Etude sur le traitement médiatique des migrations étrangères au Maroc : 72% des articles sont consacrés à la migration irrégulière

L’étude s’est basée sur un échantillon comprenant 31 journaux papier et numériques.  Résultats : Les résultats de la première étude relative au traitement médiatique des questions des migrations étrangères au Maroc viennent d’être dévoilés. La présence des femmes migrantes et des groupes vulnérables dans la couverture médiatique est quasiment inexistante. Le Réseau marocain des journalistes […]

Etude sur le traitement médiatique des migrations étrangères au Maroc : 72% des articles sont consacrés  à la migration irrégulière
   aujourdhui.ma
L’étude s’est basée sur un échantillon comprenant 31 journaux papier et numériques.  Résultats : Les résultats de la première étude relative au traitement médiatique des questions des migrations étrangères au Maroc viennent d’être dévoilés. La présence des femmes migrantes et des groupes vulnérables dans la couverture médiatique est quasiment inexistante. Le Réseau marocain des journalistes des migrations (RMJM) vient de publier sa première étude relative au traitement médiatique des questions des migrations étrangères au Maroc. Cette étude, réalisée par Mohamed Karim Boukhssas, journaliste et professeur universitaire à l’Université de Moulay Ismail à Meknès, a permis d’analyser le volume, l’étendue et la nature du traitement des questions de l’immigration étrangère dans la presse écrite et digitale marocaine. A noter que l’étude s’est basée sur un échantillon comprenant 31 journaux papier et numériques (27 médias digitaux et 4 médias de la presse écrite) sur une période bien précise (de décembre 2023 à juin 2024). Il ressort de cette étude que la sécurité et le contrôle des frontières sont les thèmes les plus abordés par les médias marocains, représentant à eux seuls près de la moitié de tous les articles, soit 49%. Ce chiffre se répartit entre 28 % pour les questions de sécurité et 21 % pour le contrôle des frontières. Les droits de l’Homme représentent 17 % des couvertures, un pourcentage significatif qui reflète l’intérêt porté aux questions des violations que subissent les migrants. La politique migratoire arrive en quatrième position avec un pourcentage de 14%. En cinquième position, le thème de l’intégration des migrants a représenté 9 % des couvertures. Le thème de la culture ne représente que 4%, l’asile (3%), la justice (2 %), tandis que la santé et l’économie se partagent 1% chacun. S’agissant des formes de couverture de l’immigration étrangère, l’étude a révélé que les reportages occupent la première place avec 33%. Autrement dit, près d’un tiers des couvertures médiatiques des questions migratoires reposent sur des reportages d’actualité. La brève arrive en deuxième position avec 28%, suivie de la nouvelle détaillée avec 24%. Ensemble, ces trois genres constituent la majorité de la couverture médiatique, avec un total de 85%. Les résultats de cette étude ont montré que le traitement des questions de migration étrangère est réalisé avec une approche informative avec un ton neutre, sans recours à une démarche analytique ou de terrain. 85% des contenus analysés appartiennent aux genres journalistiques«actualités», un chiffre qui reflète l’orientation des médias marocains vers une transmission rapide et neutre des nouvelles. Par ailleurs, les résultats révèlent la domination de la migration irrégulière dans la couverture médiatique marocaine, avec 72 % des articles consacrés à ce sujet, ce qui signifie que plus des deux tiers des publications des médias se concentrent sur les tentatives de migration clandestine aux frontières, que ce soit par voie terrestre ou maritime, ou sur les arrestations et les opérations de sauvetage de migrants en mer par les autorités. En revanche, les couvertures liées à la migration régulière ne dépassent pas 3%. Quant aux réfugiés, la couverture de leurs situations est la plus faible, ne dépassant pas 2%. Par ailleurs, la présence des femmes migrantes et des groupes vulnérables dans la couverture médiatique est quasiment inexistante. En effet, l’étude révèle que la représentation des femmes migrantes est quasiment inexistante. Sur les 184 articles de l’échantillon, seuls trois les évoquent, représentant ainsi moins de 2 % des couvertures. «Cette couverture limitée, tant dans la forme que dans le fond, appelle les médias marocains à œuvrer pour un équilibre plus important dans la couverture des questions de migration étrangère à l’avenir, en mettant en lumière les récits des femmes migrantes de manière globale, en valorisant leurs expériences positives et leurs défis», note l’auteur de l’étude. Il est aussi important de signaler que les sources citées dans les contenus se limitent très souvent à des sources officielles, avec une faible présence de sources diversifiées (ONG, experts). Ainsi, les sources officielles (responsables et documents émanant de sources officielles) constituent la majorité des intervenants dans la couverture des questions migratoires (45 %), suivies des experts (13,5%). Quant aux migrants, ils ne représentent que 3% des citations dans les contenus. En analysant le contenu publié par les médias marocains, l’enquête révèle une absence totale de focus sur les groupes marginalisés ou vulnérables dans la couverture médiatique, qu’il s’agisse de mineurs, de personnes en situation de handicap ou de victimes de violences.