Le Festival international du film de Marrakech a rendu, lundi,soir un hommage appuyé au célèbre cinéaste canadien David Cronenberg. Considéré comme le «maître du body horror», ce génie a captivé des générations de cinéphiles grâce à ses explorations de l’horreur et des thrillers psychologiques.
Immense figure du cinéma hollywoodien et l’un des cinéastes les plus influents au monde, le Canadien David Cronenberg a été célébré, lundi 2 décembre, lors d’une cérémonie grandiose, organisée au Palais des congrès à l’occasion de la 21ème édition du Festival international du film de Marrakech. Créateur d’exception depuis plus d’un demi-siècle, David Cronenberg a reçu l’Étoile d’Or des mains de l’actrice allemande Diane Kruger. Très ému, le réalisateur canadien a prononcé une allocution devant la grande foule. Il s’est dit très fier et honoré de recevoir ce prix. «C’est pour moi un grand honneur et une immense fierté de faire partie d’une liste fabuleuse de tous ceux ayant reçu ce Prix avant moi», déclare-t-il, notant qu’ils ont, par leur art cinématographique, «tenté de donner un sens à ce monde et à nos existences mutuellement dépendantes». Le grand David Cronenberg n’a pas manqué de saluer l’hospitalité du Maroc et de ses hôtes. «Pour la magnifique hospitalité de ce pays, je dois remercier le Roi Mohammed VI et le Prince Moulay Rachid pour sa profonde gratitude envers le festival et ses organisateurs», dit-il.
Cronenberg : Une vision cinématographique unique
Lors de cette cérémonie, l’actrice Diane Kruger a livré un témoignage très touchant à son égard. Elle a témoigné : «L’œuvre de David Cronenberg a laissé une marque indélébile dans l’industrie cinématographique, définissant une ère qui mêle le grotesque et la profondeur et remet en question nos perceptions de la réalité et l’identité». Elle a ajouté en effet que «si l’on peut considérer ses films comme des explorations de l’horreur et des thrillers psychologiques, ils sont également ancrés dans la profondeur émotionnelle, laissant souvent le public aux prises avec des thèmes complexes». Et de relever que «sa capacité à allier le malaise à la clairvoyance a donné lieu à une expérience visuelle inoubliable». De l’avis de l’actrice allemande, «l’influence de David Cronenberg transcende ses propres films, en inspirant une génération de cinéastes désireux d’explorer les limites du genre et de la narration». Elle a expliqué que «la vision unique a ouvert la voie à une nouvelle compréhension de ce que le cinéma peut accomplir, en mêlant l’émotion au viscéral et le comique au tragique».
Il faut dire que David Cronenberg fait partie des figures singulières du septième art contemporain. Il est souvent associé au genre du «Body Horror». Il a toujours cherché à explorer les ténèbres de l’esprit humain, en utilisant le corps humain comme métaphore de l’angoisse et des mutations sociales et psychologiques dans ses films, comme en témoignent ses œuvres les plus emblématiques, à savoir «Shivers» (1975), «The Fly» (1986), et «Dead Ringers» (1988). Le dilemme technologie et humanité était également omniprésent dans toutes ses œuvres, notamment dans «Videodrome» (1983), où la télévision devient une extension du corps et de l’esprit, ou dans «eXistenZ» (1999), qui interroge les frontières entre réalité et virtualité. Le cinéaste reçoit trois prix pour l’ensemble de sa carrière, le Carrosse d’Or de la Quinzaine des cinéastes en 2006, le Lion d’or de la Mostra de Venise en 2018 et le Norman Jewison Career Achievement Award du Festival international du film de Toronto en 2024. David Cronenberg a également été nommé Compagnon de l’Ordre du Canada et a reçu la Légion d’honneur en France.
«Les Linceuls» : Un film plus personnel que jamais
La cérémonie d’hommage de David Cronenberg a été suivie de la projection de son nouveau film «Les Linceuls». Très applaudi par le public, ce film est un hommage à sa propre épouse, disparue il y a sept ans. C’est donc une œuvre très personnelle, dans laquelle le réalisateur imagine un lien qui puisse perdurer après la mort, au sein même de l’enveloppe mortuaire du défunt. Il raconte en effet l’histoire de Karsh, 50 ans, un homme d’affaires renommé. «Inconsolable depuis le décès de son épouse, il invente un système révolutionnaire et controversé, Grave Tech, qui permet aux vivants de se connecter à leurs chers disparus dans leurs linceuls. Une nuit, plusieurs tombes, dont celle de sa femme, sont vandalisées. Karsh se met à la recherche des coupables». Projeté au Festival de Cannes 2024, le film réunit les acteurs Vincent Cassel, Diane Kruger, Guy Pearce, Sandrine Holt, Elizabeth Saunders et autres.