Journaliste, mère, écrivaine et militante des droits de la femme, Kanda Tandina est une jeune femme inspirante ! À l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, l’auteure du poignant roman « Etre mère d’enfants drépanocytaires », nous partage son analyse de la condition féminine au Mali, en faisant la lumière sur le défi de l’autonomisation face aux multiples responsabilités des femmes. « Etre une femme n ‘est pas une faiblesse, c’est plutôt une force quand oan se fixe des objectifs à atteindre ! », soutient- elle mordicus
Maliweb.net : Le Mali célèbre cette année la Journée Internationale de la Femme sous le thème « Pour toutes les femmes et les filles : Droits, égalité et autonomisation ». Que vous inspire ce thème, en tenant compte du parcours des pionnières et leur relève ?
Kanda Tandina : Le 8 mars est une journée de commémoration et de réflexion. Elle rend hommage aux femmes du monde entier, rappelle les combats menés pour les droits fondamentaux : droit de vote, accès à l’éducation, l’égalité salariale et la reconnaissance de leur rôle dans la société. Cette journée est également le lieu de dénoncer les discriminations et les violences dont les femmes sont encore victimes sur le plan professionnel et dans la société.
Maliweb.net : Vous êtes femme, employée et mère, notamment d’enfants touchés par la drépanocytose. Comment conciliez-vous ces différents rôles au quotidien ?
Kanda Tandina : Exactement, j’endosse plusieurs rôles que je considère comme une force, et non une faiblesse ! j ‘ai de l’ambition, des rêves, et je refuse que ma vie privée empiète sur mon travail et vis-versa, il est important de trouver l’équilibre. Car, le travail est primordial, avoir un travail décent, et pouvoir contribuer aux charges de la famille permet de gagner le respect de tous. La société respecte la femme indépendante alors qu’une femme sans source de revenu, serait toujours en position de faiblesse, exposée aux brimades et humiliations. Bien que nous soyons dans une société patriarcale, j’exhorte les femmes au travail, ne dit-on pas que Seul le travail libère l’Homme !? La maladie des enfants ne vient qu’ajouter plus de complexité à mon organisation puisque la drépanocytose est une maladie à vie. En tant que mère, on ne peut que prendre soin de ses enfants quel que soit son état de santé. Mais, je le répète tout est question d’organisation, de programmation dans la vie et de volonté. La femme est douée pour faire mille et une choses à la fois !
Maliweb.net : Selon vous, quelle est l’urgent défi pour une pleine promotion de la femme au Mali ?
Kanda Tandina : Dans l’actuel contexte, l’urgence est de changer les mentalités, faire comprendre à la société que les femmes ont un rôle crucial à jouer, qui ne se limite pas à faire la cuisine. On doit favoriser son autonomisation, l’accompagner pour cela , quelque que soit le domaine où elle évolue. Il est également important d’encourager la masculinité positive afin que les femmes se sentent protégées et soutenues. On doit aussi s’atteler pour l’application de la loi 052 du 15 décembre 2015 relative au genre, une loi sur laquelle les femmes peuvent s’appuyer pour être plus représentative dans les instances de décisions, et booster l’égalité des droits et de chances. Nous devons surtout insister sur le changement de mentalité afin de permettre aux femmes de jouer pleinement leur partition, d’être de véritables actrices de développement du pays, avec un accès équitable aux opportunités, à la justice et autres. Il est essentiel de poursuivre les efforts pour garantir l’égalité des droits et promouvoir l’autonomisation des femmes. Pour terminer je dis qu’être une femme n ‘est pas une faiblesse, c’est plutôt une force quand on se fixe des objectifs à atteindre !
Interview réalisée par Khadydiatou SANOGO