Le Mali vient de franchir une étape décisive dans sa lutte pour reprendre le contrôle de ses ressources naturelles. Le Pôle Économique et Financier du Mali a émis un mandat d’arrêt contre Dennis Mark Bristow, PDG de Barrick Gold Corporation, et Cheick Abass Coulibaly, Directeur général du complexe minier « Loulou – Gounkoto », les accusant de blanchiment de capitaux et de violations des règles financières de l’UEMOA entre 2019 et 2023. Cette annonce marque une intensification des tensions entre l’État malien et le géant canadien de l’or.
Une rupture consommée avec Barrick Gold
Depuis plusieurs mois, le gouvernement de transition malien, dirigé par Assimi Goïta, multiplie les actions pour restaurer sa souveraineté sur le secteur minier. Déjà, le 24 octobre, les autorités avaient menacé de retirer la licence d’exploitation de Barrick Gold pour non-respect des engagements pris dans un accord renégocié en septembre dernier. Ces manquements concernent notamment la responsabilité sociale et environnementale, ainsi que le respect des réglementations financières locales.
Un secteur minier en pleine réforme
Le Mali a récemment adopté un nouveau code minier visant à augmenter les redevances des entreprises étrangères et à renforcer la participation de l’État dans les projets miniers jusqu’à 35%. Actuellement, le complexe Loulo-Gounkoto, principal actif de Barrick Gold dans le pays, est détenu à 80% par la société canadienne, tandis que l’État malien ne contrôle que 20%. Cette disparité est l’un des points de discorde majeurs, Barrick s’étant opposée aux nouvelles dispositions législatives.
En parallèle, le Mali a finalisé en octobre la nationalisation de la mine d’or de Yatela, précédemment contrôlée par AngloGold Ashanti et Iamgold. Cette opération a permis à l’État de récupérer le contrôle total de ce site stratégique, autrefois partagé à 80% par des sociétés étrangères.
Une dynamique panafricaine contre les inégalités
Les récentes mesures maliennes s’inscrivent dans une tendance générale observée dans plusieurs pays africains, qui cherchent à redéfinir leurs relations avec les multinationales.
Il convient de rappeler que le directeur général de la société minière australienne Resolute Mining, Terry Holohan, ainsi que certains de ses collaborateurs ont également été arrêtés à Bamako le 8 novembre (libérés par la suite à la fin du mois de novembre), soupçonnés d’être impliqués dans une affaire de faux présumés et d’atteinte aux biens publics. Ces actions du gouvernement malien témoignent de sa volonté d’accroître son contrôle sur les ressources naturelles du pays.
Le Niger, l’un des pays membres de l’Alliance des États du Sahel, est également en train de renforcer sa souveraineté dans le secteur minier. Ainsi, début décembre, les autorités nigériennes ont pris le contrôle opérationnel d’une filiale du groupe français Orano (Somaïr), engagée dans l’exploitation minière d’uranium au Niger
Ces pays affirment leur volonté d’obtenir une part plus équitable des richesses générées par leurs ressources naturelles.
« L’or doit briller pour les Maliens »
Sous la direction d’Assimi Goïta, le Mali démontre sa détermination à faire respecter ses lois et à garantir que l’exploitation minière profite avant tout à sa population. Cette volonté reflète une prise de conscience croissante en Afrique de l’urgence à rééquilibrer les relations avec les entreprises occidentales, souvent accusées d’imposer des conditions de coopération inéquitables.
Les efforts maliens doivent être salués. À travers ces réformes et cette fermeté, le gouvernement de transition ouvre la voie à une gestion plus souveraine et équitable des ressources naturelles, afin que, désormais, l’or malien brille véritablement pour les Maliens.
Par Coulibaly Mamadou
CEEMO