Gouvernance de Transition : Mara pris dans le piège de sa « gouvernance vertueuse » ?

Va-t-on assister à un bras de fer judiciaire entre l’Etat et l’ancien Premier ministre Moussa Mara autour de ses droits acquis d’ancien chef du gouvernement ? C’est une loi du « tout ou rien » que l’ancien Premier ministre vient de subir en se faisant priver de son véhicule administratif d’ancien chef du gouvernement et de son garde […]

Gouvernance de Transition : Mara pris dans le piège de sa « gouvernance vertueuse » ?
   maliweb.net
Va-t-on assister à un bras de fer judiciaire entre l’Etat et l’ancien Premier ministre Moussa Mara autour de ses droits acquis d’ancien chef du gouvernement ? C’est une loi du « tout ou rien » que l’ancien Premier ministre vient de subir en se faisant priver de son véhicule administratif d’ancien chef du gouvernement et de son garde du corps. Ceci, après qu’il eut renoncé, à partir du mois d’août dernier, à percevoir ses indemnités d’ancien Premier ministre. Il déclarait à qui veut l’entendre que c’est en écho aux difficultés économiques de l’Etat, qu’il a voulu consentir ce sacrifice, celui de ne plus percevoir ces subsides de l’Etat, afin de « soulager le Trésor public qui souffre ». La décision était apparue comme populiste, puisqu’elle vise à montrer à l’opinion que Moussa Mara a un amour profond pour la patrie et qu’il était prêt à consentir des efforts pour le seul intérêt de l’Etat. Sans oublier que cette décision de Moussa Mara pouvait déranger de potentiels gouvernants qui ne seraient pas prêts à faire des sacrifices dans le même sens. C’est donc cet embarras qui a pu pousser la primature à déposséder son ancien locataire, Moussa Mara, de son véhicule et du garde du corps… Comme pour dire que si le président d’honneur du parti YELEMA veut consentir des sacrifices en faveur de l’Etat, à travers une gestion optimale de ses ressources, c’est la loi du tout ou rien qui s’applique. Et Issa Kaou Djim de commenter que « Mara n’a pas à faire, de façon sélective, sa gouvernance vertueuse en faveur de l’Etat ». Et d’expliquer que s’il veut renoncer aux subsides de l’Etat, il doit pouvoir renoncer aux autres avantages tels le véhicule, le passeport diplomatique, le garde du corps, etc. Or, pour  l’ancien Premier ministre Moussa Mara, il faut simplement que les dirigeants donnent de bons exemples dans le sens de la réduction du train de vie de l’Etat. Et lui a la latitude de renoncer à ses indemnités. Et ses détracteurs lui rétorqueront que celui qui peut se priver d’un œuf, peut se priver d’un bœuf ! » Cette situation  suscite le débat dans les rues et salons feutrés de Bamako au point que les uns et les autres n’excluent pas une suite judiciaire à cette polémique. En effet, les analystes se demandent quel développement aura cette affaire si Moussa Mara, dont on connaît l’attachement à la légalité, venait à saisir la justice. La loi permet-elle qu’un bénéficiaire de certains avantages de l’Etat, renonce sélectivement à certains de ces privilèges, en jouissant de certains autres ? Y a-t-il une jurisprudence dans ce sens au Mali ? Le juge, s’il venait à être saisi, pourra-t-il qualifier d’abus de droit la mesure consistant à priver l’ancien Premier ministre de son véhicule et de son garde du corps ? En clair, Moussa Mara n’a-t-il pas été finalement pris dans le piège de la gouvernance vertueuse, qu’il ne cesse de prôner ? N’a-t-il pas l’un des gouvernants qui parfaitement appliqué le principe de la déclaration du patrimoine à la prise de fonctions et à la fin de fonctions ? Ces questions méritent d’être posées, dans la mesure où renoncer à des droits acquis est une décision salutaire, surtout si le contexte y invite, est un acte de patriotisme. Et un tel comportement devrait, a priori, être encouragé et  salué. Comme ce fut le cas au Burkina Faso et ailleurs où des dirigeants ont renoncé publiquement à des ressources financières, en vue de soulager l’Etat à faire face à certaines exigences de crise. Mais la mesure visant à priver Moussa Mara des autres avantages pourrait dissuader toute autre autorité à s’inspirer de ces actes d’austérité et de sacrifices. Ce qui serait faire preuve d’une maladresse. Du reste, le président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, a aussi renoncé à ses fonds de souveraineté, pour les utiliser dans des œuvres sociales et humanitaires.  C’est donc des décisions que d’autres autorités de l’Etat, en fonction ou non, doivent prendre, dans l’intérêt exclusif du peuple malien. Sans aucune tentative de…représailles ! Boubou SIDIBE/maliweb.net