La réforme des entreprises et établissements publics incarne par excellence le genre de chantiers longs et complexes que l’État doit mener en veillant à répondre à des impératifs parfois contradictoires.
Les entreprises étatiques du fait de leur nature sont historiquement dotées de modes de gouvernance similaires à ceux de la fonction et l’administration publiques. Sur le plan financier, et pour beaucoup d’entre elles, une partie des fonds mobilisés aussi bien pour le fonctionnement que pour les investissements relève du domaine des deniers publics via les budgets, spéciaux, annexes, subventions et autres subsides. Par conséquent, l’État actionnaire se devait naturellement d’encadrer la gestion de ces entreprises par les textes proches de ceux régissant la dépense publique avec toute leur complexité et pesanteur surtout en matière procédurale.
La rationalisation des dépenses publiques est naturellement une des composantes centrales de la réforme des entreprises publiques, ce qui ne pouvait se traduire que par plus de rigueur. Cependant, et c’est là l’autre impératif majeur contradictoire de la réforme, les entreprises publiques sont appelées à devenir de plus en plus des locomotives de l’économie surtout dans les secteurs stratégiques sur lesquels le Maroc a décidé de bâtir son modèle futur.
Et pour cela, les entreprises publiques sont censées être plus agiles donc dotées de modes de gouvernance adaptés à l’esprit de l’action, à la culture du résultat et de performance. En somme, des entités à l’ADN public avec une configuration managériale privée. Ce mode hybride inédit nécessitera naturellement du temps pour se mettre en place…