Aigrie, l’Algérie se lance dans une guerre hybride contre la France suite à son soutien à la marocanité du Sahara. Tous les coups sont permis. Décryptage.
Fini la rigolade. Les autorités françaises sifflent la fin de la récréation pour les hordes de pseudos influenceurs algériens à la solde du régime, qui se livrent à une véritable croisade numérique. Avec des milliers d'abonnés, ces “blédards de luxe” multiplient depuis des jours les appels à la violence sur le territoire français. Trois d’entre eux ont été interpellés, lundi, par les autorités françaises et placés aussitôt en détention. Il s’agit de Zazou Youssef, Imad Tintin et Doualemn, tous pris en flagrant délit d’incitation à des actes de violence et d’apologie du terrorisme au sein du territoire français, en usant de termes d’une obscénité inouïe. Un des accusés est allé jusqu’à appeler à "brûler vif, tuer et violer sur le sol français". Pour sa part, Imad Ould Brahim, dit Tintin, a attiré plus d’attention en s’en prenant aux opposants du régime algérien en France. La chasse aux charlatans ne fait que commencer. D’autres têtes risqueraient de tomber. Trois autres tiktokeurs sont d’ores et déjà dans le viseur des autorités après avoir été signalés. Parmi eux, la sulfureuse Sofia Benlemmane, qui dévoile ostensiblement ses liens avec le régime algérien et passe son temps à insulter la France et les Marocains dans ses vidéos. Tous partagent le même combat et se font les relais du régime algérien à l'Hexagone en n’hésitant pas à menacer publiquement les dissidents du régime, qui semble craquer face à la grogne populaire dont le slogan “manich-radi” est révélateur.
Une campagne de déstabilisation Cette armée d’influenceurs a grandi à une telle vitesse que les autorités françaises veulent y mettre fin. Le régime s’en sert depuis des mois pour embrigader ses sbires à l'Hexagone à des fins de déstabilisation. La France découvre ainsi une cinquième colonne qui utilise astucieusement le sentiment anti-français largement répandu au sein de la communauté algérienne pour faire pression sur la France. Contrairement à une grande partie de la classe politique française qui a souvent fermé les yeux sur l’ingérence algérienne, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, en fait un combat personnel. “Ne rien laisser passer”, a-t-il martelé sur X en réaction à l’arrestation des influenceurs. Comme si la désinformation ne suffit pas, les relais de la propagande algérienne en France veulent passer à l’action. Ces “inquisiteurs” parlent à visage découvert au service d’un agenda ouvertement politique et agissent en parallèle avec une armée de comptes anonymes impliqués dans une campagne de désinformation savamment orchestrée et souvent ciblée contre le Maroc. C’est une véritable guerre hybride que mène l’Algérie à travers ses agents d’influence, comme l’a fait savoir le lanceur d’alerte, Chawki Benzehra, qui a été derrière l’arrestation de Zazou Youssef et Imad Tintin, qui le menaçaient. Il a déclaré au micro d’Europe 1 qu’il s’agit d’une "campagne de terreur" dont la classe politique française doit prendre conscience. La Mosquée du régime ! La Mosquée de Paris est au cœur de cette offensive algérienne. Elle y serait impliquée, selon le lanceur d'alerte auquel a rétorqué violemment son recteur, Chems-Eddine Hafiz, dans un communiqué véhément où il l’a qualifié de blogueur obscur, sans épargner l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt. Le diplomate, qui connaît si bien les rouages de l’Etat algérien et ses liaisons obscures à l'Hexagone, a clairement laissé entendre, sur le plateau de CNews, que le recteur reçoit ses ordres de l’Algérie. “Je dirai au recteur qu’il s’occupe de religion et qu’il ne fait pas de politique, il n’est pas l’ambassadeur officieux de l’Algérie”, a-t-il asséné. Le recteur ou le diplomate auto-proclamé ! Chems-Eddine Hafiz est visiblement un proche du régime et notamment du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et ne s’en cache pas. Cet avocat de profession, souvent reçu au Palais d’El Mouradia, est un fervent porte-parole de son pays en France, bien que son statut exige une neutralité irréprochable. Sous son rectorat, la Mosquée de Paris s’est transformée en lieu de rassemblement de cette armée de “Moudjahidines” et un passage obligé des infiltrés du régime dans la diaspora algérienne. Par conséquent, la mosquée s’est détachée de son statut de lieu de culte pour devenir le quartier général du régime algérien au cœur de Paris. “Chems-Eddine Hafiz est loin d’être un homme de religion”, rappelle Hichem Aboud, expert et ancien officier de l'armée algérienne. Sahara : Le casus-belli Le recteur dévoile d’un jour à l’autre ses affinités avec le régime et se comporte parfois en ambassadeur officieux profitant du rappel de l'ambassadeur suite à la reconnaissance de la marocanité du Sahara. C’est là le cœur du problème, voire même le casus-belli. En mobilisant ses troupes à l'Hexagone, l’Algérie veut faire payer à la France la décision d’Emmanuel Macron. Le régime s’est radicalisé de façon inouïe depuis lors. En témoignent les propos extrêmement violents que le président Abdelmadjid Tebboune a tenus, le 29 décembre au Parlement, en ressassant les vieilles lunes de la colonisation. Fidèle à ses penchants vindicatifs, l’Algérie semble vouloir forcer la main à la France dans un bras de fer qui semble perdu d’avance puisqu’elle n’a réussi à faire plier aucun pays qui a soutenu la marocanité du Sahara malgré le chantage et les sanctions commerciales, comme ce fut le cas avec l’Espagne et d’autres pays latino-américains. La communauté algérienne, longtemps imprégnée de la haine de la France et du Maroc, sert ainsi l’arme de pression. “C’est une bombe à retardement”, s’indigne le géopolitologue Alexandre Del Valle dans un échange avec “L’Opinion”. Face à un tel chantage perpétuel, nourri d’une rente mémorielle infinie, plusieurs personnalités françaises appellent à la fermeté face à un régime qui ne comprend que les rapports de force. “Il faut maintenir un dialogue ouvert mais ferme avec l’Algérie, à condition que la France soit respectée. Si l’Algérie s’obstine à vouloir maintenir un rapport de force et l’entretenir à des fins de politique intérieure, il est évident qu’il faut assurer ce bras de fer”, plaide Frédéric Encel, expert en géopolitique convaincu qu’Emmanuel Macron a eu raison de trancher en faveur du Maroc sur la question du Sahara face à un régime qui se livre systématiquement à une sorte de victimisation rentière.
