Dénomination des voies, places et établissements publics à Bamako : Alpha Oumar Konaré et Ibrahim Boubacar Keita Superbement ignorés ?

Alors que l’on s’attendait à un acte de réconciliation nationale de la part des autorités de la transition, nous assistons  plutôt à une énième occasion manquée pour réconcilier les maliens avec leur histoire. Celle qui a consisté à faire passer certains pour des héros alors qu’ils ne sont que des bourreaux et ignorer d’autres qui […]

Dénomination des voies, places et établissements publics à Bamako :  Alpha Oumar Konaré et Ibrahim Boubacar Keita Superbement ignorés ?
   maliweb.net
Alors que l’on s’attendait à un acte de réconciliation nationale de la part des autorités de la transition, nous assistons  plutôt à une énième occasion manquée pour réconcilier les maliens avec leur histoire. Celle qui a consisté à faire passer certains pour des héros alors qu’ils ne sont que des bourreaux et ignorer d’autres qui ont consacré leur vie à l’édification du Mali démocratique. Alpha Oumar Konaré et Ibrahim Boubacar Keita, en dépit de tout ce qu’on pourrait leur reprocher, demeurent des grands hommes qui ont marqué l’histoire de ce vieux pays. Ne pas vouloir honorer  ces deux icônes c’est faire preuve d’amnésie sinon de mauvaise foi .Alpha Oumar Konaré est le père de la démocratie malienne et IBK en a été  l’un des grands artisans et animateurs, donc ne pas vouloir immortaliser ces deux personnalités qui ne figurent nulle part sur la liste des héros du Mali, est une mauvaise foi manifeste et une volonté d’effacer un pan important de l’histoire récente de notre pays. Les autorités vont-elles rectifier ce maladroit tir ? Les démocrates vont-ils continuer à s’accommoder de ce blasphème contre la démocratie ?  Si l’on ne pourra pas dédouaner l’ancien premier ministre Choguel K Maiga de ce gigantesque et savant projet de démolition de la démocratie, il est loin d’être le seul instigateur de ce plan. La preuve vient d’être donnée qu’il n’était pas le seul à nourrir ce dessein. En son absence il y a eu la publication du décret portant dénominations des voies, places et établissements publics et qui discrimine tous les acteurs du mouvement démocratique excepté ATT, qui, il faut le rappeler est un ancien général d’armée. Alpha Oumar Konaré et IBK semblent être les deux parias du régime de transition, leurs noms ne figurent   sur aucun bâtiment public  encore moins au bout d’une avenue. Certains diront que la reconnaissance ne sied qu’aux morts et qu’Alpha Oumar Konaré est toujours en vie, d’autres justifieront la non réhabilitation d’IBK par le faitt qu’il vient d’être chassé du pouvoir et que le bilan jugé catastrophique qui est celui d’IBK ne plaiderait pas en sa faveur. Ces arguments justificatifs tant pour Alpha Oumar Konaré que pour IBK sont tout simplement fallacieux et ne sauraient justifier ce mépris souverain vis-à-vis de ces deux figures du Mouvement démocratique surtout après avoir réhabilité le plus grand sanguinaire qu’est le Général Moussa Traoré. Pour le cas d’Alpha Oumar Konaré, les autorités, si elles sont de bonne foi,  auraient dû s’inspirer des bons exemples près du Mali, à savoir le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Le pays de la Teranga a immortalisé deux anciens Présidents de la République Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, pourtant ils sont tous vivants. Quant à la Côte d’Ivoire la Nation a honoré l’ancien Président Henri Konan Bédié avant sa mort en baptisant l’un des grands ponts d’Abidjan à son nom, l’actuel Président Alassane Ouattara pour d’immenses services rendus à la Côte d’Ivoire a été également honoré par le peuple ivoirien qui a baptisé à son nom, un stade, un pont et certainement d’autres infrastructures. Les autorités maliennes ne pouvaient-elles pas s’inspirer de ces deux beaux exemples ? La réconciliation deviendra un leurre voire impossible si l’on continue à vilipender certains et à célébrer d’autres dont le mérite est d’avoir porté le kaki. Alpha et IBK demeureront des symboles devant l’histoire et devant l’éternel. Les autorités vont-elles rectifier ce maladroit tir ? Si tant  est que le régime de transition s’est  engagé dans la voie de la paix sociale et de la réconciliation, il doit poser des actes qui vont dans ce sens. L’absence du premier Président de la République de l’ère démocratique, à savoir Alpha Oumar Konaré et du dernier Président avant la mise entre parenthèses de cette même démocratie, à savoir IBK est un acte anti réconciliation et contribuerait même à radicaliser certains de leurs partisans contre le régime. Et pourtant une transition n’a pas pour vocation de diviser mais elle  doit plutôt  rassembler tous les fils du Pays. Discréditer la classe politique a été une mauvaise option pour légitimer la transition. Cet autre acte de dénomination des voies et établissements publics en ignorant deux présidents ne contribuerait guère à la construction d’une véritable paix sociale et d’une réconciliation des maliens. Il n’est pas encore tard pour rectifier le tir car pour la construction de l’édifice national et pour une réconciliation sans exclusive, tous les maliens comptent et doivent apporter leurs petites pierres à cet effet. Les démocrates vont-ils continuer à s’accommoder de ce blasphème contre la démocratie ?  Hormis les quelques réactions d’indignation sur les réseaux sociaux, à notre connaissance nous n’avons vu aucune réaction publique de la part des partis politiques ou des démocrates pour dénoncer la réhabilitation du Général Moussa Traoré et du mépris souverain dont Alpha Oumar Konaré et IBK font l’objet. La morosité de la classe politique, sa division et le manque de leadership qui la caractérisent, font qu’elle n’est plus audible et sa voix ne porte plus. Sinon cet acte de réhabilitation du bourreau des victimes du 26 Mars devrait être dénoncé avec la dernière énergie et tous les démocrates épris de justice doivent se constituer en partie civile pour  demander réparation pour les préjudices moraux causés et surtout pour le blasphème contre la démocratie.   Elle nécessite une protestation, mais aussi une réponse à la hauteur de l’affront  et certainement une levée de boucliers des démocrates pour restituer au peuple la bonne page de l’histoire récente du Mali. Le silence des démocrates serait synonyme de capitulation dans ce cas ils répondront devant l’histoire. En définitive, si l’initiative de rebaptiser ou dénommer certaines avenues, certains bâtiments et établissements publics pour immortaliser ceux qui ont eu à poser des hauts faits, d’actes de bravoure et ont rehaussé l’image du Mali  est à saluer à bien des égards, elle porte en elle les germes de la division et de la haine entre maliens, car un pan important de l’histoire vient d’être sciemment occulté. Celui de l’ère démocratique avec tous ses symboles. Les autorités doivent parer au plus pressé pour rectifier le tir et corriger cette gravissime faute au nom de la réconciliation et au grand bonheur du légendaire et brave peuple malien. Youssouf Sissoko