Éditorial: Préparer les mutations

Le profil de l’évolution démographique au Maroc, tel qu’il se dégage des tout premiers chiffres livrés par le recensement général, indique une profonde mutation qui est en marche depuis des décennies. L’urbanisation et la réduction de la taille moyenne du ménage marocain sont des tendances lourdes et irréversibles que d’autres pays ont connues depuis longtemps. […]

Éditorial: Préparer les mutations
   aujourdhui.ma
Le profil de l’évolution démographique au Maroc, tel qu’il se dégage des tout premiers chiffres livrés par le recensement général, indique une profonde mutation qui est en marche depuis des décennies. L’urbanisation et la réduction de la taille moyenne du ménage marocain sont des tendances lourdes et irréversibles que d’autres pays ont connues depuis longtemps. Et ce sont ces expériences passées, observées ailleurs, qui peuvent receler des enseignements précieux pour le Maroc et surtout pour ses politiques publiques pour les prochaines décennies. La baisse du nombre d’enfants moyen pour chaque femme en âge de procréer et par ménage était déjà détectée lors des deux précédents recensements, en 2014 et 2004. Cette donne s’est naturellement confirmée, voire accentuée, et elle aura de lourdes retombées dans les années à venir. D’abord en matière de vieillissement de la population et tout ce que cela génère en termes de dispositifs pour la population des seniors qui a commencé à changer de profil. Elle est et sera de plus en plus nombreuse en effectifs et nécessitera donc plus de moyens et de dispositifs en termes d’accompagnement sanitaire. Le troisième âge n’était pas forcément une composante prioritaire des politiques publiques dans le domaine de la santé. Ces nouveaux seniors seront aussi et naturellement plus instruits avec un mode de vie et de consommation foncièrement différents de leurs aînés d’il y a 20 ou 30 ans. Ils nécessiteront des réponses différentes et nouvelles en matière de mobilité et d’habitat adaptés. D’un autre côté, ce profil de la démographie débouchera irréversiblement dans 10, 20 et 30 ans sur des problématiques de type nouveau au Maroc comme la pénurie de jeunes et donc de compétences, de profils, de bras pour alimenter la machine économique et productive. Les politiques et stratégies sectorielles sur lesquelles le Maroc a construit son modèle devront inévitablement être modifiées, repensées et réajustées. C’est bien à ça que sert justement l’outil statistique qu’est le recensement.