, détenus depuis quelques mois.
Inscrite au rôle de la Chambre d’accusation (Cour d’Appel de Bamako) la semaine passée, la mise en liberté provisoire des 11 responsables politiques sera examinée le 12 novembre prochain.
En effet, ces leaders et cadres de plusieurs partis politiques avaient été mis aux arrêts depuis le mois de juin dernier, dans une affaire de tentative de déstabilisation présumée de la Transition. Parmi eux, il y avait Moustapha Dicko et Yaya Sangaré de l’ADEMA-PASJ, Moulaye Oumar Haïdara du PDES, Me Mohamed Aly Bathily, qui ont été arrêtés alors qu’ils tenaient une réunion au domicile de Mahmoud Dicko.
Pour l’accusation, ces responsables politiques étaient en train de réfléchir à mettre sur pied « un plan de déstabilisation des institutions ». Ce qui a conduit à leur détention. Mais, ces accusés plaident tous leur innocence, arguant qu’ils étaient en réunion d’échanges ordinaires sur la situation du pays. Mais, cela n’a pas empêché que la procédure se poursuit et ils sont détenus pour les besoins des investigations, afin d’établir éventuellement leur culpabilité. Et l’on entend des voix s’élever pour réclamer leur libération, afin de leur permettre de poursuivre leurs activités, dans un contexte apaisé.
Pour les sources proches du dossier, ces acteurs politiques auraient des accointances avec des milieux hostiles au pouvoir de Transition. Sauf qu’il n’est pas aisé de croire que des responsables réunis dans un domicile privé, sans lien établi ou sans aucune participation de militaires ou d’hommes armés, prépareraient un complot contre l’Etat. Mais, ce qui est sûr, selon les juges, en cas de doute sur les accusations, il est préférable d’accorder la liberté aux détenus. Car le droit promeut la formule selon laquelle « le doute profite à l’accusé ».
En outre, dans le contexte actuel où le pays a tout intérêt à faire converger les esprits, afin que les forces vives de la Nation se donnent la main, il est envisageable de faire de la liberté la règle, et la détention l’exception. C’est pourquoi, pour plusieurs analystes, dans le sillage du dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation, il sied que l’Etat soit plus clément dans ses actions. « Si le chef de l’Etat invite les uns et les autres à s’unir au chevet du pays en difficulté, il urge qu’il y ait une dose de tolérance dans les procédures judicaires de ce genre », relevait un syndicaliste, la semaine dernière. Et un magistrat ayant requis l’anonymat d’ajouter qu’en principe, rien ne s’oppose à cette demande de liberté provisoire. Il fondait son commentaire sur le fait que tous les accusés dans cette affaire sont de hauts cadres de l’Etat, parmi lesquels des anciens ministres. Il est clair qu’en cas de liberté provisoire accordée à ces personnalités, aucune d’elles ne fuiraient le pays.
Par ailleurs, dans la dynamique de la préparation des prochaines élections, il va sans dire que les acteurs politiques ont un agenda chargé de rencontres avec les militants à la base. Ils ne voudraient pour rien rater ce rendez-vous majeur. Il est donc souhaitable qu’une marge de manœuvre suffisante leur soit accordée. Si ce n’est pas le cas, le pouvoir sera rapidement accusé de vouloir éliminer des concurrents politiques gênants.
En définitive, pour préparer des élections inclusives avec un climat politique ouvert, il faut que les responsables politiques arrivent à bénéficier de la liberté nécessaire.
Boubou SIDIBE/maliweb.net