La pensée de Kant est plus actuelle que jamais”, a affirmé, vendredi, le Conseiller de SM le Roi et Président fondateur de l’Association Essaouira-Mogador, lors d’un colloque international dont les travaux se sont prolongés tout au long du weekend à Essaouira, avec la participation d’un parterre d’éminentes personnalités des sphères académiques, scientifiques et culturelles.
S’exprimant par visioconférence lors de cette rencontre scientifique célébrant le tricentenaire de la naissance de Kant, l’un des plus grands penseurs de l’histoire occidentale, M. Azoulay a relevé que « trois siècles après sa naissance, la pensée de Kant est plus d’actualité que jamais et elle nous est particulièrement précieuse en ces temps où tout autour de nous fleurissent et renaissent tellement de régressions et d’archaïsmes ».
« Des archaïsmes qui sont aux antipodes de ce que disait et écrivait, à la fin du 18e siècle, le grand philosophe allemand », a souligné M. Azoulay, en rappelant la prophétie de Kant, pour qui « respecter l’humanité en autrui était la voie la plus directe et la plus sûre pour se respecter soi-même ».
« Ce postulat kantien résonne particulièrement fort lorsque l’on se trouve à Essaouira, et plus précisément à Bayt Dakira qui incarne par excellence la place que notre pays, fort du leadership de SM le Roi Mohammed VI, a su donner à la culture marocaine de l’altérité raisonnée et inspirée, ainsi qu’à la diversité, réacteur central de la singularité et de la modernité sociale du Royaume », a enchainé M. Azoulay.
« Rendez-vous souiri indicible et improbable, ce forum kantien à Bayt Dakira trouve toute sa légitimité lorsque l’on prend la juste mesure de tous ces rendez-vous manqués par un monde qui, trop souvent, tourne le dos à l’universalité des droits humains les plus fondamentaux, lesquels n’ont de sens que lorsqu’ils sont reconnus pour tous et éligibles à tous », a fait observer le Conseiller de SM le Roi.
« Là aussi, la pensée kantienne est chez elle à Essaouira », a ajouté M. Azoulay, faisant remarquer qu’ »il y a longtemps que l’on a compris qu’après Kant on ne pouvait plus penser comme avant Kant, qui, à la fin du 18e siècle, appelait déjà à l’urgence de mettre la rationalité de la pensée au service de l’idéal de l’universalité et de la paix ».
Pour M. Azoulay, « ce constat garde toute sa pertinence et fait écho à un autre crédo que Kant résume en trois questions; Que dois-je faire ? Que dois-je apprendre ? Que dois-je espérer ? »
« Une invite à la réflexion, à l’éducation et à l’éthique, trilogie existentielle que la Cité des Alizés s’efforce de faire sienne depuis la nuit des temps », a souligné pour conclure M. Azoulay.
De son côté, Abdellah Ouzitane, président-fondateur du Centre d’études et de recherches sur le droit hébraïque au Maroc, a mis en relief la pertinence de cette célébration du tricentenaire de Kant, qu’il considère comme « un symbole de rationalité et d’humanité », insistant sur l’importance pour les chercheurs de revisiter les idées de Kant pour éclairer les désordres actuels et renforcer l’idée d’une humanité partagée.
« Le Maroc, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, fidèle à ses engagements pour la paix et le respect de toutes les sensibilités, démontre ici sa volonté de favoriser une réflexion philosophique profonde, en mettant l’humain au centre de toute action », a-t-il affirmé dans une déclaration à la presse.
Pour sa part, Farid El Bacha, Président de l’Université Mohammed V de Rabat, a mis en avant l’importance de la pensée kantienne dans le contexte actuel, notant que les idées de Kant offrent des outils précieux pour réfléchir aux défis sociétaux contemporains, notamment en matière de coexistence pacifique et de respect des droits humains.
« Dans un monde où les tensions se multiplient, il est essentiel de revenir aux valeurs fondamentales que Kant défendait, telles que la raison et la dignité humaine », a ajouté M. El Bacha, également fondateur de la Maison Maroc pour la paix et la tolérance.
Prenant la parole à son tour, le maire de la ville de Tétouan, Mustapha El Bakkouri, a mis en évidence le rôle essentiel de la philosophie dans la construction d’une société éclairée, appelant les participants à réfléchir à la manière dont les valeurs kantiennes peuvent être intégrées dans les réalités contemporaines pour favoriser un climat de tolérance et de respect mutuel.
Même son de cloche chez Aziz El Aidi, Chargé de la coopération Européenne et internationale à la fondation allemande Konrad Adenauer-Stiftung, qui a exprimé sa conviction que les idées de Kant, en tant que fervent défenseur de la rationalité et de la morale, demeurent d’une pertinence vitale pour les sociétés contemporaines en quête de paix et de cohésion sociale.
D’autre intervenants ont, de leur côté, insisté sur le fait que la rationalité critique et l’éthique universelle prônées par Kant offrent des repères essentiels dans un monde marqué par des crises multiples, où l’individualisme et l’intolérance menacent le vivre-ensemble.
Les conférenciers ont également échangé sur la responsabilité des institutions académiques et culturelles à transmettre l’héritage kantien aux jeunes générations, afin de nourrir une culture de dialogue et de respect mutuel, notant que la pensée kantienne, bien que vieille de trois siècles, reste une boussole pour comprendre les relations humaines et les fondements de la coexistence pacifique.
Co-organisée par le Centre d’études et de recherches sur la culture et le droit hébraïques au Maroc, la Fondation Konrad Adenauer-Maroc et l’Association Essaouira Mogador, cette rencontre scientifique (25-26 octobre) a débattu de la pensée Kantienne en lien avec les transitions contemporaines éthiques, culturelles et sociales.
Placé sous le thème « La raison et la pensée comme principes de l’action humaine », ce colloque international a offert l’occasion d’explorer en profondeur la pertinence de la pensée de Kant face aux défis actuels, tels que la paix, la dignité humaine, la raison et la coexistence des cultures.
LNT avec MAP
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