D’après Dr. Moussa Coulibaly, sociologue, l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche est pleine d’enjeux pour la géopolitique mondiale secouée entre la guerre en Ukraine et le conflit israélo-palestinien. “Si Donald Trump a une position très claire sur le dossier russo-ukrainien, le conflit israélo-palestinien a de fortes chances de s’enliser davantage si on se fie aux promesses du candidat élu par rapport à ce dossier très brûlant. Il mettra tout en œuvre pour défendre Israël”, dit-il.
Pour Dr. Coulibaly, une chose est sûre, l’Amérique de Trump ne sera plus comme celle des années d’ingérence dans les affaires du monde. Elle va privilégier les affaires et les relations commerciales pour permettre aux Etats-Unis de faire face à la dette colossale qu’elle doit rembourser à ses partenaires bilatéraux à l’image de la Chine.
L’élection de Trump sonne, aux yeux de notre sociologue, comme un mal nécessaire pour les Américains. Le pays de l’oncle Sam va devoir s’orienter vers le partenariat gagnant-gagnant et privilégier le terrain économique, observe-t-il.
L’illustration de cette nouvelle orientation, dit-il, est la prochaine nomination du milliardaire Elon Musk, patron de Tesla et de X au poste de responsable chargé de l’efficacité gouvernementale, chargé de démanteler la bureaucratie et d’intensifier les relations d’affaires avec le reste du monde.
Dr. Coulibaly demeure convaincu qu’avec Trump 2, l’Amérique est contrainte de réajuster sa politique extérieure en l’inscrivant davantage dans le sens de la dynamique du profit.
Avant, les Etats-Unis s’imposaient par les régimes de sanctions qu’ils infligeaient aux autres. Maintenant les sanctions ont montré leurs limites. Celles infligées à l’Iran n’ont pas porté fruit surtout avec la présence des Brics, alliés de l’Iran. Dr. Coulibaly affirme que les Etats-Unis ne sont plus les seuls à contrôler l’économie mondiale. Ils ne font plus peur pour autant. Ils doivent se réarmer sur le terrain économique.
La fin de la guerre en Ukraine va leur permettre de se faire une cure de jouvence économique et de prendre des mesures de confiance pour rassurer les Russes qui sont largement en position de force en Ukraine. Une convergence de vue pour la paix en Ukraine affaiblira l’Otan dans sa dynamique de reconquête du Sahel.
“Qu’il veuille ou pas, Trump sera obligé de marcher sur des œufs. Il aura à résoudre l’équation qui consiste à défendre Israël sans faire la guerre à l’Iran, allié des Brics. Il ne pourra pas non plus faire la paix en Ukraine et défendre l’Otan (au Sahel) dont les ténors sont prêts à déposséder le Sahel de ses ressources énergétiques”, analyse-t-il.
L’engagement de la Russie aux côtés des pays de l’AES sera à la longue une grande opportunité pour ces derniers. Une fois que les négociations autour de la paix entre Russes et Ukrainiens aboutiront, selon lui, Poutine aura davantage de marges de manœuvre pour “pacifier” durablement les pays de l’AES, en les aidant efficacement à se débarrasser des djihadistes et autres rebelles et en créant les conditions d’une exploitation efficace des ressources naturelles et énergétiques.
Pour l’heure, Dr. Coulibaly pense qu’il ne faut pas compter dans l’immédiat sur les retombées de la victoire de Donald Trump à partir du moment où Joe Biden, le président sortant, a déjà mobilisé six milliards de dollars d’aide à l’Ukraine avant de quitter la Maison Blanche le 20 janvier 2025.
Il estime qu’en attendant, les autorités de la Transition doivent s’atteler à renforcer davantage leurs positions sur le terrain au nord et au centre qui est surtout en train ces derniers moments de faire face aux agissements de djihadistes isolés.
Concernant l’immigration, conclut-il, Trump a déjà fait appel à l’inflexible Thomas Homan pour gérer l’Agence américaine chargée de l’immigration, une fonction qu’il occupait déjà sous le premier mandat de Trump. A rappeler qu’à l’époque, près de 4000 enfants de migrants avaient été séparés de leurs parents et placés en détention.
Ibrahima Ndiaye