Le ghosting : Une épidémie silencieuse des relations modernes

Mieux communiquer, mieux vivre… Le «ghosting» participe à une culture de l’évitement et de l’individualisme, où l’on privilégie ses propres intérêts au détriment des relations. Le «ghosting», ce phénomène où une personne coupe brutalement tout contact sans explication semble avoir envahi tous les aspects de notre vie relationnelle. Si, à l’origine, il était surtout associé […]

Le ghosting : Une épidémie silencieuse des relations modernes
   aujourdhui.ma
Mieux communiquer, mieux vivre… Le «ghosting» participe à une culture de l’évitement et de l’individualisme, où l’on privilégie ses propres intérêts au détriment des relations. Le «ghosting», ce phénomène où une personne coupe brutalement tout contact sans explication semble avoir envahi tous les aspects de notre vie relationnelle. Si, à l’origine, il était surtout associé aux relations amoureuses, ce comportement s’étend désormais aux sphères professionnelles, amicales et collaboratives. Pourquoi ce mode de rupture si abrupt et souvent déconcertant est-il devenu si courant ?! Le «ghosting», plus connu dans l’univers «sentimental», est l’équivalent d’un silence assourdissant… Tellement muet qu’on entend que lui !!! Dans ce cadre supposé romantique, le «ghosting» est devenu une pratique tristement banalisée et exacerbée par les outils numériques. Une jolie rencontre, prometteuse, des échanges réguliers, puis, du jour au lendemain, un silence radio des plus surprenants et des plus moches ! Des messages et des appels sans réponses, aucun signe de vie ! Ce retrait soudain laisse la personne abandonnée avec un mélange de confusion, d’incompréhension et de blessure. Un choc ! «Ghostés» et «ghosteurs» ne sont alors plus liés que par cette brutale, soudaine, non anticipée et si violente, absence de contact… Comment expliquer un si dur silence ?! Le plus souvent né de la peur de confrontation, ce qui justifierait peut-être que nombreux sont ceux qui préfèrent éviter une discussion potentiellement difficile ou inconfortable. Né souvent aussi de fausses promesses directes ou indirectes qui, elles, ne sont pas forcément nées de mauvaises intentions mais de trop de tentations ! Ahhh la tentation, elle mériterait que nous lui consacrions une prochaine chronique vous et moi ! La digitalisation des interactions humaines a également facilité ce retrait anonyme, rendant le «ghosting» non seulement possible, mais tentant et à portée de main ! Le triste et douloureux phénomène «ghosting» se prolifère également dans les relations amicales. Je le décrirais comme une fuite émotionnelle, un abandon émotif et une capitulation émouvante…Et, bien oui ! Même dans les amitiés, le «ghosting» n’épargne personne ! Il arrive qu’un ami s’éloigne, refuse de répondre, ou disparaisse sans raison apparente. Une situation particulièrement affligeante et amère, qui remet en question toute la sincérité des liens partagés. Ici encore, la peur de la confrontation joue un rôle central. Parfois, des désaccords ou un simple éloignement naturel poussent certaines personnes à éviter une explication. Pourtant, un dialogue honnête, bien que difficile, permet le plus souvent de mieux comprendre et d’accepter une telle distance. Mieux communiquer, pour mieux vivre ! Le désespérant, désespéré, désillusionnant, désillusionné, désappointant, désappointé, dégrisant, dégrisé, contrariant et contrarié «ghosting» existe dans les relations professionnelles et collaboratives également. Il se plaît à les abîmer elles aussi ! Oui les abîmer, car c’est un destructeur pro ! Oui ! Au-delà du cadre personnel, le «ghosting» s’immisce désormais dans le monde professionnel. Une collaboration naît, un partenariat se profile, des échanges sont initiés… puis, plus rien ! Une fois l’information ou l’aide obtenue, la personne disparaît, ne répond plus aux relances et semble prioriser d’autres opportunités. Elle tourne son dos définitivement ou provisoirement selon un futur besoin ou non, concernant la personne qu’elle a «ghostée» professionnellement… Tout ici est une question d’intérêt et d’intéressement ! Ce type de «ghosting» est d’autant plus frustrant qu’il va à l’encontre des principes de respect et de professionnalisme. Lorsque l’engagement pris n’est pas honoré ou qu’aucune explication n’est donnée, il devient difficile, voire impossible, de poursuivre un travail collaboratif serein. Ce comportement mine également la confiance nécessaire à toute relation professionnelle. Un total manquement d’engagement, de responsabilité, d’éthique et de bon sens aussi…Car qui vivra verra, car la roue tourne, car tout plein de choses… !!! Les raisons derrière ce navrant «ghosting» sont multiples. J’ai cité la peur de la confrontation qui signifierait éviter les échanges délicats et les conflits, souvent très utiles pour construire des relations solides et engagées. Je rajouterai la priorisation personnelle qui reviendrait pour certaines personnes à placer leurs propres besoins au-dessus de leurs engagements relationnels. Aucune place ici à l’empathie, l’écoute, l’esprit de couple, d’équipe, d’amitié… C’est le tout aussi déstabilisant «après moi le déluge» qui prime ! En parlant d’empathie, il arrive que le manque d’empathie lié au mode de communication numérique réduise parfois la conscience de l’impact émotionnel et peut être considéré comme un des facteurs responsables du «ghosting». Ce malheureux «ghosting» dont je vous dépoussière les coins et recoins aujourd’hui, laisse souvent la personne «ghostée», abandonnée avec un sentiment d’inachevé. Il crée un vide dans lequel se mêlent et s’entremêlent doutes, frustrations et parfois même culpabilités. Dans le monde professionnel, cela peut participer à nuire à la réputation et au réseau de la personne qui «ghoste», car ce comportement finit par ternir son image de fiabilité. J’en parle d’ailleurs clairement sur mon émission podcast «Déclic» que vous pouvez retrouver et visionner sur mes réseaux sociaux. En gros, le «ghosting» participe à une culture de l’évitement et de l’individualisme, où l’on privilégie ses propres intérêts au détriment des relations. Il nourrit une forme de déshumanisation, transformant les relations en simples transactions ponctuelles. Il est anti épanouissement social, professionnel et amoureux ! Un tue relationnel et relations par excellence ! Pour le contrer efficacement, il n’y a rien de mieux qu’une communication honnête qui reviendrait à exprimer ouvertement et de manière précise ses besoins, ses limites et ses priorités. Le réduire ce contre-productif «ghosting», c’est avant tout pratiquer la communication bienveillante qui se veut responsable et qui prend le temps de clôturer une relation ou un échange. Je recommande dans le pire des manquements à cette communication un message rapide pour expliquer un désengagement qui est préférable au silence total ou au pire des pires un message pour s’excuser de ce qui aurait pu devenir un «ghosting». Le réduire ce si peu souhaité et souhaitable «ghosting», c’est aussi cultiver l’empathie et se rappeler que derrière chaque interaction se trouve une personne avec des attentes et des émotions. Le réduire, c’est connaître ses limites, pour savoir jusqu’où on peut aller et jusqu’où on ne peut pas aller ! C’est communiquer honnêtement avec soi-même ! Le réduire, c’est d’abord et avant tout respecter ses engagements. Le respect de nos promesses renforce la confiance et la crédibilité dans le milieu professionnel et ailleurs ! Participer à restreindre cette tendance, c’est réhabiliter la responsabilité relationnelle et se souvenir que derrière chaque interaction se cache une opportunité de grandir, de comprendre et de bâtir des relations humaines durables et authentiques. Sinon, une question ?! Vous êtes plutôt «ghostés» ou «ghosteurs», ou les deux ?!