Déplacés à Gaza: une marée humaine en route vers le nord du territoire palestinien

Des dizaines de milliers de Palestiniens déplacés sont en route lundi pour rentrer chez eux dans le nord de la bande de Gaza, après un compromis de dernière minute entre Israël et le Hamas pour la libération de six autres otages. Cette avancée préserve le cessez-le-feu fragile visant à mettre fin à terme à plus de 15 mois de guerre qui ont dévasté la bande de Gaza et déplacé la quasi-totalité de ses 2,4 millions d'habitants. Des images de l'AFP montrent un flot ininterrompu de Gazaouis, hommes, femmes et enfants, marchant, chargés de bagages ou poussant des chariots, sur l'artère côtière vers le nord du territoire palestinien. Les véhicules, dont de longues files patientent à l'approche du point de passage, doivent emprunter un autre axe, plus à l'est du territoire. Selon un responsable de la sécurité des autorités du Hamas, "plus de 200.000 déplacés" étaient passés au nord deux heures après l'ouverture, à 05H00 GMT, du passage pour les piét

Déplacés à Gaza: une marée humaine en route vers le nord du territoire palestinien
   lopinion.ma
Des dizaines de milliers de Palestiniens déplacés sont en route lundi pour rentrer chez eux dans le nord de la bande de Gaza, après un compromis de dernière minute entre Israël et le Hamas pour la libération de six autres otages. Cette avancée préserve le cessez-le-feu fragile visant à mettre fin à terme à plus de 15 mois de guerre qui ont dévasté la bande de Gaza et déplacé la quasi-totalité de ses 2,4 millions d'habitants. Des images de l'AFP montrent un flot ininterrompu de Gazaouis, hommes, femmes et enfants, marchant, chargés de bagages ou poussant des chariots, sur l'artère côtière vers le nord du territoire palestinien. Les véhicules, dont de longues files patientent à l'approche du point de passage, doivent emprunter un autre axe, plus à l'est du territoire. Selon un responsable de la sécurité des autorités du Hamas, "plus de 200.000 déplacés" étaient passés au nord deux heures après l'ouverture, à 05H00 GMT, du passage pour les piétons. Des foules de déplacés s'étaient mises en route dès le weekend, mais pour se heurter au refus israélien de les laisser passer via le corridor de Netzarim, qui coupe le territoire en deux au sud de la ville de Gaza. Israël, accusé par le Hamas de "violer" l'accord de trêve, avait justifié ce blocage par la non-libération d'une civile captive à Gaza, Arbel Yehud, et l'absence d'une liste recensant les morts ou vivants parmi les 87 otages encore à Gaza, dont 34 déclarés morts par l'armée. Dimanche soir, Israël a annoncé un règlement, après l'engagement du Hamas à libérer trois otages jeudi incluant Arbel Yehud et, comme prévu par la première phase de la trêve en vigueur, trois autres samedi en échange de prisonniers palestiniens. "C'est un sentiment formidable de rentrer chez soi, auprès de sa famille, ses proches ses êtres chers et pour inspecter sa maison, s'il y a toujours une maison", confie dans la foule en marche Ibrahim Abu Hassera. "Nous nous sentons heureux mais en même temps tristes car nous avons perdu beaucoup de nos proches, mon fils est un martyr", affirme une grand-mère, Entissar Al-Saeedi. De retour chez elle à Gaza-ville, Lamees al-Iwady confie vivre, à 22 ans, "le jour le plus heureux" de sa vie, malgré les décombres qui l'entourent. "Nous reconstruirons nos maisons, même si c'est avec de la boue et du sable", dit-elle. Ce retour de déplacés est une "victoire" contre "les plans d'occupation" de Gaza et de "déplacement" forcé des Palestiniens, s'est réjoui lundi le mouvement islamiste palestinien. C'est "une réponse à tous ceux qui rêvent de déplacer notre peuple", a enchéri son allié, le Jihad islamique. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a de son côté averti sur le réseau social X que son pays ne permettrait pas "un retour à la réalité du 7 octobre". Quiconque "menacera les forces de l'armée israélienne paiera un prix élevé", a-t-il écrit. Le Hamas tout comme le président palestinien Mahmoud Abbas et de nombreux pays arabes ont dénoncé dimanche l'idée lancée par le président américain, Donald Trump, de déplacer les Gazaouis vers l'Egypte et la Jordanie pour, selon ses termes, "faire le ménage" dans le territoire. Pour les Palestiniens, cette suggestion renvoie à la "Nakba", ou "Catastrophe" en arabe, le nom donné au déplacement de masse qui a suivi la création d'Israël en 1948. Rival du Hamas, qui pris le pouvoir à Gaza en 2007, Mahmoud Abbas a condamné "tout projet" visant à déplacer les Gazaouis. La Jordanie, qui accueille environ 2,3 millions de réfugiés palestiniens, et l'Egypte ont réaffirmé dimanche tout rejet d'un tel "déplacement forcé". La Ligue arabe a mis en garde contre ce qui "ne pourrait être qualifié autrement que comme du nettoyage ethnique". Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich (extrême droite), a lui salué une "excellente idée" de Donald Trump. La première phase de l'accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 19 janvier, doit durer six semaines et permettre la libération au total de 33 otages retenus à Gaza contre quelque 1.900 prisonniers palestiniens. Dans le deuxième échange survenu durant cette trêve, quatre soldates israéliennes ont été libérées samedi par le mouvement islamiste contre 200 prisonniers palestiniens détenus dans des geôles israéliennes. Pendant cette première phase doivent être négociées les modalités de la deuxième, qui doit permettre la libération des derniers otages et conduire à la fin définitive de la guerre. La dernière étape doit porter sur la reconstruction de Gaza, dont de 65 à 70% du bâti, incluant la quasi-totalité des écoles et hôpitaux, a été détruit ou endommagé selon l'ONU, et la restitution des corps des otages morts en captivité. La guerre a été déclenchée par l'attaque menée le 7 octobre 2023 par le Hamas en Israël, qui a entraîné la mort de 1.210 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. L'offensive lancée en représailles par Israël dans la bande de Gaza a fait au moins 47.306 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.