La situation en Syrie et les leçons à tirer

Résolution de la direction du parti communiste du 10 décembre 2024. Après 13 ans de résistance acharnée à l’ingérence militaire et aux lourdes sanctions économiques de l’impérialisme atlantique et sioniste, le gouvernement de la République arabe syrienne a dû céder : le président Bachar al-Assad a pu éviter des bains de sang inutiles en organisant […]

La situation en Syrie et les leçons à tirer
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Résolution de la direction du parti communiste du 10 décembre 2024. Après 13 ans de résistance acharnée à l’ingérence militaire et aux lourdes sanctions économiques de l’impérialisme atlantique et sioniste, le gouvernement de la République arabe syrienne a dû céder : le président Bachar al-Assad a pu éviter des bains de sang inutiles en organisant de manière responsable une transition du pouvoir aussi peu violente que possible face à des forces d’opposition écrasantes. La conquête de Damas par le groupe terroriste islamiste Hayat Tahir al-Sham (HTS) signifie également la fin de l’expérience d’un État multiconfessionnel et multiethnique dirigé par un gouvernement laïque d’orientation socialiste et avec la participation de diverses forces politiques laïques et progressistes (y compris les communistes et les syndicalistes) qui, pendant des décennies, a représenté un allié clé des peuples dans la résistance contre l’impérialisme, en commençant par le Palestinien et en finissant par le Vénézuélien. L’ingérence des différents pays occidentaux dans les affaires intérieures de la Syrie, qui dure depuis des décennies, a malheureusement été déterminante dans la déstabilisation irréversible du pays : outre les bombardements incessants d’Israël, l’embargo commercial imposé par les États-Unis et l’Union européenne a également eu des conséquences dévastatrices sur l’économie syrienne, avec une forte usure des conditions de vie quotidiennes des citoyens et des travailleurs. Le Parti communiste syrien, il y a quelques semaines encore, avait lancé un cri d’alarme, malheureusement resté lettre morte : malgré tout le patriotisme possible, la difficulté à maintenir la cohésion sociale mettait à mal la capacité de résistance de la nation. C’est malheureusement le cas. Ceux qui se réjouissent aujourd’hui en parlant de la chute d’un « tyran » devraient plutôt réfléchir à la suite : en espérant qu’un scénario comme celui que nous avons connu en Libye après l’intervention de guerre de l’UE et des États-Unis ne se produise pas. La décision de la Suisse de suspendre l’octroi de l’asile aux citoyens syriens est donc pour le moins hâtive : la guerre n’est pas encore terminée, l’instabilité règne en maître et les nouvelles autorités dépendent encore d’une organisation fondamentaliste. La garantie d’une amnistie pour tous les soldats ayant servi dans l’armée régulière est certes une nouvelle positive, mais elle ne suffit pas : il faut d’abord la vérifier dans la pratique ! Afin d’éviter un conflit mondial qui pourrait impliquer de nombreux autres pays de la région du Moyen-Orient, entraînant également d’énormes flux migratoires vers l’Europe et la Suisse, il reste aujourd’hui impératif d’œuvrer à la préservation de l’intégrité territoriale de la Syrie et d’éviter une balkanisation ethnique et religieuse définitive du pays. En ce sens, la critique que notre parti adresse depuis des décennies à cette partie de la gauche européenne qui a défendu jusqu’au bout (et de manière exclusivement idéologique) le séparatisme kurde au Rojava, dont le rôle d’agent de terrain de Washington est aujourd’hui très clair et sans excuse, s’avère également juste. Face à la fragilité désormais structurelle du « baathisme », on peut supposer que l’essentiel de l’entente trouvée entre les pays alliés (Iran et Russie) d’une part et la Turquie et les forces d’opposition syriennes d’autre part est précisément de tenter de sauvegarder l’unité nationale syrienne (déjà fortement compromise) et d’obtenir une garantie pour les bases militaires russes présentes afin de tenter d’entraver le dangereux expansionnisme tant du régime sioniste que des EU. Il est évident que la situation est toujours en mouvement et que l’équilibre des forces est toujours instable. Il y a des leçons à tirer de l’expérience syrienne pour tous les peuples qui veulent s’émanciper de l’impérialisme : avant tout, il est nécessaire de défendre l’État-nation, sans céder aux impulsions autonomistes, sans jamais se fier aux blandices de l’impérialisme atlantique et de ses instruments (comme le Fonds monétaire international), en promouvant les institutions républicaines en tant qu’élément communautaire et en œuvrant pour atteindre le plus haut degré possible d’indépendance et de souveraineté. Dans cette phase de l’affrontement géopolitique et de classe mondial en cours, la Syrie représentait malheureusement le maillon le plus faible de la chaîne, et l’impérialisme atlantique a saisi l’occasion : cela n’enlève rien au fait que le processus vers le multipolarisme est historiquement et économiquement donné, tout comme le déclin de l’Occident. Une remarque doit également être faite aux militants anti-impérialistes déçus d’aujourd’hui : c’est un sentiment humainement et politiquement compréhensible, mais une guerre est toujours faite de plusieurs batailles, et toutes ne peuvent pas être victorieuses de la même manière. Au contraire, il est temps de se réorganiser, de recalibrer notre analyse à la nouvelle phase, de ne pas céder à la guerre psychologique en cours, et de renforcer notre engagement militant organisé, car l’OTAN et l’Entité sioniste poussent toujours au déclenchement d’une Troisième Guerre mondiale. Notre priorité en tant que communistes doit rester la défense de la neutralité suisse et de la paix, la consolidation de la multipolarité et la solidarité avec les révolutions anticoloniales, à commencer par la révolution palestinienne, qui ne s’est certainement pas terminée avec la chute de la Syrie. Source: https://www.legrandsoir.info/