Avec la libération des 11 détenus politiques ce jeudi 5 décembre 2024, non seulement un pas supplémentaire vient d’être franchi dans le cadre de l’apaisement du climat politico-social, mais c’est surtout la démocratie qui vient encore une fois de plus triompher de la dictature. Nous ne nous lasserons jamais de rappeler qu’il n’y a pas d’alternative à la démocratie et que nous devons tout faire pour la rendre irréversible. En tout cas jusqu’à preuve du contraire, elle semble la meilleure voie, bref le seul mode de gouvernance qui offre plus de chance au peuple afin qu’il participe à la prise de décisions dans la gestion des affaires de sa cité. Vouloir confisquer la démocratie c’est véritablement enfreindre à la bonne marche de la société. 11 vaillants soldats de la démocratie viennent de passer 5 mois sous les verrous et leur seul tort a été d’exercer leurs droits dans une République qui vient d’être dotée d’une Constitution, nous dit-on, la plus démocratique au Mali. Quel paradoxe ! On chante, on loue les vertus démocratiques de la nouvelle Constitution, mais on s’oppose avec véhémence à son plein exercice par certains citoyens tandis qu’on ferme les yeux sur sa flagrante violation par d’autres. Que les 11 détenus politiques qui viennent de respirer l’air de la liberté et dont le seul tort est de s’être réuni pour ne parler que du Mali notre héritage commun et cela conformément à la loi fondamentale, sachent qu’ils viennent d’écrire l’une des pages glorieuses de l’histoire de notre jeune démocratie. Ils seront désormais considérés comme des martyrs vivants de la démocratie et leurs noms seront écrits en lettres d’or au fronton de la République quand les démocrates reprendront bientôt le flambeau.
Pour rappel l’arrestation de ces 11 leaders politiques est la preuve suffisante que l’on n’est pas dans une République ou qu’elle est taillée sur mesure pour le prince du jour donc une République bancale pour ne pas dire bananière. Dans une telle République seuls la volonté et les caprices du prince ont force de lois. Il est évident que, sous nos tropiques et au 21ième siècle, ce genre de République ne saurait non seulement perdurer, mais s’effondrera comme un château de cartes construit sur une dune de sable. En effet, les autorités, garantes de la bonne application des lois, du respect des textes, doivent comprendre qu’elles sont elles-mêmes soumises à ces mêmes lois et ont le devoir de les préserver voir les protéger. C’est pourquoi on dit : « dura lex, sed lex » la loi est dure, mais c’est la loi.
Tous les combats de la classe politique étaient focalisés sur la libération des 11 leaders, maintenant qu’ils ont recouvré leur pleine et entière liberté, l’on saura désormais de quoi cette classe politique moribonde, résignée sera capable. Surtout sa frange juvénile qui continue à raser le mur, à se recroqueviller et à greloter comme si elle souffrait de l’hypothermie. Elle ne s’est jamais inspirée du long et héroïque combat mené par l’actuel premier ministre et son parti le PASTEF au Sénégal ; qui a fini par payer. Durant les 5 mois de détention, hormis les activités classiques, comme les déclarations, les communiqués et quelques conférences de presse, il n y a pas d’actions de grande envergure pour demander la libération sans condition des 11 leaders politiques. Que les militants des partis politiques sachent qu’après avoir été chassé du pouvoir comme des mal- propres et après cette campagne de propagande et de dénigrement à leur encontre ils doivent se donner la main pour reconquérir le pouvoir, car la politique n’est qu’un rapport de force et rien ne se donne tout s’arrache.
Pour rappel cette belle victoire de la démocratie a été rendue possible grâce à la détermination, au sens élevé de l’Etat d’un homme, en l’occurrence l’ancien premier Ministre Ousmane Issoufi Maiga qui aurait pesé de toute son influence auprès du Président de la Transition le Général d’armée Assimi Goita pour obtenir la liberté de ces 11 prisonniers d’opinion. Il y aura à coup sûr une contrepartie à cette libération…. Suivez mon regard !
Cette libération malgré l’immense satisfaction qu’elle nous procure ne saurait nous faire oublier le fait qu’elle n’a pas été obtenue dans le prétoire où les arguments juridiques des défenseurs ont prévalu mais bien par une décision politique des tenants du pouvoir à la volonté desquels la justice malienne semble désormais soumise.
Ce constat étayé par plusieurs autres exemples est extrêmement inquiétant pour le devenir de la Démocratie malienne et du Mali tout court !
Youssouf Sissoko