Dette publique : trois questions à Modibo Mao Makalou

Se situant à 56,9% du PIB à la fin 2023, la dette publique malienne augmente d’année en année. Pour l’économiste Modibo Mao Makalou, la hausse sur le court terme de la dette publique malienne résulterait d’une hausse du service de la dette suite au resserrement de la politique monétaire pour lutter contre l’inflation mais aussi […]

Dette publique : trois questions à Modibo Mao Makalou
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Se situant à 56,9% du PIB à la fin 2023, la dette publique malienne augmente d’année en année. Pour l’économiste Modibo Mao Makalou, la hausse sur le court terme de la dette publique malienne résulterait d’une hausse du service de la dette suite au resserrement de la politique monétaire pour lutter contre l’inflation mais aussi d’une accumulation importante d’arriérés intérieurs envers les fournisseurs pour faire face au remboursement de la dette publique.  Le Wagadu : Quel est l’état de la dette publique au Mali et ses répercussions sur l’économie nationale ? Modibo Mao Makalou : La dette extérieure du Mali demeure modérée selon le Fonds monétaire international (FMI), avec une certaine marge pour absorber les chocs. La dette publique (extérieure et intérieure) se situe à 56,9% du PIB à la fin 2023, contre 53,1% en 2022. Quant à la dette intérieure, elle est essentiellement composée de titres publics (85,7%). La dette publique était estimée à 51,6% du PIB en 2024 et devrait baisser à 50,6 % du PIB en 2025. La hausse sur le court terme de la dette publique malien résulterait d’une hausse du service de la dette suite au resserrement de la politique monétaire pour lutter contre l’inflation mais aussi d’une accumulation importante d’arriérés intérieurs envers les fournisseurs pour faire face au remboursement de la dette publique. Le Wagadu : la dette publique a-t-elle un impact sur la morosité de l’économie que nous connaissons actuellement ? Modibo Mao Makalou : Présentement, le pouvoir d’achat est en train de s’effriter et c’est partout à travers le monde dans les pays les plus riches tout comme dans les pays aux revenus les plus faibles. Les prix de l’alimentation ont beaucoup augmenté, de même que ceux de l’énergie suite à la hausse du prix du baril de pétrole et de l’appréciation du dollar face à l’euro et au FCFA. L’Etat devra nécessairement continuer les subventions des produits de première nécessité de même que des transferts d’argent ciblés envers les couches de population les plus vulnérables, et cela engendrera une hausse des dépenses publiques et de la dette publique. Il va falloir trouver des solutions pour améliorer le pouvoir d’achat, c’est-à-dire en subventionnant davantage et en diminuant certains prix des produits de première nécessité tout en surveillant étroitement que les subventions sont réellement bénéfiques aux populations. Les hausses de prix impactent de façon disproportionnée les ménages les plus pauvres, qui doivent dépenser une plus grande part de leurs revenus sur l’alimentation, par rapport aux ménages plus aisés. Le Wagadu : Et que faut-il faire pour relancer l’économie nationale ? Modibo Mao Makalou : Pour relancer son économie, le Mali devrait essentiellement utiliser la politique budgétaire ou fiscale qui constitue le meilleur instrument de politique économique conjoncturelle plutôt que la politique monétaire. Il s’agira essentiellement, à travers les dépenses publiques, de cibler les secteurs clés et les services de base essentiels, comme l’agriculture, l’éducation, la santé, la protection sociale, l’eau potable, l’industrie, les logements, le développement urbain et l’assainissement, de même que des infrastructures de base de qualité qui ont une forte incidence sur la réduction des inégalités, surtout parmi les couches les plus vulnérables, notamment le secteur informel, les femmes, les filles et les jeunes. Mais aussi d’augmenter, de diversifier et de transformer la production nationale, stimuler la production d’aliments et d’engrais, améliorer les systèmes alimentaires, soutenir les ménages les plus vulnérables et les producteurs vulnérables pour renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Propos recueillis par Abdrahamane SISSOKO