Face à une production nationale en baisse et à une hausse des prix sans précédent, le gouvernement instaure un quota de 20.000 tonnes d’huile d’olive importée en 2025, exonérée de droits de douane et de TVA.
La filière oléicole marocaine traverse une crise sans précédent. Selon les prévisions du ministère de l’Agriculture, la campagne 2024/2025 enregistrera une baisse de 11 % par rapport à l’année précédente et une chute drastique de 40 % par rapport à une année de production normale. Ces chiffres inquiètent, d’autant plus que l’huile d’olive, considérée comme un aliment de base au Maroc, atteint des prix record, rendant son accès difficile pour de nombreux ménages. Le Maroc, comme d'autres pays méditerranéens, subit de plein fouet les effets de la sécheresse prolongée. La production nationale d’huile d’olive, principalement concentrée dans des régions comme Marrakech-Safi et Fès-Meknès, a souffert de conditions climatiques extrêmes. Ces perturbations ne sont pas limitées au Maroc : lors de la campagne 2023/2024, la production mondiale d’huile d’olive a déjà enregistré une baisse de 8 %, exerçant une pression supplémentaire sur les prix globaux. Cette situation a entraîné une flambée des prix à l’échelle nationale, provoquant des tensions sur le pouvoir d’achat des consommateurs. Dans ce contexte, le gouvernement a adopté une mesure exceptionnelle : l’importation exonérée de droits de douane et de TVA de 20.000 tonnes d’huile d’olive pour l’année 2025. Cette initiative vise à stabiliser les prix et à garantir un approvisionnement suffisant pour le marché national. Un dispositif exceptionnel pour 2025 Le ministère de l’Industrie et du Commerce a officiellement lancé un appel à candidatures destiné aux importateurs. Les demandes doivent être déposées au plus tard le 3 janvier 2025. Une commission interministérielle, comprenant des représentants des départements du Commerce, de l’Agriculture et de l’Administration des douanes et impôts indirects, supervisera la répartition de ce contingent tarifaire. L’importation concernera exclusivement les huiles d’olive vierge et extra-vierge, avec une période d’application allant du 1er janvier au 31 décembre 2025. Cette exonération fiscale représente un levier important pour contenir la hausse des prix, mais pose également des questions sur l’équilibre entre le soutien à la production nationale et les besoins immédiats des consommateurs. Quels défis pour la filière nationale ? Malgré les mesures prises, l’avenir de la filière oléicole reste préoccupant. Deux années consécutives de sécheresse ont entraîné une forte réduction des rendements, notamment dans des zones comme Marrakech-Safi, où des pertes significatives ont été rapportées. Certains oliviers, particulièrement vulnérables, ont même été desséchés. Toutefois, des experts restent optimistes quant à la résilience de la filière. La robustesse naturelle des oliviers et l’importance du verger marocain permettent d’envisager un redressement. Comme en témoigne l’exemple de l’Espagne, où une année de pluie hivernale a permis de récupérer une production optimale après une année catastrophique, une amélioration des conditions climatiques pourrait suffire à relancer la production. L’urgence des solutions durables Pour garantir la pérennité de la filière oléicole marocaine, plusieurs pistes sont envisagées. Parmi elles, l’adoption de techniques de pompage pour l’irrigation dans les zones affectées et l’amélioration des infrastructures hydrauliques. En parallèle, des politiques de soutien aux agriculteurs et des programmes de recherche pour développer des variétés d’oliviers plus résistantes à la sécheresse s’imposent comme des priorités. En dépit des incertitudes, les experts restent convaincus que l’huile d’olive continuera à jouer un rôle essentiel dans l’économie marocaine. Le défi consiste désormais à trouver un équilibre entre réponse aux besoins immédiats et vision à long terme pour un secteur vital, à la croisée des enjeux climatiques et économiques.