Diomaye Faye plaide pour une réforme du financement mondial

De retour de la Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), le président sénégalais a réaffirmé ses appels pour une réforme du système financier mondial au service des pays vulnérables.

Diomaye Faye plaide pour une réforme du financement mondial
   maliweb.net
Le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a pris part à la 4ᵉ Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), qui s’est déroulée du 30 juin au 3 juillet à Séville. Il y a multiplié les interventions pour défendre une gouvernance mondiale plus juste, des règles fiscales et d’endettement plus équitables, et des financements adaptés aux besoins des pays vulnérables. Dès son allocution à la plénière de haut niveau, le chef de l’État sénégalais a salué « l’accueil chaleureux » des autorités espagnoles et félicité l’Espagne pour avoir abrité cette conférence dans un contexte de « crise multiforme » menaçant l’agenda du développement. Il a apporté son soutien à l’Engagement de Séville pour l’action, qualifié de « document ambitieux », tout en avertissant que « afficher nos ambitions ne suffit pas » et que le développement solidaire « requiert de l’action ». Il a décliné quatre axes de réforme prioritaires. Il a appelé à une réforme de la gouvernance économique mondiale pour corriger les « déséquilibres systémiques » et permettre une participation plus significative des pays du Sud dans les institutions de Bretton Woods. Le dirigeant sénégalais a insisté sur la nécessité de réformer la fiscalité internationale pour lutter contre l’évasion fiscale, renforcer la transparence et garantir que « l’impôt soit acquitté là où la richesse est créée ». Le cinquième président du Sénégal a plaidé pour un traitement plus juste et plus rapide de la dette, critiquant les agences de notation pour leurs méthodes qui « renchérissent considérablement » l’accès au crédit et demandant des clauses de suspension automatique en cas de choc. Il a souligné l’importance d’adapter les financements aux spécificités des pays vulnérables — africains, petits États insulaires et pays à revenus intermédiaires —, en évitant le greenwashing et en rendant l’allocation des droits de tirage spéciaux plus équitable. Dans son discours, il a également insisté sur les priorités humaines et sociales à soutenir : éducation, santé, protection sociale, autonomisation des femmes et des jeunes, transition climatique équitable. « Réaliser ce projet est à notre portée si nous nous engageons à construire ensemble un modèle fondé sur la solidarité, l’inclusion et la résilience », a-t-il affirmé. Le 1ᵉʳ juillet, lors de la table ronde sur Investir dans la solidarité internationale : une nouvelle vision de la coopération pour le développement, il a dénoncé les « règles de financement, d’endettement et de notation » inadaptées, qui empêchent les pays en développement de se financer à des conditions favorables. Il a critiqué des conditions de dette « léonines » qui obligent à privilégier le remboursement au détriment de la santé, de l’éducation et de l’emploi. Fustigeant le recul du multilatéralisme face aux initiatives bilatérales ou privées dans la gestion des conflits, il a défendu un système plus inclusif où « aucune voix unique ne prévaut sur l’ensemble », dénonçant l’usage abusif du veto et le retrait des Nations Unies dans la résolution des crises. Il a également mis en lumière l’inefficacité de certaines conventions fiscales qui permettent aux entreprises étrangères d’échapper à l’impôt dans les pays où elles créent la richesse. « L’entreprise réalise un marché, construit des infrastructures, s’enrichit sans payer d’impôts », a-t-il dénoncé, en appelant à « un nouveau cadre de conventions fiscales » pour garantir une taxation équitable. De retour à Dakar le 2 juillet, il est revenu sur son séjour à Séville, réaffirmant la position constante du Sénégal en faveur d’un multilatéralisme inclusif, condition de la paix et du développement. Il a également insisté sur une gestion plus juste de la dette, soulignant que les ressources disponibles servent trop souvent à « garder la crédibilité de la signature du pays » plutôt qu’à financer la santé, l’éducation et l’emploi. « Ce discours a été le nôtre à Séville et il le restera tant que la voix du Sénégal portera », a-t-il conclu, en appelant la communauté internationale à transformer les engagements de Séville en actions concrètes. AC/Sf/APA Source: https://fr.apanews.net/