Médecin de profession et passionné de musique, Mostafa Arsalane combine avec brio ces deux univers. À travers son orchestre, il propose une expérience unique, alliant performances artistiques et participation active du public. Dans cet entretien, le Maestro partage son parcours musical, l’origine de sa passion, ainsi que la manière dont il a su concilier ses responsabilités professionnelles et son amour pour la musique arabe.
ALM : Pour les personnes qui ne vous connaissent pas vous êtes médecin de profession. Comment est né votre penchant pour la musique ?
Mostafa Arsalane : J’ai toujours eu un grand attrait pour le monde des arts. Enfant, j’ai surtout fait du théâtre et j’ai régulièrement participé à des représentations scolaires à l’occasion de la Fête du Trône. En ce qui concerne la musique, j’ai baigné dans un environnement familial où l’on écoutait beaucoup la musique arabe (aussi bien marocaine qu’orientale). C’est probablement là que se trouve l’origine de cette passion que j’ai pu cultiver davantage après mes études de médecine. J’ai étudié le solfège et j’ai appris à jouer au luth au conservatoire avant de me consacrer au qanûn (cithare arabe) qui est aujourd’hui mon instrument de prédilection.
ALM : Comment conciliez-vous votre carrière de médecin et votre passion pour la musique ?
Au début de ma carrière, la conciliation entre mes deux passions n’était pas évidente en termes d’organisation et de gestion du temps. Cependant, avec l’expérience et la détermination, j’ai pu y parvenir. Bien plus qu’un divertissement, la musique a été essentielle à mon épanouissement aussi bien dans ma vie personnelle que dans ma vie professionnelle de chirurgien. Ces deux passions se nourrissent mutuellement et c’est parce que j’allie les deux que je suis comblé. Confucius disait «Choisis un travail que tu aimes, et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie».
ALM : Qu’est-ce qui vous a motivé à former un orchestre et à faire des concerts grand public ?
Avec un groupe de médecins mélomanes, nous avons créé en 2012 un orchestre qui avait pour vocation de jouer et reproduire les grands classiques de la musique arabe. Ce collectif s’est rapidement élargi avec l’adhésion d’autres médecins mais également de musiciens professionnels qui enseignent au conservatoire. Nous nous étions rassemblés dans une amicale de pratique de la musique et du chant en chorale. En 2019 s’est tenu notre premier concert privé au complexe culturel Anfa et sa réussite nous a confortés dans l’élargissement de notre production au grand public.
ALM : Faire du public une chorale est un concept qui a émergé ces dernières années au Maroc. Pourquoi avez-vous choisi de reproduire ce modèle plutôt que de créer un concept propre au maestro Arsalane ?
Le concept des concerts participatifs, à l’image des théâtres participatifs, a effectivement gagné en popularité, aussi bien sur la scène marocaine que sur la scène internationale. Cela peut aisément se comprendre car le public est à la recherche de partage et d’expériences collectives.
Au Maroc, de nombreux artistes développent ce concept, dont le premier a été le talentueux Amine Boudchart dont je salue le travail et la réussite. Néanmoins, chaque artiste a un univers et un style particuliers. Notre ambition n’est pas de créer quelque chose de totalement inédit, mais de prendre ce concept de participation, de l’enrichir et de l’adapter à notre univers où les musiques nationales et orientales sont à l’honneur. La salle et la scène se confondent, nous adaptons notre production aux souhaits du public qui devient non plus spectateur mais pleinement acteur du concert.
ALM : Quel message souhaitez-vous transmettre à travers vos performances musicales ?
Ce que nous souhaitons transmettre avant tout à notre public c’est l’amour de la musique. En tant que médecin et musicien, je m’intéresse beaucoup à la musicothérapie qui est une approche nouvelle dans la prévention et le soin dans de nombreux champs de la médecine. Je suis convaincu des bienfaits de la musique sur le bien-être physique et mental de tout un chacun. Ensuite, nous retrouver dans une scène collective de création, avec une symbiose entre l’orchestre et le public, permet de créer du lien social, ce qui peut faire défaut dans nos sociétés modernes. Participer à un concert, c’est mettre de côté les difficultés du quotidien, le stress au travail et l’actualité anxiogène, pour profiter d’un moment d’émotion et de communion. C’est ce que nous dit le public et c’est ce que nous souhaitons continuer à lui offrir.
ALM : Avez-vous des projets futurs pour élargir l’impact de votre orchestre au sein de la scène artistique marocaine?
Notre ambition est de tenir la promesse d’un orchestre créatif et proche de son public. Nous souhaitons continuer de répandre nos représentations plus largement au sein du Royaume et de nous faire connaître auprès d’un public plus diversifié. Ainsi, notre aspiration sera toujours dans cette lignée : participer modestement à rapprocher les Marocains de la musique et faire honneur aux titres intemporels de la musique arabe.
Accroche : En tant que médecin et musicien, je m’intéresse beaucoup à la musicothérapie qui est une approche nouvelle dans la prévention et le soin dans de nombreux champs de la médecine.