Les papiers d’état-civil constituent encore un casse-tête dans certaines parties du territoire national, notamment dans le département de Goudiry. Et le plus déplorable, c’est que les femmes sont les premières à en souffrir.
Par Abdoulaye FALL (Correspondant) – Dans certaines communes situées dans le département de Goudiry, trouver un extrait de naissance ou encore un extrait d’acte de mariage relève du parcours du combattant. L’éloignement du centre d’état civil principal est indexé. Il est logé dans la localité chef-lieu de la commune, qui est très éloignée des villages polarisés. Ce qui rend difficile les déclarations, ont témoigné des femmes interrogées. «Notre principal problème, c’est la position du centre d’état civil», a déploré Penda Sow. La dame n’est pourtant pas dans le lot. Elle a un extrait de naissance et une carte nationale d’identité. Elle a même eu la chance de fréquenter l’école. Actuellement en classe de Terminale, elle est à la recherche du premier diplôme universitaire, le baccalauréat.
Cela n’empêche, elle veut porter le combat de ses sœurs et mamans. «La situation que vivent la plupart de mes parents m’attriste profondément», dit-elle. Domiciliée au village d’Inallah, à moins d’une trentaine de kilomètres de Tambacounda, on l’a rencontrée au lycée de Kothiary. «Ici, les populations ne sont pas inscrites sur les registres d’état civil. Les femmes sont les plus touchées», relèvera Penda Sow.
Ce que confirment les sondages officieux. Sur un échantillon de 15 femmes rencontrées, seules 6 disposent de la carte nationale d’identité. Le reste n’est même pas inscrit sur les registres d’état civil. Toutes les dames rencontrées ont imputé cette situation aux parents et surtout à l’éloignement des centres d’enregistrement.
Toutefois, Penda, elle, pointe un doigt accusateur sur les autorités municipales. «L’éloignement des centres d’état civil est la principale cause», assure-t-elle. «Figurez-vous, dit-elle, un enfant né à Inallah et qui doit être déclaré à Koar, le village chef-lieu de la commune. C’est décourageant ! Il faut banalement faire près ou plus de 50 km pour s’y rendre. Voilà pourquoi les parents négligent la déclaration des enfants à la naissance.» La conséquence, s’est désolée la jeune fille, c’est que beaucoup d’enfants de sa génération et des générations précédentes, et même actuelles, n’ont pas d’acte de naissance, parce que non déclarés. La situation est encore plus préjudiciable aux élèves, a noté la jeune fille.
«Beaucoup de nos enfants ont vu leur scolarité s’arrêter en Cm2, s’est désolée Fatoumata Diawara, une quinquagénaire rencontrée à Inallah. Faute d’extrait de naissance», explique-t-elle. «C’est un problème majeur ici, chez nous. Nous avons de brillants élèves qui, aujourd’hui, se sont retrouvés désœuvrés parce que leurs études ont été interrompues pour des problèmes d’extrait de naissance. A Inallah, Sinthiou Ngourou et Nguidiwol, toutes des contrées nichées dans le département de Goudiry, les populations ne sont pas normalement inscrites sur les registres d’état civil», a témoigné la quinquagénaire. La majorité des dames rencontrées n’ont même pas d’extrait de naissance, et ne parlons même pas d’extrait de mariage, ont constaté les médias dans la région.
Plaidoyer pour des centres secondaires
Aujourd’hui, ce que réclament les populations affectées, c’est l’ouverture de centres secondaires dans les villages trop éloignés du centre principal. Pour Penda Sow, il faut absolument créer des centres secondaires dans les villages éloignés de la localité chef-lieu de la commune. Seul moyen de permettre l’enregistrement des enfants à l’état civil. Sinon, assure-t-elle, le phénomène va persister au grand dam des populations, surtout des femmes.
«Nous appelons à l’accompagnement des autorités municipales pour la création de centres secondaires dans les contrées très éloignées du chef-lieu de la commune, ont plaidé les dames. Nous sommes fatiguées de la situation», se sont-elles plaintes.
Le manque d’accompagnement, un autre écueil soulevé
Dans ces localités, il n’y a pas que le problème de centres secondaires qui se pose. Les femmes ont aussi besoin de matériel pour alléger leurs travaux. Elles ont profité de la présence des autorités pour évoquer la problématique des financements. Elles ne les entendent qu’à travers les radios ou télévisions. Elles sont oubliées des politiques publiques de l’Etat, a déploré Penda Sow. Elle dit appeler à l’intervention des Ong et associations qui s’activent dans le développement pour accompagner les femmes de ces contrées lointaines. «Les Ong et les associations de développement doivent élargir leurs interventions pour davantage toucher de cibles. Ici, le problème fondamental, c’est le matériel d’allégement des travaux. Il n’y a pas de machine à moudre les grains, il n’y a pas d’eau courante, les femmes n’ont pas de financements.
Dans plusieurs localités, l’approvisionnement en eau se fait au puits. Ce qui prend la presque totalité du temps des femmes. Avec les financements, nous pourrons développer des activités génératrices de revenus. Ce qui aura un réel impact sur les bénéficiaires dépourvues de tout accompagnement», a plaidé leur porte-étendard.
Correspondant
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