Trois questions à Pierre Lellouche : “ Le régime algérien vit de la détestation permanente de la France”
La France s’est réconciliée avec le Maroc au prix d’une fâcherie avec l’Algérie qui multiplient les provocations. Comment jugez-vous cette attitude ? - La réconciliation franco-marocaine était attendue et, à mon avis, elle aurait dû arriver bien plus tôt. Nous en avons eu assez de la politique de rapprochement permanent à l'égard de l'Algérie qui nous remercie en escaladant toujours avec les outrances, les accusations et les gestes extrêmement désagréables tout simplement parce que le régime algérien vit de sa rente mémorielle et de la détestation permanente de la France. La France est responsable de tout, à ses yeux, alors même que les générations nées après l'indépendance n'ont que faire de vivre dans les ressentiments supposés de la guerre d'indépendance. Celle-ci est finie depuis longtemps et je remarque que les Algériens sont la première population à venir s'installer en France après l'indépendance. Quel aveu d'échec ! Il faut que l'Algérie se prenne en main et cesse de sacrifier sa jeunesse qui trouve toujours refuge en France. Je dis les choses comme je les pense et comme le pensent beaucoup de Français. Est-ce que vous pensez que le régime est responsable de ce qui se passe aujourd'hui avec la communauté algérienne en France ? - Nous en avons un peu marre d'être insultés et, en plus, de voir une communauté algérienne pleine de ressentiment qui ne cesse de se gonfler, surtout les générations nées en France qui posent des problèmes complexes à cause de ce climat désagréable et délétère entretenu par le régime algérien. Comment la France doit-elle réagir face à l’Algérie dont le régime se radicalise de plus en plus ? - Malheureusement, la relation avec l’Algérie est gelée. Je vois mal ce qu'on peut faire tant que le gouvernement algérien exploite le ressentiment anti-français même s'il existe des intérêts communs, notamment dans la lutte anti-terroriste, la criminalité organisée et le retour des sans-papiers. Ce sont des domaines où l'on peut travailler ensemble, mais c'est très difficile. Littéralement, nous sommes submergés par des migrants illégaux qui sont venus faute d'avenir en Algérie.
Détention de Boualem Sansal : “L’Algérie se déshonore”
Le président français Emmanuel Macron a estimé, lundi 6 janvier, que l'Algérie se «déshonore» en ne libérant pas l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, arrêté à la mi-novembre à Alger. “L'Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires entre dans une Histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est”, a-t-il dit devant les ambassadeurs français réunis à l'Élysée. “Et nous qui aimons le peuple algérien et son Histoire, je demande instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal”, a-t-il ajouté. Critique du pouvoir algérien, Boualem Sansal, 75 ans, est incarcéré depuis la mi-novembre pour « atteinte à la sûreté de l’État » et se trouve dans une unité de soins depuis la mi-décembre. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a évoqué pour la première fois son arrestation le 29 décembre, le qualifiant d’”imposteur” envoyé par la France.
Chawki Benzehra : Le militant exilé qui défie Tebboune
Chawki Benzehra, opposant algérien réfugié en France, est devenu une figure emblématique du combat contre les réseaux à la solde du régime algérien. Depuis son arrivée en France, il dénonce les agissements de certains influenceurs qu'il accuse de propager un discours de haine et de violence, ciblant principalement les opposants au régime. À l’origine des récentes arrestations de deux influenceurs algériens en France, Benzehra considère ces figures comme les porte-voix d’une "campagne de terreur" orchestrée par le pouvoir d’Alger. Il affirme vivre un "cauchemar" marqué par des menaces de mort et des pressions incessantes, qu’il attribue à sa lutte contre les réseaux d’influence numérique liés au régime. Selon lui, ces influenceurs ont pour mission de dissuader et d’intimider les voix dissidentes, en utilisant des méthodes qu’il qualifie de "guerre psychologique". Benzehra s’inscrit dans une démarche de lanceur d’alerte, révélant les mécanismes d’influence déployés au-delà des frontières algériennes pour museler l’opposition en exil. Malgré les risques personnels et familiaux, il persiste dans son engagement, appelant les autorités françaises à mieux protéger les opposants algériens réfugiés sur leur sol. Ses déclarations, relayées par plusieurs médias, mettent en lumière la portée internationale de la répression algérienne et les moyens modernes employés pour l'exercer. Pour Benzehra, la lutte dépasse le simple cadre des influenceurs : elle touche aux libertés fondamentales et à la démocratie, deux idéaux qu’il s’efforce de défendre coûte que coûte.