A peine réaménagé, avec bien sûr quelques départs, le gouvernement du Général de Division Abdoulaye Maiga a tenu son tout premier conseil des ministres sous la haute présidence du Général d’Armée Assimi Goita, Président de la transition. Cette première traditionnelle réunion hebdomadaire des ministres a été non seulement l’occasion d’un premier contact entre le Président et ses ministres, mais aussi et surtout elle a permis au Président de la transition de proposer une feuille de route au gouvernement déclinée en huit points essentiels, à savoir la Défense et la sécurité, les réformes politiques et institutionnelles, la satisfaction des besoins fondamentaux de la population, l’amélioration de la couverture sanitaire du pays, l’amélioration du système éducatif, l’apaisement du climat social, le renforcement de notre diplomatie et l’organisation d’élections transparentes et apaisées. Après avoir pris connaissance des huit priorités, quelques questions de compréhension taraudent mon esprit, la première est celle de savoir si les autorités sont conscientes du fait qu’elles ne sont qu’en transition et non en régime normal. La seconde est celle de savoir si elles mesurent la gravité de la situation socioéconomique voire sécuritaire, consécutives à notre isolement et à la période exceptionnelle que le traverse. La troisième question est celle de savoir si elles sont dans des bonnes prédispositions à mettre un terme de sitôt à la transition en organisant des élections transparentes et crédibles, car pour rappel, cette priorité n’est que la dernière des huit que renferme la feuille de route.
La transition malienne s’achemine vers sa cinquième année, l’équivalent d’un mandat électif sous nos tropiques. Elle peine à trouver des solutions idoines aux préoccupations majeures de la population. Le peuple malien subit un supplice moral et physique et ne sait plus à quel saint se vouer, malgré toutes les difficultés les autorités de la transition persistent à se maintenir et à préserver leurs pouvoirs. Rien qu’à en juger par le bilan de quatre ans, on en déduirait que les attentes n’ont pas été comblées pour ne pas dire qu’elles ont été largement déçues. Au lieu de tirer tous les enseignements de ce chaotique bilan de quatre ans de gestion de la transition afin de parer au plus pressé pour un retour à la normale, les autorités sont plutôt obnubilées par le pouvoir et n’entendent le céder d’un iota. La feuille de route qui est celle proposée au nouveau gouvernement est presqu’un programme quinquennal d’un gouvernement légitime, alors que nous sommes en transition, qui par définition est une courte période au cours de laquelle certaines réformes sont menées afin de consolider les institutions et de rendre crédibles les décisions des gouvernants, avec comme finalité la tenue d’élections pour doter le pays d’institutions légitimes et légales. Les transitions les plus efficaces et les plus réussies sont celles qui ont été les plus inclusives, les plus courtes possibles et qui ont permis de dégager un large consensus autour des grandes réformes dont la finalité est l’organisation des élections crédibles et transparentes. Les autorités de la transition ne donnent pas cette assurance, elles s’éloignent d’ailleurs chaque jour de cet ultime objectif pour ne se préoccuper que des priorités qui sont des missions d’un Président élu. Les huit points de la feuille de route sont tous prioritaires, mais leur réalisation ne saurait être faite à court voir à moyen terme ; ils demandent plus de stabilité, plus de sécurité pour relancer l’économie et plus d’ouverture vers l’extérieur afin d’attirer les investisseurs. Une transition ne saurait jouir d’une telle confiance d’où l’appel pressant d’une frange importante du peuple à aller aux élections pour sortir de cette catastrophique situation.
Quand la huitième priorité, à savoir l’organisation d’élections devient logiquement la deuxième après la Défense et la sécurité
Une transition qui se veut efficace doit s’atteler à ces quelques grandes priorités, à savoir l’amélioration des conditions sécuritaires et sociales, la défense de l’intégrité territoriale pour permettre aux populations de se mouvoir sur toute l’étendue du territoire et enfin la tenue des élections à la fois inclusives transparentes et crédibles et dont les résultats seront acceptés par tous les acteurs afin d’éviter une crise postélectorale aux conséquences dramatiques. Toutes les autres priorités pourraient être réalisées par un Président démocratiquement élu. Le hic est que ces priorités ne sont pas nouvelles, elles sont là depuis quatre ans et aucune solution véritable n’a été trouvée, la preuve est que la population broie du noir. Si dans les domaines de la sécurité et de la défense des gros efforts ont été déployés, tout comme les réformes politiques et institutionnelles. Ni la satisfaction des besoins fondamentaux de la population, ni la couverture sanitaire, encore moins la diplomation et l’amélioration du système éducatif n’ont connu aucun progrès, la situation dans ces différents domaines va de mal en pis. Faute d’investissements, de relance économique, et d’ouverture vers des horizons prometteurs rien de consistant ne serait construit d’où le cri d’alarme pour une sortie rapide de la transition afin de renouer les relations diplomatiques avec l’ensemble des Etats sans apriori ni discrimination afin d’amorcer véritablement le développement soulager les pauvres populations.
Youssouf Sissoko