Université annuelle du PPS
Compte rendu réalisé par M’Barek Tafsi et Khaled Darfaf
BENABDALLAH : Il est temps de mettre en œuvre la Constitution de 2011 et d’aller vers une monarchie parlementaire, un gouvernement et un parlement dotés de pouvoirs réels, une véritable décentralisation, une société civile dynamique et une presse libre et indépendante.
Le Parti du Progrès et du Socialisme a organisé, samedi 9 novembre 2024 à son siège national à Rabat, son Université annuelle autour du thème : « La politique d’abord… pour la réussite du projet démocratique et de développement», avec la participation d’une pléiade de dirigeants de partis politiques, d’universitaires, d’académiciens, de défenseurs de droits de l’homme et d’acteurs politiques, sociaux et médiatiques.
Ouvrant les débats de cette édition, le Secrétaire général du PPS, Mohammed Nabil Benabdallah a indiqué que le parti œuvre inlassablement pour la mise en œuvre saine et correcte de la Constitution de 2011 et reconnait à leur juste valeur les acquis réalisés dans tous les domaines et qu’il importe de valoriser et de protéger contre l’érosion. Malheureusement, ce qui se passe actuellement montre que l’on est en face d’une crise de l’action politique.
Pour faire face à cette situation, Nabil Benabdallah a proposé que les partis démocratiques nationaux définissent des objectifs à atteindre à travers surtout la mise en œuvre de la Constitution de 2011 et la mise en place progressive d’une monarchie parlementaire, comme le stipule cette Constitution, d’un gouvernement et d’un parlement dotés de pouvoirs réels, d’une véritable décentralisation, d’une société civile dynamique et d’une presse libre et indépendante.
Dans ce cadre, le Maroc a connu sans aucun doute un boom en matière de réformes importantes depuis le milieu des années 90, a-t-il dit…
Cet élan réformateur/démocratique a été couronné de succès, car il était le résultat de la convergence de deux volontés dans le cadre d’un contrat politique fructueux : une volonté royale de réformer, de moderniser et de changer, et une volonté de lutte partisane des composantes du mouvement démocratique national.
Mais force est de constater que depuis la fin de la première décennie de ce millénaire, au lieu de poursuivre l’effort réformateur, il y a eu des signes d’une tendance à la « libération » de ce contrat politique fructueux, sous prétexte que les forces démocratiques nationales ne sont ni qualifiées ni capables d’affronter la marée de l’Islam politique, ni de soutenir l’effort de la modernisation et des réformes.
Et dans un étrange paradoxe, des déviations sont apparues et se sont intensifiées dans le domaine politique, complètement à l’opposé des justifications sur lesquelles reposait ce nouveau discours à l’époque, a-t-il expliqué.
Ce qui a facilité ces déviations, c’est que les Forces démocratiques nationales (principalement la Koutla) ont réagi, en général, de manière timide et terne, et que leur position n’était ni unifiée ni ferme.
Et après l’apparition en 2011 du Hirak politique et social, cette orientation a disparu temporairement, pour laisser place à une Constitution très avancée, qui a constitué un bond constitutionnel, institutionnel, démocratique et des droits de l’homme, fort et décisif dans la marche nationale, au moins au niveau du texte.
Puis a émergé une expérience gouvernementale qui s’inscrivait dans ce contexte et qui expliquait la présence du PPS dans ce gouvernement, dans une démarche qu’il ne sied pas de détailler et d’évaluer ici.
En raison des hauts et des bas du conflit politique, les orientations négativistes y sont rapidement revenues, sous diverses formes, causant de graves dommages au positionnement de la politique, aux rôles de l’acteur partisan et à la crédibilité des institutions politiques, a ajouté le Secrétaire Général…
« Notre ambition est d’atteindre le meilleur pour la nation et le peuple, d’autant plus que l’édification de la démocratie est un processus long, ardu et toujours inachevé », a-t-il martelé.
Revenant à la tendance régressive et à la faible réaction politique des forces démocratiques nationales à ce sujet, Benabdallah a indiqué que d’autres facteurs ont facilité la prédominance de pratiques qui ont porté atteinte aux libertés en général, et à la liberté d’expression en particulier et tenté de mettre la main sur l’espace médiatique.
Ils ont ouvert la porte à l’ingérence dans les affaires des partis, sapant ainsi leur crédibilité et permis à l’utilisation à grande échelle de l’argent dans l’espace politique et électoral de se répandre d’une manière sans précédent, et conduit enfin de compte à un accès généralisé de la prévarication et de ses auteurs dans les institutions élues et les partis politiques eux-mêmes.
Tout cela, aussi grave soit-il, ne suffit pas à lui seul à expliquer toute cette situation critique que traverse l’espace politico-démocratique du pays et qui a d’autres causes tout aussi décisives et importantes :
Il importe en premier lieu de reconnaitre que les forces politiques, principalement démocratiques, ont malheureusement préféré s’occuper de questions et de différends secondaires au détriment du devoir d’unifier la parole face aux contradictions majeures, et au devoir de s’attaquer à toute atteinte à la position de l’action politique et à l’espace démocratique…
Il a fait savoir de même que l’Etat a la responsabilité de promouvoir une volonté forte et permanente pour la mise en œuvre de la Constitution et de tous ses contenus, de garantir des conditions neutres pour une concurrence honnête, juste et égale entre les programmes et les perceptions, et pour le renforcement des institutions politiques et partisanes afin qu’elles puissent être une soupape de sécurité pour la stabilité politique et sociale, et un défenseur de l’expérience démocratique, à travers des rôles réels et efficaces dans l’intermédiation institutionnelle entre l’Etat et la société.
Il a en troisième lieu rappelé la responsabilité du citoyen, notant que tous les éléments ne sont pas aujourd’hui attrayants et encourageants pour que le citoyen puisse s’impliquer et participer comme il devrait le faire dans le projet démocratique et de développement.
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