La gouvernance de Transition est-elle dans le creux de la vague ? Il semble que le pouvoir fait face à des difficultés qui le fragilisent. Il appartient donc aux plus hautes autorités d’agir pour inverser la tendance.
Rumeurs sur le retour, finalement avorté de l’Imam Mahmoud Dicko (tombé en disgrâce avec le pouvoir du Général Assimi Goïta), Vague de protestations face aux projets de taxes et redevance pour financer l’Etat, front social tendu avec des grèves et menaces de grèves, classe politique vent debout pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel normal, crise énergétique et prolongeant, crise sécuritaire toujours inquiétante, avec des attaques faisant des morts, etc. Le moins qu’on puisse dire est que le pouvoir de Transition n’a plus la popularité qu’il avait en 2020 et 2022. Ce qui est sûr, c’est que les autorités de Transition semblent en de sérieuses difficultés pour redresser le bateau Mali en train de tanguer. Même si tout le monde est conscient qu’il ne chavirera pas ! Ce bateau est, ces derniers jours, en proie à de violentes tempêtes menaçant sa navigation :
En effet, quand un pouvoir de Transition s’inscrit dans la durée, il finit par rencontrer des écueils les plus redoutables, comme pour tester sa solidité.
C’est ce que semble vivre le pouvoir de Transition, ces derniers jours. Car, le Général Assimi Goïta et ses collaborateurs au sommet de l’Etat apparaissent comme en proie à des vents silencieux de défiance et de désaccords.
Tout a commencé avec la crise du courant électrique que tout le monde avait crue de courte durée. Elle va bientôt boucler trois ans. Et les pouvoirs publics semblent dépassés…
En outre, la vie chère s’accentue, l’argent étant rare ; sans oublier l’insécurité alimentaire ou la famine, qui menace des populations. Et c’est en ce moment que l’Etat a choisi pour annoncer un projet de texte fixant de nouvelles taxes et redevances, notamment sur les télécommunications, les boissons alcoolisées, les médias, etc.
Ces initiatives suscitent des protestations et des récriminations au sein de l’opinion et surtout des organisations de la société civile. Et certaines de ces entités menacent même de montrer leurs désapprobations, à travers des manifestations de rue. Ce qui serait une épreuve à haut risque, quand on mesure le degré de mécontentement et d’insatisfactions des populations.
A cela s’ajoutent l’annonce du retour au pays de l’Imam Mahmoud Dicko, pour le vendredi dernier. Si ce retour (avorté) avait eu lieu, il n’est pas exclu que cela donne des sueurs froides aux autorités, tant ce leader religieux arrive à drainer des foules et s’inscrit dans une posture avant-gardiste et de défenseur des peuples. « La Justice malienne veut nous empêcher de dire non, mais on dira non », martelait-il dans l’une de ses sorties, avant son départ du pays pour se… réfugier en Algérie. C’est peut-être ce qui a motivé un grand déploiement des forces de défense et de sécurité à Bamako et dans la zone aéroportuaire pour attendre ce retour, qui n’a finalement pas eu lieu. Mais ce qui est sûr, c’est que le pouvoir semble essuyer des vents de jauge de sa popularité, nettement en baisse. Le moment n’est donc pas indiqué pour le retour de cet imam, qui peut avoir des capacités de nuisances. Surtout en ces temps où les promesses des autorités tardent à se réaliser.
Par ailleurs, au moment où la classe politique est remontée contre la lenteur du retour à l’ordre constitutionnel et contre certaines mesures de la relecture prochaine de la charte des partis politiques, un retour de l’imam Dicko apparaît très risqué. Quand on sait que son mouvement politique, la CMAS avait été déjà dissout par le gouvernement. Tous les éléments, ajouté au front social en ébullition, mis bout à bout, constituent des nuages ou des vents et tempêtes qu’il faut calmer le plus rapidement possible.
Un programme de concertations avec les forces vives du pays pourraient servir et calmer les ardeurs et impatiences.
Boubou SIDIBE/maliweb.net