Financement public des partis politiques : Les précisions du président du Mouvement Tabalé

Dans une tribune intitulée : "Argent/partis politiques", le président du Mouvement Tabalé, Fabou Kanté, s'exprime sur le financement public des partis politiques en invitant les uns et autres à plus de relativisme sur cette question, car des milliards de nos francs ont été détournés, mais n'étaient pourtant pas destinés aux partis politiques.

Financement public des partis politiques : Les précisions du président du Mouvement Tabalé
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Selon lui, une plaquette a beaucoup circulé sur les plateformes, ces dernières heures, tentant à prouver que non seulement les fonds publics sont dilapidés à travers le financement des partis politiques, mais aussi pour nous convaincre que tout le tintamarre entretenu par les formations politiques est motivé par leur agonie financière. Il ajoute qu'il ne commente pas le dernier jugement. Cependant, pour ce qui est de la première approche du problème, il dit qu'il faut faire noter que ce montant de moins de 14 milliards et demi, lisible sur le document, alloué aux partis politiques en cinq ans, est assez insignifiant comparativement aux ressources financières qui se sont évaporées dans notre pays entre 2013 et 2018 à l'insu des partis politiques. Et de poursuivre qu'il n'y a pas nécessité de procéder à des démonstrations pour établir ce constat. Car, le rappel de quelques faits suffît. D'abord, rappelle-t-il, l'année 2014 avait été décrétée par feu IBK, comme Année de lutte contre la corruption. De tout son mandat, c'est en cette année que la corruption et les détournements de fonds ont paradoxalement atteint leur niveau le plus endémique. Tous les rapports fournis par les structures de vérification et de contrôle de l'Etat l'ont prouvé. Ces dizaines de milliards ne sont pas allés aux partis politiques.  Ensuite, il propose de remonter un peu plus loin dans l'histoire. En juillet 2010, dit-il, dans un rapport produit par la CIA sur les enjeux de la corruption en Afrique de l'Ouest, on pouvait clairement relever cette information assommante selon laquelle le Mali était classé sur la liste des pays les plus injustes au monde, au motif que 1 % des Maliens accumulait plus de 95 % des richesses nationales. Pis, déplore-t-il, toujours selon le même rapport, tout le réseau de corruption était organisé et animé au Mali par un groupe de moins de 600 personnes... Ces centaines de milliards n'ont pas été engloutis par les partis politiques. Enfin, il dit que les extorsions massives de fonds sur le budget alloué à l'Armée malienne, dans le cadre de la loi de programmation militaire, ont soulevé un séisme médiatique et politico-économique au Mali ces dernières années. "Un ancien Premier ministre y a même perdu la vie, dans des circonstances toujours non élucidées, ce qu'il y a de plus cher et de plus important pour l'homme, c'est à dire la vie", fait-il remarquer. A ses dires, au moment où il écrit ces mots, une ancienne ministre incarcérée depuis des années risque  le même sort. Pourtant, la gestion de près de 1500 milliards mis à la disposition de l'Armée, était pratiquement assurée en terme de décaissements, par des officiers supérieurs rattachés ou non aux structures relevant des Forces de défense et de sécurité. Ces milliards détournés n'étaient pas destinés aux partis politiques. Avant de renchérir qu'il a très peu de sympathie pour les partis politiques au Mali mais de préciser qu'ils ne sont pas tous mauvais. Depuis 2008, rappelle-t-il, il a dit et écrit, il n'a toujours pas changé de position. Mais faire sortir des légèretés pareilles dans l'unique but de monter davantage l'opinion publique contre les partis politiques, est une grave insulte à l'intelligence et à la mémoire des Maliens. De son point de vue, "sur des problématiques aussi  profondes et complexes que la corruption, le détournement du denier public… c'est nous tous, corps habillé et non habillé, qui devrions nous remettre en cause. Bien sûr que les niveaux d'engagements ne sont pas identiques, mais la responsabilité collective est incontestable". Pour finir, il conseille que nous avons intérêt à nous occuper de nos vrais problèmes, au lieu de continuer à monter des Maliens contre d'autres. "La finalité d'un tel stratagème est connue de tous", conclut-il.                                                                Boubacar Païtao