Acculée par l’épidémie de coups d’Etat en Afrique et la vague anti-française, Paris a entamé depuis quelques mois une réduction voire un remodelage de sa présence militaire sur le continent africain.
Après le clash entre Paris et Bamako, qui a entraîné le départ de la force Barkhane du Mali, la France s’était promise de revoir sa stratégie militaire sur le continent en inventant un nouveau modèle de partenariat reposant sur une réduction de ses effectifs militaires déployés et sur une augmentation de l’offre de formation, d’accompagnement et d’équipements.
A travers nos analyses et les causeries avec les populations sahéliennes en l’occurrence maliennes, nigériens, burkinabè et tchadiens, le développement du sentiment anti-français sur le continent, a atteint des sommets jusque-là inégalés.
Il faut le dire, il ne fait plus bon être Français au Sahel et encore moins militaire français où les populations estiment à tort ou à raison que les groupes terroristes qui sèment la mort et la désolation dans la région, bénéficient de la complicité de la France.
C’est dans cette perspective que Paris a décidé de revoir sa stratégie en adoptant une approche plus souple, moins centralisée et adaptée aux besoins des pays concernés. Et c’est Jean-Marie Bockel qui a été nommé par le président français, Emmanuel Macron comme son envoyé personnel chargé de mettre en œuvre cette nouvelle stratégie de diminution des bases militaires permanentes, telles que celles de Libreville, Dakar ou Abidjan, qui mettent fin à leur fonctionnement traditionnel.
Cette diminution a déjà commencé. Le 17 septembre dernier, la France avait restitué aux autorités ivoiriennes son champ de tir et d’exercice militaire de Lomo-Nord, au centre du pays. Dans les prochains mois, la France rétrocèdera le camp militaire français situé dans la commune de Port-Bouët, au sud d’Abidjan.
On assiste déjà à une décrue du site qui comptait il y a peu de temps encore quelque 900 éléments français et aujourd’hui autour de 600 soldats. Paris table aux dernières nouvelles sur une réduction de ses effectifs similaire au Gabon, passant de 350 à 100 soldats positionnés. Idem pour le Sénégal.
Concernant Djibouti, aucun changement prévu pour les 1 000 hommes et femmes dans cette partie de la Corne de l’Afrique qui projette directement sur le canal de Suez, le Proche et Moyen-Orient.
Au même moment la France réduit ses effectifs sur le continent, les Etats-Unis intensifient sa présence militaire en Afrique. Si on fait les décomptes, les forces américaines estimées à 6 500 soldats sur le continent, opèrent en toute discrétion sur quatre zones, en fournissant des conseils et de l’appui logistique.
Depuis l’éviction de ses troupes du Niger, Washington œuvre activement pour redéployer son dispositif de sécurité en Afrique de l’Ouest. En ligne de mire, la menace terroriste au Sahel et sa descente vers le sud.
Pour tenter de contenir et combattre ces groupes armés, la Côte d’Ivoire et le Bénin semblent être au cœur de négociations. Déjà Abidjan a donné son feu vert à la création d’une base américaine à Odienné, dans le Nord-Ouest, où les groupes djihadistes menacent les pays du golfe de Guinée.
Les négociations sont toujours en cours entre Washington, le Bénin et le Togo pour la création d’une base américaine.
Ousmane Mahamane