Face aux sécheresses de plus en plus fréquentes, les agriculteurs marocains, traditionnellement habitués à cultiver le blé dur avec peu d’eau, peinent désormais à maintenir leurs activités, allant parfois jusqu’à abandonner leurs terres. « Nous préférons ne pas semer, c’est trop sec », témoigne Ahmad Lbidd’, agriculteur à Tiznit.
Dans le cadre du projet BOLD (Biodiversity for Opportunities, Livelihoods and Development) du Crop Trust, l’ICARDA et l’INRA ont mené des recherches intensives pour développer de nouvelles variétés de blé dur. Des centaines de variétés, issues d’espèces sauvages ancestrales, ont été testées dans les stations de recherche marocaines. L’objectif : tirer parti des caractéristiques naturelles de résilience de ces plantes anciennes, capables de survivre à des conditions climatiques extrêmes depuis des millénaires.
Dr Benjamin Kilian, scientifique à Crop Trust, a souligné : « Ces espèces sauvages, qui ont survécu à des millénaires de conditions climatiques extrêmes sans l’aide de l’Homme, renferment des traits essentiels pour créer des cultures résilientes capables de faire face aux pressions de la crise climatique actuelle. »
Depuis 2020, la variété de blé dur Jawahir est testée par les agriculteurs dans le cadre d’une évaluation participative. Résistante à la sécheresse, elle a démontré des performances supérieures, notamment durant la saison 2024-2025, où elle a produit plus de 15 quintaux par hectare dans les provinces d’Essaouira, Tiznit et Safi, contre moins de 10 pour les variétés plus anciennes.
Omar El Hroud, agriculteur à Essaouira, témoigne que Jawahir, testée dans le cadre du projet BOLD, a montré d’excellents résultats face à la sécheresse, avec des rendements très satisfaisants en seulement trois mois. « La prochaine saison, nous allons continuer à planter Jawahir dans nos fermes pour accélérer sa multiplication, car ces graines ont besoin d’arriver rapidement sur le marché. »
La diffusion à grande échelle de la variété Jawahir est essentielle pour une agriculture résiliente face au changement climatique. Le ministère de l’Agriculture a accéléré la production de semences grâce à une dérogation spéciale. L’INRA et ses partenaires visent une production commerciale dès 2027, dans le cadre de la stratégie nationale Génération Green 2020–2030.
Dr Filippo Bassi, responsable du projet BOLD à l’ICARDA, affirme avoir développé une variété de blé dur adaptée aux conditions très sèches, en collaboration étroite avec les agriculteurs.« Le défi désormais est de la diffuser à grande échelle. C’est ainsi que nous changerons réellement leur quotidien. »The post Jawahir : le blé dur marocain qui résiste à la sécheresse first appeared on FOOD Magazine.