Energie propre : l’Italie cherche un branchement avec le Maroc

L’intérêt italien pour la coopération énergétique durable avec le Maroc se confirme avec des projets stratégiques à l’étude qui porteront le partenariat à un niveau supérieur. Eclairage. Après Paris et Londres, c’est au tour de Rome de se positionner pour un partenariat énergétique stratégique avec le Maroc. Les responsables italiens ont profité de la troisième […]

Energie propre : l’Italie cherche un branchement avec le Maroc
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L’intérêt italien pour la coopération énergétique durable avec le Maroc se confirme avec des projets stratégiques à l’étude qui porteront le partenariat à un niveau supérieur. Eclairage. Après Paris et Londres, c’est au tour de Rome de se positionner pour un partenariat énergétique stratégique avec le Maroc. Les responsables italiens ont profité de la troisième conférence des Nations Unies sur les océans (Unoc) à Nice en France pour approcher la délégation marocaine. Les deux parties semblent décidées à aller de l’avant dans leur coopération en matière de développement durable et surtout d’énergie propre. Dans ce sens, une délégation italienne est attendue au Maroc en juillet prochain afin de faire le point sur la coopération entre les deux pays dans le domaine et poser les jalons d’un nouveau partenariat. C’est d’autant plus vrai qu’une visite de la présidente du Conseil des ministres italien, Giorgia Meloni, était déjà au programme même si aucune date n’avait été communiquée. Flash back. Janvier 2024, Rome avait abrité le Sommet «Italie-Afrique : Un pont pour une croissance commune». Au cours de cet événement, le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch, qui avait représenté Sa Majesté le Roi Mohammed VI, s’est entretenu à Rome avec la présidente du Conseil des ministres italien, Giorgia Meloni, des moyens de hisser le niveau des relations «exceptionnelles» entre le Maroc et l’Italie. Au cours de cette entrevue, M. Akhannouch, qui a fait part de sa satisfaction du partenariat «distingué» unissant les deux pays, a échangé avec Mme Meloni autour du renforcement des liens bilatéraux et des défis communs actuels et futurs. Ces échanges ont également été l’occasion pour le Chef du gouvernement d’examiner avec la présidente du Conseil des ministres italien les moyens à même de construire des partenariats concrets et plus efficaces dans plusieurs domaines, notamment celui des énergies renouvelables. De son côté, Mme Meloni a souligné l’«excellence» des relations entre les deux pays, notant que Rome «a besoin de partenaires et d’amis comme le Maroc en Afrique, afin de l’accompagner dans sa nouvelle approche de coopération avec le continent». Dans ce contexte, la présidente du Conseil des ministres italien a exprimé sa satisfaction du rôle du Maroc dans le «Processus de Rome», affirmant qu’«en dépit du caractère exceptionnel des relations entre Rome et Rabat, l’Italie cherche toujours à faire mieux, d’autant plus qu’entre les deux pays, il y a une belle histoire à raconter». Cette rencontre a été l’occasion pour le Chef du gouvernement d’inviter Mme Meloni à effectuer une visite officielle au Maroc. A cet égard, la présidente du Conseil des ministres italien a accepté l’invitation pour cette visite officielle, doublée d’un forum d’affaires. Maroc, Italie, Europe centrale Depuis quelques mois, l’accent est mis sur l’énergie entre les deux pays. C’est le cas notamment pour l’hydrogène vert. Dans ce sens, la députée italienne Debora Serracchiani avait annoncé à la presse en Italie l’acceptation de sa motion relative au décret « Plan Mattei », visant à analyser et à dynamiser la chaîne logistique de l’hydrogène vert entre le Maroc et Trieste. Mme Serracchiani avait souligné que « grâce à l’hydrogène vert, le Royaume du Maroc devient l’une des destinations les plus importantes de toute la Méditerranée pour la recherche et la durabilité des processus énergétiques, dans laquelle des pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas ont décidé d’investir. Pour l’Italie, c’est également l’occasion de renforcer la coopération commerciale avec le Maroc, en approfondissant les synergies du système logistique portuaire et intermodal du Frioul-Vénétie Julienne ». Il faut préciser que l’Italie s’est investie dans un projet de corridor vert. Il s’agit d’une coalition qui réunit la région autonome du Frioul-Vénétie Julienne, la Croatie et la Slovénie. Côté italien, une étude avait été lancée pour établir un corridor d’hydrogène vert entre le Maroc et l’Italie, via