La Transition sur tous les fronts : Comment réussir quand tout est prioritaire ?

Comment concrétiser le mieux-être, avec des ressources très limitées, dans un environnement où tout est prioritaire ? C’est la situation peu enviable des autorités de la Transition. Le contexte de la Transition malienne est marqué par d’énormes défis, tels que la menace terroriste, la lutte contre la corruption et l’impunité, divers défis socio-économiques comme la pauvreté, […]

La Transition sur tous les fronts :  Comment réussir quand tout est prioritaire ?
   maliweb.net
Comment concrétiser le mieux-être, avec des ressources très limitées, dans un environnement où tout est prioritaire ? C’est la situation peu enviable des autorités de la Transition. Le contexte de la Transition malienne est marqué par d’énormes défis, tels que la menace terroriste, la lutte contre la corruption et l’impunité, divers défis socio-économiques comme la pauvreté, la vie chère, le chômage, les effets induits du changement climatique, avec des inondations ayant fait d’énormes dégâts, l’insécurité dans les zones de productions agricole, l’entretien routier déficitaire, etc. En effet, le projet de rupture, sur lequel le pouvoir de Transition du Général d’Armée Assimi Goïta s’est engagé imposait un certain nombre de sacrifices. Ceux-ci étaient liés à la lutte pour réaffirmer la souveraineté du pays. Ce qui s’est fait dans la douleur, avec le congédiement de la France néocoloniale. C’est ainsi qu’est intervenue la rupture avec la France, le renvoi de la force Barkhane et ses corollaires, comme la MINUSMA et autres. Ces événements ont donné du fil à retordre aux autorités de Transition, qui ont dû s’investir davantage et de façon imprévue dans la lutte contre le péril terroriste. Surtout que les groupes terroristes avaient fini par développer certaines accointances avec les « partenaires occidentaux ». Ce qui a obligé les autorités de transition à déployer de gros moyens en faveur de l’outil de défense national. On se retrouve avec plus 25 % des ressources financières de l’Etat affectées à l’équipement des Forces de défense et de sécurité. Comment un pays aux ressources aussi limitées peut-il se sortir d’affaires avec une telle hémorragie  financière ? Sans compter qu’avec la rupture d’avec les puissances néocoloniales, l’Etat s’est finalement privé d’aide budgétaire extérieure. Ce qui réduit drastiquement les capacités des autorités, pourtant obligées d’être au four et au moulin, tant le pays doit continuer de vivre. Or, l’un des chantiers majeurs de la gouvernance porte sur la lutte contre la corruption, l’amélioration du quotidien des populations, passant par la lutte contre le chômage, la lutte contre la vie chère, etc. Ce qui pousse les autorités à multiplier les efforts en vue de nouer de nouveaux partenariats  susceptibles de combler les attentes. Les axes de coopération avec la Russie, la Chine, la Turquie ont été renforcés, mais les retombées peinent à faire augmenter les ressources requises. A titre d’exemple, les délestages électriques, l’insécurité alimentaire, la cherté des prix des denrées de première nécessité, les dégâts liés aux inondations n’ont pas pu être bien jugulés.  En dépit du fait que les autorités sont sur tous les fronts, le mal-vivre demeure une préoccupante réalité. Et les populations font face à de grosses difficultés pour assurer leurs charges quotidiennes. Sans oublier que la pénurie du courant électrique a compliqué la situation des travailleurs. Car, plusieurs agents des entreprises ont été licenciés pour motif économique, du fait des charges supplémentaires générées par les coupures du courant électrique (consommation de carburant par les groupes électrogènes). Ce qui aggrave le fléau du chômage avec plusieurs familles qui ont vu leurs revenus diminuer. Il s’ensuit qu’aujourd’hui, de nombreux familles peinent à s’offrir deux repas par jour. Ceci, malgré les efforts du Commissariat à la sécurité alimentaire fournissant des dons de vivres aux familles les plus vulnérables. Au même moment, certaines zones du pays vivent gravement la menace de la famine, puisque des terroristes ont sérieusement perturbé les cultures et les récoltes. Alors que les autorités ont déployé la grosse artillerie pour la sécurisation de l’ensemble du territoire. Sauf qu’avec cette guerre asymétrique contre les groupes armés terroristes, il est difficile au ministère de la Défense de contrôler tous les cercles et hameaux du vaste territoire national. Même si le vecteur aérien, renforcé à coût de milliards F CFA, n’empêche pas les forces du mal de semer encore la peur au sein des populations. Par ailleurs, avec autant de ressources financières injectées dans la sécurisation du pays, d’autres secteurs socio-économiques se retrouvent presque délaissés ou sans solutions. Tel est le cas des dégâts occasionnés par les inondations et qui ont obligé les autorités à reporter la rentrée scolaire. Cela n’a pas empêché les victimes de ces pluies diluviennes de broyer du noir, avec une assistance insuffisante. De même, au niveau des transports, le gouvernement n’arrive plus à assurer l’entretien routier. Ce qui fait que l’on a l’impression qu’il n’y a plus de route à Bamako. Car, de nombreuses artères de la ville sont totalement crevassées, laissant apparaître une épaisse couche de poussière dans la circulation. Où est le ministre des Transports et des infrastructures, Mme Dembélé Madina Sissoko ? Elle doit certainement manquer de ressources pour faire face à ses charges. Car, les  plus belles ambitions ne suffisent pas à elles-seules pour apporter des solutions aux besoins d’un pays où tout est prioritaire. Dans le domaine de la santé aussi, les besoins sont criards et appellent à plus d’actions de soutien. C’est pourquoi l’on assiste à des besoins par rapport à certains équipements médicaux. Car, les appuis de certaines structures de coopération, dont certaines ONG, certains fonds d’aide occidentaux s’estompent. Or, les ressources du ministère de la Santé apparaissent tout aussi limitées. Alors que la ministre de la santé et du développement social se bat, sans répit, avec toute son énergie pour combler les attentes dans ses secteurs. Il urge que les plus hauts dirigeants réfléchissent aux voies et moyens de renégociation avec les partenaires traditionnels du pays, pour de nouveaux appuis budgétaires. Sans cela, le Mali retrouvera sa fierté ou sa souveraineté, mais aura d’énormes difficultés de subsistance, tant nos ressources propres sont trop limitées. Boubou SIDIBE/maliweb.net