le port de Trieste. A noter qu’en mars 2024, la mise en œuvre de «l’Offre Maroc» en matière d’hydrogène vert a connu une nouvelle dynamique avec la publication le 11 mars 2024 de la circulaire du Chef du gouvernement pour la mise en œuvre de cette offre, conformément aux Hautes Directives Royales, en vue de développer la filière de l’hydrogène vert, à travers la mise à contribution de la position privilégiée du Royaume, de ses ressources naturelles riches et diversifiées, de sa situation géographique stratégique et de ses infrastructures aux normes internationales. Le gouvernement a mis en place une dynamique positive basée sur la minutie et la rigueur dans la mise en œuvre de «l’Offre Maroc » en matière d’hydrogène vert, en droite ligne des Hautes Directives Royales contenues dans le discours du Trône du 29 juillet 2023, dans lequel le Souverain avait engagé le gouvernement à entreprendre la mise en œuvre rapide et qualitative de l’offre Maroc dans le domaine de l’hydrogène vert « de manière à valoriser les atouts dont dispose notre pays en la matière et à répondre au mieux aux projets portés par les investisseurs mondiaux dans cette filière prometteuse ». Depuis cette date, cinq investisseurs nationaux et mondiaux avaient été sélectionnés pour la réalisation de 6 projets dans les trois régions du sud du Royaume, pour un coût de 319 milliards de dirhams. Il s’agit de sociétés leaders dans le domaine de l’hydrogène vert dans leurs pays respectifs, qui constituent le consortium d’investisseurs « ORNX », composé de la société américaine « Ortus », de la société espagnole « Acciona » et de la société allemande « Nordex », qui investiront dans la production d’ammoniac ; d’un autre consortium d’investisseurs, composé de la société émiratie « Taqa » et de la société espagnole « Cepsa » pour la production d’ammoniac et de carburant industriel ; ainsi que de la société marocaine « Nareva » qui investira dans la production d’ammoniac, de carburant industriel et d’acier vert. Cette même matière devra également être produite par la société saoudienne « ACWA Power », alors qu’un autre consortium d’investisseurs composé des sociétés chinoises «UEG» et «China Three Gorges» devrait produire de l’ammoniac. Reste à savoir si les capitaux italiens vont bientôt s’ajouter à la liste. La réponse ne va pas trop tarder. Financement Accord. SACE, le Groupe italien d’assurance et de finance contrôlé par le ministère de l’économie et des finances, vient de signer un accord pour fournir un financement vert de 365 millions d’euros au Groupe OCP, leader mondial des solutions de nutrition des plantes et des engrais phosphatés. Le Groupe OCP et SACE ont conclu un financement vert de 365 millions d’euros. Il s’agit d’une première dans le cadre du Green Finance Framework du Groupe OCP et la première opération garantie au Maroc par SACE Push Strategy. «L’accord entre SACE et OCP représente une avancée significative dans le renforcement des liens entre l’excellence industrielle italienne et l’un des principaux acteurs économiques du Maroc», a souligné Armando Barucco, ambassadeur d’Italie au Maroc. Et d’ajouter : «Ce partenariat stratégique favorise non seulement une collaboration économique plus étroite, mais crée également de nouvelles opportunités pour les entreprises italiennes dans de multiples secteurs, consolidant ainsi une base solide pour les échanges commerciaux et les investissements bilatéraux». Pour Michal Ron, directrice internationale de SACE, «cette initiative démontre notre engagement à promouvoir le Made in Italy et à soutenir les entreprises italiennes dans des secteurs clés tels que les infrastructures, les énergies renouvelables et la machinerie industrielle. Elle renforce également nos liens commerciaux avec l’Afrique, en ligne avec le Plan Mattei. La stratégie Push est un outil essentiel pour ouvrir de nouvelles opportunités d’exportation aux PME italiennes et renforcer les relations avec des partenaires internationaux stratégiques». De son côté Karim Lotfi Senhadji, Chief Financial Officer du Groupe OCP, a souligné : «Ce financement vert inaugural avec SACE témoigne de l’engagement indéfectible du Groupe OCP en faveur de la durabilité et de l’innovation. En sécurisant cette facilité, nous accélérons notre transition vers des énergies 100% propres et une eau 100% non conventionnelle, renforçant ainsi notre leadership dans les solutions durables de nutrition des plantes. Ce partenariat consolide notre stratégie financière et ouvre la voie à de nouvelles opportunités de croissance durable au Maroc et en Italie».